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Moyen Orient et Monde - Nucléaire

Les Européens à la manœuvre pour tenter de sauver l’accord avec l’Iran

Téhéran exige des garanties pour maintenir ses engagements.

Le guide suprême iranien a insisté pour avoir des garanties solides pour ne pas sortir de l’accord nucléaire. Iranian supreme leader’s website/AFP

Les Européens ont entamé des discussions hier pour convaincre l’Iran de ne pas sortir de l’accord encadrant son programme atomique, seul rempart selon eux contre la prolifération nucléaire au Moyen-Orient après le retrait fracassant des États-Unis.
Le président français Emmanuel Macron, qui reste en première ligne dans ce dossier même s’il n’a pas réussi à infléchir la position de Donald Trump, s’est entretenu par téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani. Les deux chefs d’État sont « convenus de poursuivre leur travail commun (...) en vue de la mise en œuvre continue de l’accord nucléaire et de la préservation de la stabilité régionale », a indiqué la présidence française.
 « Nous allons respecter l’accord et nous ferons tout pour que l’Iran se tienne à ses obligations », a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel au lendemain du retrait américain.
Les chefs de la diplomatie des trois pays européens signataires de l’accord (France, Allemagne, Royaume-Uni) rencontreront en début de semaine prochaine leur homologue iranien Mohammad Javad Zarif, a précisé le ministre français Jean-Yves Le Drian.

« Garanties définitives »
Après le président iranien Hassan Rohani, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur les grands dossiers du pays dont le nucléaire, a réclamé des garanties solides et « réelles » des Européens pour rester dans l’accord.
 « Si vous ne réussissez pas à obtenir une telle garantie définitive – et je doute réellement que vous puissiez le faire –, à ce moment, on ne pourra plus continuer comme ça », a-t-il lancé au gouvernement iranien, en agitant le spectre d’une sortie iranienne qui ruinerait définitivement l’accord.
 « Je ne fais pas confiance » aux Européens, et « je doute réellement » qu’on puisse obtenir de leur part une « garantie définitive », a dit l’ayatollah Khamenei.
Mettant en cause lui aussi l’honnêteté des Européens, Ali Larijani, président du Parlement, a estimé que le retrait américain offrait toutefois à l’Europe une occasion de montrer « qu’elle a le poids nécessaire pour régler les problèmes internationaux ».
Mardi, Hassan Rohani avait déjà menacé de reprendre l’enrichissement d’uranium « sans limite » si les négociations avec les Européens ne devaient pas donner les résultats escomptés dans les « semaines à venir ».

Trump menace
Le président américain Donald Trump a menacé hier l’Iran de « conséquences très graves » s’il décidait de relancer son programme nucléaire. « Je conseille à l’Iran de ne pas relancer son programme nucléaire. Je leur conseille très vivement » de ne pas le faire, a déclaré M. Trump à la presse à la Maison-Blanche avant une réunion du cabinet. « S’ils le font, il y aura des conséquences très graves, OK ? » a-t-il ajouté en réponse à une question sur ce sujet.
Le texte conclu en 2015 vise à faciliter les échanges commerciaux avec l’Iran et à relancer son économie, en levant de lourdes sanctions internationales en échange d’un engagement de Téhéran à limiter ses activités nucléaires et à ne jamais chercher à obtenir la bombe atomique.
 « L’accord n’est pas mort », a martelé Jean-Yves Le Drian en mettant en garde contre un risque de « déflagration » et de « confrontations » si Téhéran se retire du compromis de 2015 et entraîne les autres pays de la région dans une course à l’armement atomique.
Londres a exhorté Washington « à éviter toute action qui empêcherait les autres parties de continuer à faire que l’accord fonctionne ». Il y va de « notre sécurité collective », a insisté le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, dans une allusion aux sanctions américaines.
Les États-Unis continueront de travailler avec leurs alliés pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, a déclaré hier le ministre de la Défense Jim Mattis. « Nous continuerons de travailler aux côtés de nos alliés et de nos partenaires pour faire en sorte que l’Iran ne puisse jamais acquérir l’arme nucléaire, et nous travaillerons avec d’autres pour faire face à l’influence néfaste de l’Iran », a dit M. Mattis à une commission du Sénat.

Montrer les dents
Les Européens vont devoir se livrer à une course contre la montre pour trouver les moyens de préserver leurs entreprises et répondre aux attentes des Iraniens. Mais de l’aveu même de responsables européens, le défi est énorme et la marge de manœuvre des Européens réduite. « L’accord est probablement impossible à sauver (...). Celui qui investit en Iran sera frappé de sanctions américaines, et c’est impossible à compenser », a estimé le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, la chambre des députés allemande, Norbert Röttgen.
Les Européens vont devoir « mettre de côté leurs divergences » sur l’Iran et, au risque d’exacerber les tensions transatlantiques, « montrer les dents » face aux États-Unis pour réduire l’exposition de leurs entreprises, a déclaré Ellie Geranmayeh, experte à l’European Council on Foreign Relations.
Malgré le retrait américain, Emmanuel Macron a relancé son initiative visant à travailler « collectivement » à un accord « plus large », portant sur les engagements nucléaires iraniens au-delà de 2025, le programme balistique de Téhéran et son influence régionale dans la région.
L’Iran se montre pour sa part très hostile à toute discussion en ce sens. Il va falloir aussi convaincre la Chine et la Russie de la nécessité d’un accord plus large alors que Téhéran respecte ses engagements de 2015.
 « Elles vont commencer par dire que ça ne va pas, qu’on viole l’accord nucléaire, mais ce sont des réalistes », esquisse un diplomate européen, qui s’attend à un « dialogue constructif » au moins avec Pékin. « Avec la Russie, il y aura un peu plus de travail à faire sans doute parce qu’elle est dans une posture plus rude vis-à-vis de l’Occident », anticipe-t-il.
L’Europe est désormais « en charge de garantir l’ordre multilatéral » mondial fragilisé, a ajouté le président français hier, alors que les tensions commencent à monter au Proche-Orient. Hier, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a prévenu que l’Arabie développera son propre arsenal nucléaire si l’Iran s’y emploie de son côté. Interrogé sur la chaîne américaine CNN sur l’éventualité que Riyad « construise sa propre bombe » si Téhéran utilisait le retrait américain de l’accord de 2015 pour reprendre son programme nucléaire, M. Jubeir a déclaré : « Si l’Iran se dote d’une capacité nucléaire, nous ferons tout notre possible pour faire de même. »

Source : AFP

Les Européens ont entamé des discussions hier pour convaincre l’Iran de ne pas sortir de l’accord encadrant son programme atomique, seul rempart selon eux contre la prolifération nucléaire au Moyen-Orient après le retrait fracassant des États-Unis.Le président français Emmanuel Macron, qui reste en première ligne dans ce dossier même s’il n’a pas réussi à infléchir la...
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