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Moyen Orient et Monde - Syrie

Les raids meurtriers de l’EI depuis la Badiya sont appelés à se répéter

Pour les analystes, les jihadistes ont une fois de plus confirmé leur capacité à se projeter à partir des quelques poches qu’ils possèdent encore.

Alors que les combats se poursuivent en Syrie et que l’EI semble à nouveau capable d’être meurtrier, dans le camp de déplacés de Zaizon, à Deraa, des enfants jouent au football et se rêvent en Messi, Ronaldo et compères, à la veille de l’ouverture de la Coupe du monde. Alaa al-Faqir/Reuters

Le groupe État islamique a perdu la plus grande partie de ses territoires en Syrie, mais les récentes attaques meurtrières menées depuis le désert (Badiya) contre les forces prorégime constituent un mode opératoire appelé à se répéter, estiment les analystes.
Bien que l’EI ait perdu tous les centres urbains de l’Est syrien, une série d’attaques-surprise ces dernières semaines ont tué des dizaines de combattants du régime et de ses alliés dans cette région. L’EI a même pénétré vendredi dernier dans la ville de Boukamal, à la frontière irakienne, à l’issue de dix attaques-suicide concomitantes, opération jihadiste la plus importante depuis des mois. Le groupe ultraradical en a finalement été chassé 72 heures plus tard. Chassés de toutes les villes autrefois sous leur contrôle, les jihadistes ont une fois de plus confirmé leur capacité à se projeter à partir des quelques poches qu’ils possèdent dans le désert syrien.
 « Quand le régime (de Damas) ou le gouvernement irakien ont déclaré qu’ils étaient capables de vaincre l’EI, il s’agissait d’une déclaration très inexacte », dit Nawar Oliver, analyste militaire à l’institut Omran, basé en Turquie. Le régime et ses alliés ont été en mesure « de vaincre l’EI dans les villes – comme à Deir ez-Zor, Boukamal, Mayadine et Palmyre –, mais ils n’ont pas réussi à se débarrasser de lui dans le désert. C’est désormais leur principal problème », ajoute-t-il.

Énorme casse-tête
L’armée syrienne, soutenue par la Russie, a repris ces zones urbaines l’an dernier, les trois premières dans la province de Deir ez-Zor et la dernière dans celle de Homs. « Des attaques continueront d’être lancées depuis le désert, en ciblant les oléoducs, les principaux axes routiers, les passages frontaliers, ce qui constituera un énorme casse-tête » pour le pouvoir syrien, avance M. Oliver. Le poste frontalier près de Boukamal est pour l’instant contrôlé par les forces syriennes et irakiennes, mais, selon le militant Omar Abou Leila, originaire de la province de Deir ez-Zor, il existerait une coordination entre jihadistes de l’EI des deux côtés de la frontière.
Pour l’analyste Hassan Hassan, directeur de l’institut Tahrir, les jihadistes miseraient dans les années à venir sur leur maîtrise du vaste désert syrien et des zones irakiennes adjacentes. « L’est de la Syrie et le nord-est de l’Irak continueront d’être le ventre mou (...) où l’EI interviendra encore pendant de nombreuses années », dit-il. « Le groupe connaît très bien la région, a établi une infrastructure d’insurrection dans les déserts, les vallées fluviales et les zones rurales qui s’étendent des provinces de Kirkouk et Diyala, en Irak, à la région de Qalamoun, près de Damas », poursuit-il. Ses ennemis sont incapables de « sécuriser ces zones de manière durable », affirme encore M. Hassan.
Dans la province de Deir ez-Zor, les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par les États-Unis, luttent également contre les jihadistes à l’est de l’Euphrate, fleuve qui coupe la province en deux. Mais, ces dernières semaines, les jihadistes ont concentré leurs attaques sur la rive occidentale, où sont stationnées les forces prorégime, car elle constitue la porte d’entrée vers leur bastion désertique dans la province voisine de Homs, précise Nawar Oliver.

Cibles faciles
Ces offensives ont augmenté depuis l’évacuation de l’EI de son dernier fief dans la capitale Damas, le mois dernier, beaucoup de combattants ayant été transférés vers le vaste désert de l’Est syrien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les positions militaires des forces loyalistes y sont des « cibles faciles », car elles sont peu nombreuses et éloignées les unes des autres, ce qui retarde, le cas échéant, l’arrivée de renforts, affirme l’OSDH. Les victimes de ces attaques-surprise sont aussi bien des soldats syriens que des combattants russes, iraniens et libanais.
En outre, l’EI possède encore quelques cellules dormantes dans le nord-ouest et le sud-ouest de la Syrie. La semaine passée, une attaque a révélé sa présence dans la province de Soueida, où 25 combattants prorégime ont péri. Et l’une de ses cellules a exécuté des jihadistes rivaux dans la province d’Idleb.
Le groupe jihadiste est par ailleurs la cible d’une offensive lancée par les FDS et la coalition internationale anti-EI dans la province de Hassaké. Les combats au sol sont appuyés par des raids aériens intensifs ciblant des positions de l’EI, non sans engendrer des victimes civiles, dont dix tués hier, selon l’OSDH. Dans cette région, une poche de l’EI abrite des combattants et responsables de haut rang, d’où la résistance acharnée des jihadistes, précise M. Oliver.
Alice HACKMAN/AFP

Le groupe État islamique a perdu la plus grande partie de ses territoires en Syrie, mais les récentes attaques meurtrières menées depuis le désert (Badiya) contre les forces prorégime constituent un mode opératoire appelé à se répéter, estiment les analystes.Bien que l’EI ait perdu tous les centres urbains de l’Est syrien, une série d’attaques-surprise ces dernières semaines...

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