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Liban - Jbeil

« La victoire de Zeaïter à Jbeil léserait les chrétiens à 200 % », avertit Mahmoud Awad

Les FL et le CPL sont davantage préoccupés par leurs poids respectifs que par le résultat du candidat chiite.

Mahmoud Awad. Photo ANI

La compétition électorale dans la circonscription de Jbeil-Kesrouan (8 sièges à pourvoir : cinq maronites pour le Kesrouan, et un chiite et deux maronites pour Jbeil) ne fait que devenir de plus en plus fiévreuse. D’autant que la candidature de Hussein Zeaïter, un cadre du Hezbollah originaire de Baalbeck, au siège chiite de Jbeil continue à susciter de vifs remous dans les milieux politiques jbeiliotes. 

Pour nombre d’observateurs, la formation de Hassan Nasrallah entend mener M. Zeaïter à l’hémicycle coûte que coûte. D’où les pressions qu’exercerait selon eux le Hezb sur les électeurs chiites pour remporter la bataille électorale prévue le 6 mai. Et pour certains opposants à la formation de Hassan Nasrallah, une victoire de M. Zeaïter aurait une signification qui va au-delà de la représentation de la communauté chiite au Parlement à l’issue d’une consultation populaire. Il s’agirait d’une « atteinte à la dignité des Jbeiliotes », mais aussi d’une « tentative de modifier l’image de Jbeil et du Liban », pour reprendre les termes de Mahmoud Awad, ancien député et candidat au siège chiite sur la liste appuyée par les Forces libanaises. 

S’exprimant lors d’une rencontre électorale organisée samedi à Bejjé, M. Awad n’a pas mâché ses mots, mettant ouvertement en garde contre « le danger que représenterait une victoire de Hussein Zeaïter ». 


« Les clés de Bkerké et saint Charbel » 

Les remous qu’a suscités la candidature Zeaïter se sont accentués hier, à la faveur d’une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux et montrant Juan Hobeiche, président de la fédération des municipalités du Kesrouan, remettant la clé de cette région au candidat du Hezbollah (lire par ailleurs). 

Contacté par L’Orient-Le Jour, Mahmoud Awad estime que la candidature Zeaïter est un premier pas sur la voie de la modification de l’identité de Jbeil, et par le fait même, celle du Liban. « Il ne manquait plus que de lui offrir les clés de Bkerké et de la tombe de saint Charbel (à Annaya) », lance-t-il, avant de poursuivre : « La victoire du candidat du Hezbollah me léserait peut-être à 10 %. Mais elle léserait les chrétiens à 200 %. » 

Conscient de ce qu’il perçoit comme « un danger », Mahmoud Awad semble déterminé à mener la bataille jusqu’au bout. « Cela signifie que je fais mon devoir dans le cadre de ma lutte pour préserver l’image et l’identité du caza », souligne-t-il, insistant sur le fait que « la balle est surtout dans le camp des électeurs chrétiens ». 

Ce point de vue est également avancé dans certains milieux de la circonscription. On estime, en effet, que pour le Hezbollah, la compétition porte surtout sur la capacité de la liste qu’il a formée (qui compte dans ses rangs, entre autres, l’ancien ministre lahoudien des Télécoms Jean-Louis Cardahi) à obtenir le seuil électoral requis. D’où l’importance des choix de l’électorat chrétien majoritaire. 


(Lire aussi : Le piège du Hezbollah au Kesrouan)


La détermination des poids populaires… 

Sauf que les formations chrétiennes ne semblent pas partager le point de vue de Mahmoud Awad. Elles interprètent la candidature de Zaeïter comme un droit garanti par la Constitution qu’exerce un parti libanais. Ces formations préfèrent se focaliser surtout sur la bataille qui devrait les départager et faire connaître leurs poids respectifs. 

En dépit de l’opposition affichée par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, à la décision unilatérale du Hezbollah concernant la candidature de M. Zeaïter, un cadre CPL perçoit les choses sous un angle tout à fait différent. Interrogé par L’OLJ, il assure que « c’est aux chiites de choisir leur candidat à Jbeil comme ailleurs », et que « cela ne pose aucun problème au CPL ». Assurant que les rapports entre le parti de Gebran Bassil et celui de Hassan Nasrallah sont « très bons », il fait valoir que seuls des calculs politiques et électoraux ont entravé leur alliance à Kesrouan-Jbeil. Il insiste, par ailleurs, sur l’importance de la compétition électorale dans la mesure où elle déterminerait le poids de chaque parti chrétien. « Elle ne les oppose donc pas au Hezbollah, encore moins à son candidat. » 

De même, Fady Rouhana-Sakr, candidat à Jbeil sur la liste soutenue par les FL, estime que la candidature de Hussein Zeaïter n’est pas, en elle-même, le fond du problème. Celui-ci s’articule autour du communautarisme. « À Jbeil, nous assistons aujourd’hui à un partage confessionnel dangereux », déplore-t-il, avant d’ajouter : « Le problème ne concerne pas le Hezbollah et la candidature qu’il soutient, mais l’argent payé pour l’achat des voix pour exercer une pression sur les électeurs. »


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