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Économie - Focus

Trump a déjà fait beaucoup de mal à l’économie iranienne

Le retrait, hier, des États-Unis de l’accord nucléaire devrait aggraver la situation.

La décision de Donald Trump de sortir de l’accord nucléaire iranien marque un cuisant revers pour les Européens qui ont déployé d’intenses efforts diplomatiques pour convaincre le président américain de ne pas jeter ce texte aux orties. Photo Reuters

La réimposition de nouvelles sanctions américaines à l’Iran, annoncée hier soir par Donald Trump en sus d’un retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien nuira certainement à son économie, mais celle-ci souffrait déjà cruellement de l’incertitude entretenue depuis des mois par le président américain à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, ainsi que de problèmes internes.
Depuis la levée d’une partie des sanctions internationales permise par l’accord nucléaire de Vienne, l’Iran n’a véritablement signé en 2017 qu’un seul accord majeur dans le domaine pétrolier, avec le français Total associé au chinois CNPC, pour un investissement de 5 milliards de dollars. Mais si Total est revenu en Iran, son maintien pourrait être remis en cause par l’annonce de M. Trump de son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien.
Hier soir, après l’annonce de M. Trump, Airbus a indiqué qu’il allait examiner la décision américaine avant de réagir. « Nous analysons attentivement cette annonce et évaluerons les prochaines étapes en cohérence avec nos politiques internes et dans le respect complet des sanctions et des règles de contrôle des exportations », a dit le responsable de la communication d’Airbus, Rainer Ohler. « Cela prendra du temps », a-t-il ajouté.
Le rétablissement des sanctions américaines liées au programme nucléaire iranien est effectif « immédiatement » pour les nouveaux contrats, a affirmé hier le conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises déjà engagées en Iran auraient, elles, quelques mois pour en « sortir ».

« Investissements sur pause »
Même avant l’annonce du retrait américain de l’accord, du fait même du maintien de sanctions américaines contre l’Iran – non liées au nucléaire – les banques européennes restaient pétrifiées à l’idée de faciliter des transactions avec la République islamique, alors même qu’elles étaient encouragées par les gouvernements de leurs pays respectifs à le faire. « Les Iraniens n’avaient pas du tout prévu que les États-Unis feraient de la surenchère sur les banques », note un entrepreneur étranger. Après la signature de l’accord nucléaire, l’Iran a collectionné des promesses d’investissements. Mais selon la Banque mondiale, le montant net des investissements directs étrangers en Iran a atteint 3,4 milliards de dollars en 2016. Alors que le président iranien Hassan Rohani en visait 50 milliards. Pour les Iraniens, l’accord est un « véritable désenchantement », estime Ardavan Amir-Aslani, avocat franco-iranien, cofondateur du cabinet parisien Cohen Amir-Aslani, représenté à Téhéran depuis 2016. « Ils peuvent vendre leur pétrole, d’accord, mais c’est tout juste suffisant pour payer les fonctionnaires et entretenir les infrastructures », dit-il à l’AFP, « tous les investissements sont sur pause ».

Fuite des capitaux
Les difficultés persistantes de l’économie pèsent sur le cours du rial iranien, et l’incertitude créée par M. Trump au cours des derniers mois a entraîné une forte spéculation contre la devise iranienne qui, en un peu plus de six mois, a perdu près de 40 % de sa valeur par rapport au dollar. Cela a entraîné une forte inflation et contraint les autorités à mettre fin au libre flottement de la monnaie nationale. Les chiffres sont impossibles à vérifier, mais plusieurs analystes et officiels parlent d’une fuite des capitaux hors d’Iran comprise entre 10 milliards et 30 milliards de dollars en quelques mois.
Toutes les difficultés économiques que connaît l’Iran ne sont cependant pas liées à M. Trump. La crise du système bancaire, la faiblesse du secteur privé dans une économie largement étatisée et le chômage de masse qui frappe la jeunesse ne datent pas d’hier. La vague de contestations sanglante qui a touché le pays autour du Nouvel An est venue rappeler au pouvoir qu’il était urgent de trouver des remèdes à ces maux. Dans un article récent, Djavad Salehi-Isfahani, professeur à l’université américaine Virginia Tech, estime que l’équipe de M. Rohani « s’est avérée incapable de répondre aux problèmes économiques croissants ».
Après la décision de M. Trump, les efforts de M. Rohani pour ouvrir davantage l’économie à la libre entreprise et au monde pourraient néanmoins être « stoppés net » et la vision des ultraconservateurs, partisans d’une « économie de résistance » tournée sur elle-même et sérieusement contrôlée par les autorités, pourrait selon lui alors s’imposer.

Source : AFP

La réimposition de nouvelles sanctions américaines à l’Iran, annoncée hier soir par Donald Trump en sus d’un retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien nuira certainement à son économie, mais celle-ci souffrait déjà cruellement de l’incertitude entretenue depuis des mois par le président américain à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, ainsi que de...

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Mais comment ils font à payer le Hezbollah ?

Eleni Caridopoulou

20 h 50, le 25 juin 2018

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Commentaires (1)

  • Mais comment ils font à payer le Hezbollah ?

    Eleni Caridopoulou

    20 h 50, le 25 juin 2018

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