La formation du gouvernement reste dans les délais acceptables, s’entendent à dire les parties politiques, qui rappellent les précédents de cabinets dont la genèse s’est étalée sur plusieurs mois. L’ossature du cabinet de trente est prête, mais sujette à des remaniements, notamment pour ce qui est de la part des Forces libanaises (FL), d’une part, et celle des figures sunnites opposées au courant du Futur, de l’autre.
S’agissant d’abord de la part des FL, que le Courant patriotique libre (CPL) tendait à réduire, le parti de Samir Geagea serait disposé à accepter quatre portefeuilles, dont la Justice, selon des sources concordantes.
Lors de l’entretien dimanche dernier entre les ministres Melhem Riachi et Ghattas Khoury, les FL se seraient toutefois vus proposer trois portefeuilles, selon des informations démenties par les milieux de ce parti. Ils disent en tout cas s’attarder sur la nature des portefeuilles plus que sur leur nombre.
Selon nos informations, ce sera soit quatre portefeuilles pour les FL, soit trois, avec la vice-présidence du Conseil et la Justice. Le premier cas de figure conduira soit à réduire de dix à neuf ministères (sur les quinze attribués aux chrétiens) la part du chef de l’État et du CPL réunis, soit à exclure les Kataëb du gouvernement, sachant que la représentation des Marada par un portefeuille est désormais acquise. La participation des Kataëb, avec lesquels le Premier ministre prévoirait d’entamer les négociations à son retour de Moscou, serait vue d’un bon œil par le chef de l’État, selon nos informations. Mais le parti de Samy Gemayel n’aspirerait pas outre mesure à l’intégration du cabinet, disent ses milieux.
On notera que la place n’est pas laissée, parmi la quote-part chrétienne, à un député du Parti syrien national social. Sa seule chance d’être représenté au sein du cabinet serait de se voir concéder un ministère sur la part de six réservée à la communauté chiite, que le Hezbollah et Amal ont toutefois convenu de se partager d’une manière égalitaire.
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Du reste, les négociations ayant pour objectif, par-delà un portefeuille de plus ou de moins dans une quote-part, de tester la capacité des différents protagonistes à influer sur le cours des négociations, les rumeurs sont légion dans le cadre de la hausse des enchères, comme hier une rumeur sur l’aspiration des FL à obtenir l’un des quatre portefeuilles régaliens.
Pour ce qui est de la participation des députés sunnites qui ne font pas partie du groupe du Futur, il y aurait de fortes chances que l’un d’eux intègre le cabinet, réduisant de six à cinq la quote-part des haririens.
En visite hier à Baabda pour transmettre au chef de l’État, Michel Aoun, un avant-projet de formation, Saad Hariri a dit s’en remettre à ce dernier, en réponse à une question sur la participation des sunnites indépendants : « Le cabinet d’expédition des affaires courantes inclut des ministres sunnites relevant du chef de l’État (Tarek el-Khatib, NDLR) et je n’ai aucun problème avec le président. » Le leader du courant du Futur était disposé à accepter, comme issue ultime, de renoncer à l’un des six portefeuilles en faveur d’un sunnite indépendant, tant que ce n’est pas une personnalité « trop provocatrice », c’est-à-dire d’allégeance syro-iranienne déclarée, selon des milieux du courant du Futur interrogés par L’OLJ. Il semble toutefois de plus en plus probable que le député de Tripoli Fayçal Karamé, pourtant perçu par les milieux haririens comme très hostiles à eux, soit intégré au cabinet. Selon nos informations, c’est le Hezbollah qui tenterait de forcer la main à Saad Hariri en faveur de M. Karamé, auquel Saad Hariri aurait opposé hier à Baabda une fin de non-recevoir jusqu’à nouvel ordre.
Malgré tout, Saad Hariri s’est dit « optimiste » hier à l’issue de son entretien avec Michel Aoun à Baabda, appelant « toutes les parties à faire quelques sacrifices et compromis ». Selon lui, l’avant-projet présenté au chef de l’État est « proche » de ce que Saad Hariri et Michel Aoun souhaitent, a dit le Premier ministre désigné.
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Joumblatt et la solidarité avec Hariri
Si la visite de Walid et Teymour Joumblatt à Riyad en fin de semaine dernière a porté un effet concret relatif au cabinet, c’est un engagement de principe de la part du chef du Parti socialiste progressiste à se tenir aux côtés de Saad Hariri sur les dossiers déterminants.
Du reste, c’est une nouvelle page qui s’est ouverte entre le Parti socialiste progressiste (PSP) et l’Arabie saoudite, après une longue période de froid – il s’agit de sa première visite depuis octobre 2015 – accentuée par des critiques adressées par Walid Joumblatt contre la politique saoudienne dans la région. L’entretien avec le prince héritier Mohammad ben Salmane a été décrit comme très positif par les deux parties. Dans un tweet hier soir, le député Teymour Joumblatt a déclaré qu’une « relation historique, solide et constructive a toujours prévalu entre le PSP et notre famille au sein du royaume d’Arabie ». Et d’ajouter : « Notre visite s’inscrit dans le prolongement d’une tradition qui se renouvelle avec le prince héritier Mohammad ben Salmane, dans l’intérêt de nos deux pays et celui de la nation arabe qui a besoin d’une renaissance (…) ».
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commentaires (9)
Vous vous etonnez? Pourquoi, le Hezb a bien IMPOSE Michel Aoun comme President. Alors? Il pourrait meme imposer tous les ministres qu'il veut...La blague!
IMB a SPO
14 h 41, le 12 juin 2018