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Culture - PHOTOGRAPHIE

Dans les yeux de Cy Twombly, toutes les poésies que l’on aime...

Il reste une semaine pour admirer le travail photographique de l’artiste américain au musée Sursock.

« Untitled », Cy Twombly, 2002, impression à sec avec couleurs, édition 4/6, 47,1 x 44 cm. ©Fondazione Nicola Del Roscio, courtesy Gagosian

Connu pour ses couleurs et ses coulures, pour son geste abstrait et son trait défait, Cy Twombly – né en 1928 et disparu en 2011 – imprégnait déjà ses gigantesques toiles de sa personnalité complexe. Érudit et sensible, timide et solitaire, l’artiste contemporain, proche de Robert Rauschenberg, a attendu les années 90 pour dévoiler à New York un savoir-faire longtemps conservé dans l’ombre tel un petit jardin secret. À travers cet accrochage au musée Sursock, composé de trente polaroïds pris entre 1985 et 2005 et dont la variété manifeste la représentativité, on (re)découvre les sources d’inspiration ayant façonné l’esthétique de toute son œuvre. Du Black Mountain College à Rome en passant par son petit village italien de Gaète, des natures mortes aux paysages en passant par des compositions épurées.


Théoricien de l’art

Impression à sec (dry print) et agrandissement sont à l’origine du rendu pigmentaire particulier et de l’aspect texturé de ces instantanés. Une technique originale laissant une large place à l’imprévu et à la spontanéité. Les formes et les couleurs sont soumises à des distorsions dont les flous artistiques insufflent une dimension poétique, presque onirique. Ainsi, ses séries oscillent sans cesse entre le tangible et l’indicible. L’évolution de perception entre les différentes prises de la série Lemons (2005) réalisée à Gaète, ou encore de la série Tulips (1985) faite à Rome, interroge le champ des possibles variations autour d’un même thème. 

C’est cela, Cy Twombly. Un regard davantage attiré par les détails saugrenus des choses déchues que par la complexité de la superficialité. De la simplicité, il s’attache à révéler la beauté. Celle d’un chou flétri par la chaleur, celle des pétales de fleurs séchées ou encore celle de la candeur des sculptures antiques. Tant l’on est plongé dans son environnement – que l’on comprend comme étant le fruit premier de son imagination – que l’on assiste à sa propre mise à nu. Les natures mortes avoisinent alors les plages méditerranéennes, tantôt sous une lumière rosée, tantôt habitées d’éventuels vacanciers, jouant des coudes avec les prises de détail de son atelier.

Jeux de lumière et de couleur sont l’empreinte de son style, lui qui toute sa vie, à travers son art, n’a cessé d’interroger les frontières entre la peinture et la photographie. Roland Barthes, dans son essai lui étant consacré, déclare ceci : « Ce qu’il y a d’écriture dans l’œuvre de TW (Cy Twombly) naît de la surface elle-même. » Et la détermination imprécise du médium lorsque l’on est face à ces clichés trouve en cette phrase son explication. 

Enfin, comment juger cet artiste faisant partie des plus influents du XXe siècle, cette âme qui de l’enfance a gardé l’insouciance et de la lecture des anciens la hauteur d’esprit ? Qui connaît le travail de Cy Twombly sait qu’il ne s’abaisse pas aux jugements, les sentiments seuls étant gages de qualité. Alors, de la Virginie dont il est originaire à l’Italie, sa terre spirituelle, l’on oublie le support au profit de la nostalgie. Ou plutôt au profit d’une sorte de mélancolie heureuse, un léger frisson dans le ventre laissant du bout de nos lèvres s’esquisser un timide sourire, celui des bons souvenirs.


Musée Sursock

Cy Twombly : Photographs, jusqu’au 7 mai 2018.


Pour mémoire

Alexander McQueen et les peintures de Cy Twombly

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