Le président libanais, Michel Aoun, s'est adressé mercredi soir aux Libanais de la diaspora qui sont appelés à voter pour la première fois aux législatives le 27 avril dans les pays arabes et le 29 dans le reste du monde, alors que le scrutin sur le territoire libanais se déroulera le 6 mai, après neuf ans d'attente.
Lors d'un discours télévisé, le président Aoun a appelé les Libanais de la diaspora à participer en masse au vote, les mettant en garde contre les promesses électorales et les pots-de-vins que pourraient leur verser certains candidats.
En vertu de la nouvelle loi électorale, les 82 900 électeurs libanais de la diaspora s'étant préalablement inscrits sur les listes électorales sont appelés aux urnes vendredi dans six pays arabes, et dimanche dans 34 autres pays
"Libanaises et Libanais, au Liban et à l'étranger, vous êtes appelés à voter dans quelques jours, neuf ans après les dernières élections législatives. Durant ces neuf années, le Liban a été témoin de divers développements dominés par le terrorisme qui a frappé le Moyen-Orient mais que le Liban a pu surmonter (...)", a souligné le chef de l’État.
"Il était normal qu'après la présidentielle (de 2016) nous adoptions une nouvelle loi électorale pour les législatives, comme je l'avais promis dans mon discours d'investiture, qui assure une juste représentativité de toutes les composantes du peuple libanais (...) et qui accorde pour la première fois à la diaspora le droit de vote", s'est félicité Michel Aoun.
"Cependant, le revers de la médaille, comme souligné par presque tous les observateurs, consiste en un conflit qui a émergé entre les membres d’une même liste pour obtenir le vote préférentiel", fait remarquer le chef de l’État. "Ce fait n’est pas imputable à la loi en tant que telle, mais plutôt aux candidats eux-mêmes. En effet, la loi constitue le cadre qui offre aux électeurs la liberté de choix, alors que le conflit est dû à un manque de coopération entre les membres d’une même liste ou encore au fait qu’ils ne sont pas habitués à la concurrence positive".
"Incitation au fanatisme"
"Un autre point négatif, apparu récemment, est le déclin du discours politique, et le plus dangereux serait qu’il s’oriente vers l’incitation au fanatisme", a ajouté le chef de l’État.
Il s'est ensuite adressé aux candidats en lice, les appelant à "éviter de s'adresser aux instincts".
"Éloignez-vous de la mobilisation sectaire et confessionnelle ainsi que de l'incitation à la violence. Adressez-vous aux cerveaux des électeurs et non pas à leurs instincts. L’incitation au confessionnalisme est le premier pas vers la sédition. Ne la réveillez pas pour récolter un siège au Parlement", a-t-il plaidé.
Le président Aoun a ensuite appelé les électeurs à voter de manière responsable : "Faites en sorte que votre vote soit un gage de confiance et une véritable délégation, suivie d’une véritable responsabilisation. En effet, votre rôle ne se termine pas aux urnes, mais commencera à partir de là. Le succès de la gouvernance exige un véritable partenariat entre le peuple et ses représentants et requiert également une réelle responsabilisation de ces derniers s’ils commettent des erreurs ou s’ils ne se montrent pas à la hauteur de votre confiance. Ne renoncez pas à votre rôle, consacré et renforcé dans la nouvelle loi électorale".
"Ceux qui paient"
"Que votre vote aux élections soit gratuit et soit l’expression de la confiance que vous accordez à vos élus. Ne votez pas pour ceux qui paient ou vous offrent de l'argent parce que ceux qui vous achètent vous vendront et ceux qui vendent le citoyen vendront le pays tout aussi facilement", a insisté le président de la République. "Ne votez pas pour ceux qui paient parce que vous ne serez pas en mesure de les tenir pour responsables s'ils font des erreurs à l’avenir. Ne votez pas pour ceux qui paient et font preuve de générosité à votre égard, et rappelez-vous que la charité n'est pas saisonnière et ne doit pas seulement avoir lieu lors des élections. Ne votez pas pour ceux qui ont vendu et vendent la souveraineté à chaque occasion. (...) Évitez, ou même refusez et rejetez ceux qui fomentent les sentiments de confessionnalisme et de fanatisme parce qu’ils mettent en danger la stabilité du pays."
Et d'ajouter : "Mettez l’intérêt général du pays au-dessus des autres petits intérêts. Faites appel à votre conscience, puis choisissez, et votez aux urnes."
Le président Aoun s'est également adressé aux jeunes électeurs, qui pour nombre d'entre eux participeront pour la première fois à ces législatives. Il les a appelés à "ne pas être indifférents" à leur environnement politique et à "participer en masse" au scrutin.
Le chef de l’État a conclu son discours en rappelant aux Libanais de la diaspora qu'ils pouvaient désormais voter pour la première fois depuis leur pays de résidence. "Que votre participation soit l'expression de votre attachement et lien avec votre pays natal ainsi que de votre sincère volonté de contribuer à y apporter des changements", a insisté Michel Aoun.
"L'élection est un devoir national et le seul moyen de changement au sein de la démocratie. C'est un acte de présence, chers Libanais, alors ne vous effacez pas".
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commentaires (5)
Je ne souhaite pas être l'Oiseau de mauvais augure mais je ne peux pas résister au plaisir de rappeler que les élections de la diaspora telles qu'elles ont été organisées, seront une copie revue et corrigée, conformes aux élections du 25 mai 1947 de triste mémoire de Béchara el-Khoury. Electeur kesrouanais de Paris, je ne participerai pas à cette mascarade.
Un Libanais
14 h 41, le 26 avril 2018