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Culture - Musique

Zeid and the Wings prend son envol dans un concert sans maquillage

Le trio s’est produit sur l’esplanade du musée Sursock lundi soir*. Portrait d’un groupe qui donne un nouveau souffle à la scène arabe.

Gihan el-Hage, Zeid Hamdan et Marie Abou Khaled, sur les escaliers du musée Sursock. Photo Michel Sayegh

Ils auraient dû ramener la guitare sur la plage, c’est finalement sous les palmiers du musée Sursock qu’elle a vibré. Avec la légère brise qui soufflait, on s’y serait cru pourtant : aériennes, les voix de Gihan el-Hage et de Marie Abou Khaled se mêlaient à celle de Zeid Hamdan, comme pour clore en douceur une chaude journée de juin.

Quand on lui demande pourquoi il a choisi le nom de son groupe, Zeid Hamdan répond avec un sourire presque enfantin et des yeux qu’on devine pétiller derrière les verres fumés de ses lunettes : « Les musiciens qui m’accompagnent m’élèvent. » Zeid and the Wings, donc. Pour eux trois, l’histoire commence il y a une dizaine d’années. C’est d’abord la rencontre de Gihan el-Hage, qui accompagnera Hamdan sur les scènes et dans les tournées, avec les autres artistes passés par le collectif, tout jeune alors, qui bien vite devient une référence de la scène libanaise underground. C’est, ensuite, celle de Marie Abou Khaled, rencontrée en studio il y a un an et demi, et dont la voix, à peine entendue, émeut Zeid Hamdan : une autre aile vient de pousser, l’équilibre est trouvé. Depuis, ils cheminent ensemble, entre Beyrouth et Londres, où Marie Abou Khaled achève des études de musique.

Entre les titres, où l’arabe libanais est mis à l’honneur, l’anglais fait parfois irruption, signe peut-être de ces parcours croisés, où la langue toujours est vecteur d’identité, souvent à reconstruire. « J’écris en arabe, avec toute la maladresse que ça implique, et qui est le fruit d’années de déracinement : nous parlions français à la maison, et j’ai eu le complexe d’avoir perdu mon identité, d’avoir perdu ma langue », explique Zeid Hamdan, qui revendique aujourd’hui son « mauvais arabe », dont les incartades racontent par leur forme même une part de l’histoire libanaise. L’autre part, elle le sera par des chansons où la narration s’associe à l’allégorie pour dépeindre l’état des sociétés à échelle humaine : les révolutions arabes seront évoquées à travers une histoire d’amour impossible, la colonisation française à travers ses soldats désœuvrés qui traînaient dans les bars le soir. Zeid Hamdan écrit, passe stylo et micro à Marie Abou Khaled parfois, et Gihan el-Hage harmonise : le trio travaille de concert, dans une ambiance qu’ils décrivent comme euphorique, presque thérapeutique – assurément cathartique.

New pop arabe
« C’est une sorte de nouvelle pop acoustique arabe », finiront-ils par lâcher : la catégorisation importe peu, on est sur le terrain en friches de la langue arabe et de sa scène encore trop peu connue. Les influences sont éclectiques : aussi bien David Bowie qu’Alaa Wardi ou Maii Waleed. Surtout, il s’agit de se concentrer sur ce qui se crée dans la région. Eux se considèrent comme « les explorateurs d’un style », dont le rythme reste à inventer, faute de modèles.
À Sursock, ils ont fait le choix de la sobriété, avec un « concert sans maquillage », en acoustique : une guitare seule accompagnait les trois chanteurs, façon de remettre la voix au centre. « Les arrangements ont toujours une époque, un temps donné. Là, ça ne vieillit pas, c’est très organique, comme un concert bio! » explique Zeid Hamdan. On peut pourtant regretter que cette nouvelle voix de la musique arabe soit surtout masculine, et en vienne souvent à éclipser celle des deux « ailières », dont le timbre aurait aussi beaucoup à nous dire.
Sans doute faudra-t-il donc attendre septembre et la sortie de l’album solo de Marie Abou Khaled pour y goûter plus franchement.


*Zeid and the Wings (Gihan el-Hage, Marie Abou Khaled, Zeid Hamdan), en partenariat avec Lebanese Alternative Learning, musée Sursock, Beyrouth.


Pour mémoire

Zeid Hamdan, citoyen du monde




Ils auraient dû ramener la guitare sur la plage, c’est finalement sous les palmiers du musée Sursock qu’elle a vibré. Avec la légère brise qui soufflait, on s’y serait cru pourtant : aériennes, les voix de Gihan el-Hage et de Marie Abou Khaled se mêlaient à celle de Zeid Hamdan, comme pour clore en douceur une chaude journée de juin.Quand on lui demande pourquoi il a choisi le...

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