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À La Une - société

En France, une dirigeante syndicale voilée au cœur d'une nouvelle polémique sur la laïcité

Interrogée samedi sur la chaîne M6 sur les manifestations étudiantes en cours contre une réforme de l'enseignement supérieur, Maryam Pougetoux, une dirigeante musulmane de l'Unef, apparaît la tête couverte d'un hijab. 

Maryam Pougetoux, présidente de l'UNEF Paris IV. Captuer d'écran M6

Après le burkini, les menus sans porc dans les cantines scolaires ou les crèches de Noël dans les mairies, la laïcité est de nouveau au cœur d'une polémique en France avec l'interview télévisée d'une responsable syndicale étudiante portant le foulard islamique à l'écran.

L'affaire illustre aussi les fractures de la gauche française sur son rapport à l'islam, d'autant que la personne concernée, Maryam Pougetoux, est une dirigeante musulmane de l'Unef (Union nationale des étudiants de France), un syndicat de gauche désormais accusé de renoncer au combat laïque et féministe.

La jeune femme, présidente de l'Unef à l'université Paris-Sorbonne, a été interrogée samedi sur la chaîne M6 sur les manifestations étudiantes en cours contre une réforme de l'enseignement supérieur. Sur l'image, elle apparaît la tête couverte d'un hijab (foulard islamique) ne laissant apparaître que l'ovale de son visage.

L'intervention aurait été banale dans certains pays européens. Mais pas en France où le principe de laïcité, ancré depuis 1905 par une loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, agite régulièrement le débat public autour de certaines manifestations publiques de la foi musulmane ou de l'héritage chrétien du pays.

De fait, l'interview de Maryam Pougetoux a aussitôt déclenché un torrent de réactions, poussant l'Unef à défendre via un communiqué la responsable, victime selon le syndicat d'une "islamophobie décomplexée".

Un commentaire en particulier sur les réseaux sociaux a déchaîné les passions. Il est l’œuvre de Laurent Bouvet, cofondateur du mouvement Printemps républicain et membre du conseil des sages de la laïcité. "A l'Unef, la convergence des luttes est bien entamée", a ironisé le politologue sous une image de Maryam Pougetoux, en référence à l'idée de certains militants selon laquelle tous les combats doivent s'agréger pour bousculer l'ordre établi. Le très militant Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a immédiatement dénoncé une "campagne de cyberharcèlement" et un "déferlement de haine raciste, sexiste et islamophobe". De son côté, l'Unef a demandé que l'université où Laurent Bouvet enseigne "rappelle à l'ordre" son professeur.


(Pour mémoire : Macron accusé d'atteinte à la laïcité)


"Islam identitaire"
Interrogé par l'AFP, l'intéressé continue pourtant à s'interroger sur le sens de ce foulard couvrant arboré par la jeune syndicaliste. "C'est de l'islam identitaire, c'est clair", estime le politologue. Il y voit le symptôme d'"une dérive de l'Unef qui, il y a encore quelques années, faisait des campagnes de communication où l'on voyait deux jeunes faire l'amour et défendait la laïcité". L'universitaire pointe aussi le besoin pour l'Unef de faire alliance, à des fins électorales, "avec des islamistes politiques qui défendent une vision conservatrice".

Le syndicat a présenté des listes électorales avec les Etudiants musulmans de France (EMF), une association qui est membre du mouvement Musulmans de France, réputé graviter dans la sphère d'influence de la confrérie islamiste des Frères musulmans.

Interrogée par l'AFP sur ces alliances, la présidente nationale de l'Unef, Lilâ Le Bas, les relativise en mettant en avant des collaborations "avec d'autres organisations confessionnelles sur les campus".

Mais d'anciens dirigeants historiques ne cachent pas non plus leur trouble. "Qu'une adhérente du syndicat décide de porter le voile (...), je peux l'admettre (...) mais qu'elle devienne porte-parole, cela n'est pas possible", écrit sur Facebook l'ex-député socialiste Julien Dray, animateur de l'Unef dans les années 80, alors succursale du Parti socialiste, notant que le syndicat s'est battu pour l'interdiction des signes religieux.

"Il y a un signal envoyé, celui d'un regain de religiosité", s'étonne aussi le député européen Emmanuel Maurel qui évoque une forme de "perte de repères" dans une partie de la gauche et à l'Unef, dont la tradition était d'être "laïque et universaliste".

La gauche française a l'habitude de se déchirer sur les questions liées à la religion, l'antisémitisme et en particulier l'islam dans un pays qui compte la plus importante population musulmane d'Europe et qui a été frappé par une vague d'attentats jihadistes ces dernières années.

Deux camps s'opposent entre les partisans d'une ligne intransigeante sur la laïcité et ceux qui ont tendance, selon Laurent Bouvet, à considérer uniquement les musulmans comme des "damnés de la terre".

Pour Abel Mestre, journaliste au Monde et bon connaisseur de l'Unef, "la question de la laïcité traverse toute la gauche: il n'y aucune raison" que le syndicat étudiant "soit épargné".



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Pourquoi pas en burka intégrale tant qu'on y est, comme ça on ne saura pas qui se cache dedans. Lorsqu'on est chez les autres, on doit se comporter comme ces autres. C'est l'abc de la logique et de la convivialité.

Un Libanais

11 h 57, le 16 mai 2018

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Commentaires (1)

  • Pourquoi pas en burka intégrale tant qu'on y est, comme ça on ne saura pas qui se cache dedans. Lorsqu'on est chez les autres, on doit se comporter comme ces autres. C'est l'abc de la logique et de la convivialité.

    Un Libanais

    11 h 57, le 16 mai 2018

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