Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Conflit

Qui a frappé les forces loyalistes dans l’Est syrien ?

Damas et ses alliés accusent Washington d’avoir mené sur Boukamal des frappes ayant fait 52 morts parmi leurs combattants, mais un responsable américain affirme que l’opération avait été menée par Israël.

Des pièces d’artillerie syriennes près de Boukamal, le 10 novembre 2017. Stringer/AFP

Les forces loyalistes syriennes et leurs alliés ont subi des pertes importantes suite à des frappes aériennes dans l’est du pays, dans la nuit de dimanche à lundi. Selon le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, « cinquante-deux combattants, dont 30 Irakiens et 16 Syriens, y compris des soldats et des membres de milices loyalistes », ont été tués, tandis que la nationalité de six combattants n’était pas encore connue hier. Le régime syrien a aussitôt pointé du doigt la coalition dirigée par les États-Unis formée en 2014 pour lutter contre l’État islamique. La coalition « a attaqué l’une des positions de l’armée arabe syrienne dans le sud-est de la campagne de Deir ez-Zor, faisant des victimes » dans la ville d’al-Hiri, a rapporté hier l’agence de presse officielle syrienne SANA. L’alliance est présente à l’est de l’Euphrate et dispose notamment d’une base militaire près de la ville d’al-Tanf, près de la frontière irakienne, depuis 2016. Des drones « probablement américains » ont aussi bombardé des positions de groupes irakiens entre Boukamal et al-Tanf, a déclaré à l’agence Reuters un commandant de l’alliance militaire qui soutient le président syrien Bachar el-Assad.

L’information a ensuite été complétée par le Hachd el-Chaabi (Forces de mobilisation populaire), une milice paramilitaire irakienne obligée de Téhéran, l’un des parrains de Damas sur le terrain, aux côtés de Moscou. « À 22 heures la nuit dernière, un avion américain a frappé un quartier général des Forces de mobilisation populaire défendant la bande frontalière avec la Syrie à l’aide de deux missiles téléguidés, tuant 22 combattants et en blessant 12 autres », affirme le groupe dans un communiqué. Selon la milice, les troupes visées se situaient à « 700 mètres à l’intérieur du territoire syrien (...), au nord de Boukamal », et leur mission est de contribuer à la lutte contre l’EI. L’organisation a précisé être implantée en Syrie « en raison du caractère désertique de la zone et pour des impératifs militaires afin d’empêcher les infiltrations terroristes en Irak ». Le groupe a rappelé avoir été déployé par les autorités irakiennes le long de la frontière poreuse avec la Syrie depuis l’annonce de la victoire sur l’EI proclamée en décembre par Bagdad.


(Lire aussi : Sur la ligne de front, avec les FDS déterminées à en finir avec le califat)


La deuxième fois en un mois
Alors que le Hachd el-Chaabi exige de Washington qu’il rende des comptes, le major Josh Jacques, porte-parole du commandement central américain, a affirmé à Reuters « qu’aucun membre de la coalition menée par les États-Unis n’a mené de frappe près de Boukamal ». Le bureau de presse de la coalition a pour sa part déclaré à l’AFP qu’« il n’y a pas eu de frappe de la part des forces américaines ou de la coalition dans cette zone », tout en ajoutant en revanche « être au courant de frappes (...) ayant tué et blessé des combattants de Kataëb Hezbollah », une force irakienne faisant partie du Hachd el-Chaabi et liée au puissant Hezbollah libanais.

C’est la deuxième fois en un mois que Washington dément être à l’origine de frappes contre les forces loyalistes malgré les accusations. Le 24 mai dernier, 12 combattants prorégime ont péri dans un raid aérien contre des positions de l’armée syrienne au sud de Boukamal. Les opérations américaines les plus récentes étaient néanmoins liées à des activités des troupes prorégime s’approchant trop près des zones d’influence de Washington et de ses alliés à l’est de l’Euphrate, de l’autre côté de la ligne de « déconfliction ». Ces nouvelles frappes sur Boukamal rappellent également celles lancées par Washington sur la ville de Deir ez-Zor en septembre 2016, qui avaient fait 62 morts parmi les troupes de Damas et plus de 100 blessés. « Les forces de la coalition croyaient qu’elles étaient en train de frapper une position de combat de Daech qu’ils suivaient depuis longtemps avec la frappe », s’était justifié le commandement central américain dans un communiqué. Dans la nuit du 7 au 8 février dernier, au moins 100 combattants prorégime avaient été tués par des frappes de la coalition dans la province de Deir ez-Zor en représailles à une attaque contre des positions des FDS. La coalition avait confirmé être à l’origine de l’attaque.


(Lire aussi : Les raids meurtriers de l’EI depuis la Badiya sont appelés à se répéter)


Enjeu stratégique
Alors que des zones d’ombre subsistent sur les raisons des frappes de cette semaine, elles pourraient être « un message officieux » pour dissuader les troupes syriennes de traverser l’Euphrate, et « montrer qu’à terme, les États-Unis se montrent toujours menaçants dans la région », explique à L’Orient-Le Jour Fabrice Balanche, chercheur visiteur au Washington Institute for Near East Policy et spécialiste de la Syrie. Pour l’instant, « les Américains nient en attendant de trouver les éléments de réponse appropriés », estime-t-il. L’opération nocturne entre dimanche et lundi « n’entre pas dans le cadre du mandat américain : elle ne concerne pas la lutte contre l’EI et les troupes américaines n’étaient pas menacées », ce qui aurait alors pu la justifier, observe M. Balanche.

La présence américaine à l’est de l’Euphrate présente un intérêt stratégique pour Washington allant au-delà de la lutte contre l’EI, dans une région riche en pétrole indispensable à la viabilité du régime. La domination américaine dans cette région est un moyen de faire pression sur le régime à moindre frais.

Maintenir une position à la frontière irako-syrienne lui permet aussi de couper le corridor chiite mis en place dans la région par Téhéran, ennemi juré de l’administration américaine. La République islamique, qui cherche à étendre son influence dans la région, emploie notamment des mercenaires iraniens et étrangers pour venir appuyer Damas sur le terrain. « Il y a une volonté claire des Américains de vouloir se maintenir dans la zone » face à Téhéran, « cela fait partie du non-dit de la présence américaine en Syrie », souligne M. Balanche. Hier dans la soirée, un responsable américain a toutefois affirmé à la chaîne CNN que les frappes en Syrie ont été menées par Israël. Si l’information est avérée, ce serait la première fois que l’État hébreu frapperait l’est de la Syrie, alors qu’il vise régulièrement des cibles iraniennes dans la partie ouest du pays. La cible des frappes accrédite en partie cette possibilité, d’autant qu’Israël pourrait profiter ainsi du fait de ne pas avoir besoin de l’accord russe pour mener ses opérations. Cela constituerait toutefois un tournant par rapport au cadre de l’intervention israélienne en Syrie et démontrerait que l’État hébreu ne se satisfait pas du retrait iranien dans le sud du pays. 

Interrogé plus tôt dans la journée à ce sujet par Reuters, une porte-parole de l’armée israélienne a déclaré que Tsahal ne ferait « aucun commentaire » sur les informations de l’OSDH et des médias syriens.

Les forces loyalistes syriennes et leurs alliés ont subi des pertes importantes suite à des frappes aériennes dans l’est du pays, dans la nuit de dimanche à lundi. Selon le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, « cinquante-deux combattants, dont 30 Irakiens et 16 Syriens, y compris des soldats et des membres de milices...

commentaires (2)

BIBI QUE DIABLE ! TOUT LE MONDE LE SAIT !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 15, le 19 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • BIBI QUE DIABLE ! TOUT LE MONDE LE SAIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 19 juin 2018

  • tous des terroristes

    George Khoury

    06 h 50, le 19 juin 2018

Retour en haut