Si la Syrie était un terrain de jeu, Israël aurait gagné la première manche face à l’Iran. Les récentes déclarations russes combinées aux derniers affrontements armés entre Téhéran et Tel-Aviv sur le terrain syrien font pencher nettement la balance côté israélien.
Parallèlement aux combats contre les insurgés pour soutenir le président syrien Bachar el-Assad, l’Iran tissait patiemment son réseau à travers le territoire syrien en établissant des bases d’entraînement et de renseignement. En ligne de mire, s’implanter durablement le plus près possible de la frontière israélienne. Téhéran aurait même souhaité construire une base navale à Tartous, une demande rejetée, semble-t-il, par Moscou.
Face à cette implantation systématique des Iraniens près de sa frontière, Israël a attaqué sans relâche ces derniers mois les bases et les installations des forces iraniennes en Syrie.
Rappelons qu’en 2015 déjà, un raid israélien sur le Golan syrien avait fait 12 morts : six militaires iraniens dont un général, et six combattants du Hezbollah.
Le jeu du chat et de la souris s’est poursuivi durant des mois. La multiplication des frappes aériennes israéliennes sur les bases iraniennes en Syrie, qu’elles soient au sud de Damas ou le fameux aéroport T4 situé dans la province de Homs, illustre l’accroissement des activités iraniennes dans ce domaine.
Les affrontements entre les deux ont culminé le 11 mai dernier, quand l’armée israélienne a frappé des dizaines de cibles militaires iraniennes en Syrie, en représailles au tir, par les forces iraniennes, d’une vingtaine de roquettes contre ses positions sur le Golan, démontrant son « écrasante » supériorité militaire ainsi que l’efficacité de ses services de renseignements, puisque, selon le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman, « toutes les infrastructures iraniennes en Syrie » ont été détruites. L’opération « Château de cartes » est décrite comme la plus importante opération aérienne israélienne en Syrie depuis 1974.
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La Russie
Parallèlement à ce succès militaire, les efforts diplomatiques d’Israël semblent aussi récompensés. Les initiatives continues du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour convaincre le président russe Vladimir Poutine de l’importance de la menace iranienne sur la sécurité d’Israël semblent finalement porter leurs fruits.
M. Netanyahu a commencé à amadouer le président russe dès septembre 2015. Martelant à chaque occasion que la présence iranienne en Syrie est une menace stratégique pour Israël, le gouvernement israélien a toutefois tenu à ne pas embarrasser les Russes sur le terrain. Outre le mécanisme de coopération instauré entre les deux armées, il est à noter que les raids israéliens n’ont pas visé les miliciens chiites pro-iraniens utilisés sur le terrain pour appuyer les frappes aériennes russes contre les rebelles. Les cibles israéliennes ont toujours été des installations militaires de drones ou de missiles, mais aussi des dépôts d’armes. Une manière de ne pas froisser les Russes.
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Le Sud syrien
En outre, Israël avait essayé en vain en novembre dernier d’imposer ses conditions sur l’accord de déconfliction qui a été signé entre la Russie, les États-Unis et la Jordanie concernant le Sud syrien. Les Israéliens demandaient à cette époque une zone tampon de 60 km entre sa frontière et les milices chiites pro-iraniennes. En fin de compte, seuls 20 km ont été retenus, au grand dam des Israéliens.
Dimanche dernier, des officiels israéliens ont laissé entendre que la Russie accepterait désormais les demandes de l’État hébreu, refusant,semble-t-il, la participation des milices chiites pro-iraniennes à la prochaine offensive syrienne pour reprendre Deraa. Moscou a également proposé de déployer des policiers russes à la frontière du Golan.
Hier, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), repris par le Haaretz, a affirmé que les troupes pro-iraniennes et les combattants du Hezbollah s’apprêtaient à quitter le sud de la Syrie, notamment les régions de Deraa et Quneitra, proches de la frontière nord d’Israël. Mais ces informations, toujours selon le journal israélien, ont été démenties par des officiels proches du régime syrien.
Parallèlement, la visite hier d’Avigdor Lieberman à Moscou pour rencontrer le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, avait pour principal sujet les tensions entre Israéliens et Iraniens en Syrie. « L’État d’Israël apprécie la compréhension de la Russie de notre crainte sécuritaire, particulièrement concernant la situation à notre frontière nord », a ainsi écrit M. Lieberman après son entretien d’une heure et demie avec son homologue russe.
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Le changement de la position russe est devenu palpable depuis les heurts entre Iraniens et Israéliens le 11 mai dernier, survenus suite à une énième rencontre entre MM. Netanyahu et Poutine. Ce dernier a bien fait comprendre quelques jours plus tard au président syrien convoqué à Sotchi que toutes « les forces armées étrangères (devraient) se retirer du territoire syrien ».
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a toutefois précisé cette semaine que seule la présence des troupes du régime syrien est justifiée à la frontière sud du pays, attenante à la Jordanie et Israël, selon l’agence de presse RIA.
Il est clair néanmoins que l’intérêt principal des Russes est la pérennité du régime de Bachar el-Assad. Moscou aurait ainsi calculé que les risques d’un conflit entre l’État hébreu et la République islamique sur le sol syrien pourraient déstabiliser Damas, anéantissant ainsi les efforts de la Russie qui était intervenue en Syrie en septembre 2015 pour appuyer le régime syrien au bord de l’effritement à cette époque. En effet, aujourd’hui, un conflit armé entre ces deux acteurs régionaux sur le sol syrien pourrait compromettre sérieusement les succès militaires des Russes qui tentent désormais de les traduire en percée politique.
Le deal que la Russie tente ainsi de faire accepter par les différents protagonistes ne concerne toutefois que le Sud syrien, alors qu’Israël refuse toute implantation militaire de l’Iran sur tout le territoire syrien, le Premier ministre israélien ayant réitéré cette semaine qu’« il n’y a pas de place pour la moindre présence militaire iranienne dans aucune partie de la Syrie ».
Reste à savoir si l’Iran accepterait les conditions russes, lui qui a payé un lourd tribut pour maintenir Bachar el-Assad au pouvoir. Dans l’attente du second round...
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pas grave pour vali fakih ,pas vraiment , pas encore . rien n'est encore joue. de ttes facons, il a maintenant assad dans sa GRANDE poche, le Liban dans l'autre, en attendant un revirement de situation... car de meme qu'il lui reste des poches a remplir, une Grande poche peut logiquement laisser fuire son contenu
10 h 06, le 02 juin 2018