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Économie - Focus

La Russie en quête d’investissements pour le 4e mandat de Poutine

Pour propulser la Russie au cinquième rang des économies mondiales, une croissance annuelle de 6 % est requise, selon l’ex-ministre des Finances Alexeï Koudrine. Photo Reuters

Sanctions, embargo, guerres commerciales... Malgré un contexte de plus en plus difficile pour les entreprises étrangères, la Russie s’est lancée hier, lors de son grand raout des affaires, en quête d’investissements dont elle a fort besoin, vu les objectifs fixés par Vladimir Poutine pour son quatrième mandat. Autrefois surnommé « Davos russe » vitrine des promesses d’un marché en plein boom, le forum économique international de Saint-Pétersbourg (Nord-Ouest), qui a commencé hier, s’est transformé au fil des ans en plate-forme pour le Kremlin pour marteler que la Russie reste ouverte aux investisseurs, malgré des relations toujours plus tendues avec les Occidentaux. Si les Américains et Britanniques se tiennent pour la plupart à distance, il a lieu cette année avec pour invités d’honneur le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, à la tête d’imposantes délégations d’entrepreneurs.
En apparence, le Forum se tient à un moment charnière pour la Russie. Son économie repart après deux ans de récession causée par les sanctions liées à la crise ukrainienne et la chute des cours du pétrole. Réélu pour un quatrième mandat, Vladimir Poutine a fixé d’ambitieux objectifs économiques. Il a demandé à son nouveau gouvernement des propositions pour propulser la Russie au cinquième rang des économies mondiales, contre la 12e actuellement, en injectant des dizaines de milliards d’euros. « Nous avons besoin de sources de capital (...). Pour cela, nous devons rendre l’économie plus transparente, a martelé à la même table la présidente de la Banque centrale russe Elvira Nabioullina. Les investissements directs doivent devenir une des sources principales de croissance. » « La Russie donne l’exemple par sa santé macroéconomique excellente, sa situation budgétaire et son inflation basse », l’a félicitée la patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde. « Néanmoins, il fut un temps où la Russie connaissait un taux de croissance très élevé, alors qu’il est actuellement de 1,5 % – 1,7 % selon nos prévisions. » « Ce n’est pas seulement à cause des sanctions ou du prix du pétrole », a-t-elle affirmé, indiquant qu’il était crucial de mettre en œuvre des réformes pour augmenter la productivité et diversifier l’économie.

« Prudence et même réticence »
Pour relancer la croissance, le ministre des Finances Anton Silouanov, récemment promu numéro deux du gouvernement, a annoncé la création en 2019 d’un fonds destiné à augmenter « massivement » les investissements publics dans les infrastructures, pouvant investir jusqu’à 3 % du PIB en six ans. Si le pays a besoin d’attirer les entreprises étrangères et faire augmenter les investissements étrangers, les espoirs de détente ont été douchés par des relations toujours plus mauvaises avec les Occidentaux, et notamment les très puissants Américains qui ont encore durci leurs sanctions cette année, créant un choc sur le marché russe.
Et les promesses du Kremlin ont été accueillies avec un certain scepticisme. D’une part, l’objectif de cinquième économie mondiale avait déjà été fixé à plusieurs reprises, sans résultat, en 18 ans de pouvoir de Vladimir Poutine. « Les pays occidentaux sont partagés. Il y a beaucoup de prudence et même de la réticence de la part des Britanniques et des Américains. Les Français et les Allemands en revanche ont une présence plus forte (...). La France a emmené beaucoup d’entreprises pour montrer leur présence et soutenir Macron dans sa tentative d’établir des liens avec la Russie », a déclaré à l’AFP Charles Robertson, analyste de Renaissance Capital. Selon lui, dans un contexte de population qui diminue, une croissance de 2 %, « ce n’est pas si mal et avec un coût du travail inférieur à celui de la Chine et une main-d’œuvre hautement qualifiée », la Russie devrait être selon lui une destination intéressante pour les entreprises, qui sont au forum plus de 1 400 venant de 70 pays.
Nombre de patrons de grandes entreprises sont venus afficher leur attachement à un marché de plus de 140 millions d’habitants, où elles ont investi massivement depuis le passage à l’économie de marché de 1991. Sont entre autres attendus des dirigeants de Boeing, Total, L’Oréal, Danone, Schneider Electric, Toyota, Kawasaki, Siemens, ou encore les pétroliers BP et Shell. Emmanuel Macron vient ainsi avec le message que non seulement le dialogue politique doit se poursuivre, mais aussi que les affaires avec la Russie, dont la France est l’un des principaux partenaires commerciaux, doivent continuer, dans le cadre des sanctions existantes.
Andrea PALASCIANO/AFP

Sanctions, embargo, guerres commerciales... Malgré un contexte de plus en plus difficile pour les entreprises étrangères, la Russie s’est lancée hier, lors de son grand raout des affaires, en quête d’investissements dont elle a fort besoin, vu les objectifs fixés par Vladimir Poutine pour son quatrième mandat. Autrefois surnommé « Davos russe » vitrine des promesses d’un...

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