Un candidat Ennahdha élu maire de Sfax, 2e ville de Tunisie

Un indépendant tête de liste du mouvement islamiste Ennahdha a été élu lundi maire de Sfax, deuxième ville du pays après la capitale Tunis, a indiqué à l'AFP le service de communication de cette municipalité.  Mounir Elloumi, un architecte quinquagénaire, a été élu par 22 voix sur 41 lors de la première réunion du conseil au siège de la municipalité de Sfax, a-t-on ajouté.  Ennahdha est le deuxième parti au pouvoir en Tunisie, derrière Nidaa Tounès. 

L'élection des présidents des 350 municipalités tunisiennes a commencé lundi, soit plus d'un mois et demi après le premier scrutin municipal organisé depuis la révolution en 2011. Celle de Tunis est prévue le 3 juillet. Ces dirigeants locaux élus pour la première fois librement disposent de pouvoirs plus étendus que leurs prédécesseurs, mais encore mal connus, car la loi définissant leurs prérogatives n'a été adoptée que dix jours avant le scrutin.  

Lors des municipales du 6 mai, marquées par une forte abstention, les listes indépendantes sont arrivées en tête avec 2.373 sièges (sur un total de 7.212), le parti Ennahdha a obtenu 2.139 sièges et Nidaa Tounès 1.600 sièges, selon les résultats officiels. Mais dans la plupart des villes, aucun parti n'a la majorité requise pour élire seul le maire. 

Les négociations se poursuivent à Tunis, où Ennahdha est arrivé en tête mais sans majorité, avec 21 sièges sur 60, tandis que le parti présidentiel Nidaa Tounès, avec lequel il est allié sur le plan national, en a obtenu 17.

Souad Abderrahim, la candidate Ennahdha pour la capitale, a réaffirmé cette semaine sa volonté de devenir la première femme maire de Tunis. Ces élections sont cruciales pour enraciner la démocratie, et lancer la décentralisation du pouvoir prévue par la Constitution. 

Pour le chercheur Michaël Ayari, analyste en chef pour le groupe de résolution de conflit International Crisis Group (ICG) "si Ennahdha et Nidaa renforcent leur consensus (pour se partager les mairies, NDLR), ils vont créer beaucoup de déception parmi les électeurs dont beaucoup ont voté contre cette hydre à deux têtes" monopolisant le paysage politique. Mais "s'ils ne le font pas, cela augure d'une période de tensions politiques qui vont monter crescendo jusqu'en 2019", date à laquelle sont prévues des élections législatives et présidentielle, avait-il souligné à l'AFP.