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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Frappes en Syrie : et la Turquie dans tout ça ?

Les menaces occidentales n’affecteront pas, semble-t-il, Ankara, qui semble de plus en plus se poser en médiateur de la crise actuelle.

Les présidents iranien, Hassan Rohani, turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe Vladimir Poutine après un sommet sur la Syrie le 4 avril. Adem Altan/AFP

La Turquie se trouve dans une situation bien singulière. Depuis l’attaque chimique qui a visé Douma le 7 avril, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés, la communauté internationale accuse Damas d’en être responsable. Le régime de Bachar el-Assad est menacé de frappes de représailles par Washington, Paris et Londres, mais rien n’a été décidé jusque-là. La Russie et l’Iran, alliés indéfectibles de la Syrie, n’ont de cesse de mettre en garde contre un embrasement généralisé de la région. 

Et la Turquie dans tout ça ? Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit jeudi « préoccupé » du bras de fer qui oppose les différentes puissances étrangères. Partenaire des États-Unis au sein de l’OTAN, la Turquie, qui est hostile à Assad et soutient les rebelles, collabore étroitement avec la Russie et l’Iran dans la recherche d’un règlement du conflit syrien. 

Dès les premières nouvelles de l’attaque de Douma, un communiqué de la présidence turque a été publié, accusant directement le régime syrien de l’avoir perpétrée. Au cours des jours suivants, le président Erdogan a multiplié les appels téléphoniques, notamment avec ses homologues russe et américain. Mais dès le lendemain d’une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine lundi, le président Erdogan tempère ses propos. « Je maudis ceux qui ont commis ce massacre, quels qu’ils soient. Ceux qui ont commis ce massacre en paieront inévitablement le prix fort », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. Coïncidence ? Ce changement de ton survient alors que la Turquie a lancé, le 20 janvier, son offensive contre l’YPG (branche armée du PYD, pendant syrien du PKK kurde, indépendantiste) dans le Nord syrien, avec le feu vert de la Russie, dont les forces se sont retirées de la zone pour lui laisser le champ libre. Ankara a alors profité de sa position intermédiaire et du consentement russe pour prendre la ville kurde de Afrine, mettant Washington, soutien des Kurdes, en difficulté. « Cette stratégie se retourne un peu contre la Turquie, parce que, dès lors que les États-Unis reviennent de plain-pied dans le conflit avec l’ambition de frapper le régime syrien, la Turquie se retrouve prise entre son rapprochement avec Moscou et son alliance militaire avec Washington », estime Jean Marcou, directeur des relations internationales de Sciences Po (Grenoble) et spécialiste de la Turquie, interrogé par L’Orient-Le Jour.


Arbitrage

Les escarmouches verbales se poursuivent néanmoins entre Moscou et Ankara. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé lundi que « la manière la plus simple de normaliser la situation à Afrine » était d’en remettre le contrôle au gouvernement syrien. Dans une rare critique de la Turquie envers la Russie, le président Erdogan a critiqué mardi « l’approche erronée » du chef de la diplomatie russe. « Nous rendrons Afrine directement aux habitants de Afrine lorsque le moment sera venu. Mais le timing nous appartient. C’est nous qui le déterminerons, pas M. Lavrov », a-t-il ajouté. Une réplique qui semble trahir la fragilité de la coopération russo-turque. 

Malgré l’utilisation par les États-Unis de la base turque d’Incirlik dans sa guerre contre l’État islamique, les menaces occidentales n’affecteront pas, semble-t-il, la Turquie. Au contraire, celle-ci semble de plus en plus se poser en médiateur de la crise actuelle, et n’aura pas à choisir son camp, dans l’immédiat en tout cas. « La Turquie sera entre les deux, ce qu’elle a toujours été : entre deux mondes. Même s’il y a une vraie conflagration, la Turquie sera à l’aise, elle sera en position d’arbitrage », juge pour L’OLJ Bayram Balci, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul. Alors que tous dénoncent un contexte singulièrement tendu, le président Erdogan était, hier, la seule voix discordante. « Nous avons souhaité et souhaitons que les États-Unis, la Russie et toutes les forces de la coalition fassent preuve de sensibilité, et, actuellement, (...) le climat semble s’apaiser un peu », a déclaré M. Erdogan. « Nos entretiens se poursuivent », a-t-il néanmoins ajouté. 

Pour l’instant, Ankara semble se complaire dans cet entre-deux. Rien ne laisse supposer, toutefois, qu’une telle condition soit facilement tenable à long terme. La Turquie pourrait éventuellement devoir trancher, entre son hostilité pour Assad ou sa haine du PKK.


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commentaires (2)

PERSONNE N,A TENU COMPTE D,ERDO L,APPREMNTI MINI SULTAN GENOCIDAIRE DES KURDES !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 54, le 14 avril 2018

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Commentaires (2)

  • PERSONNE N,A TENU COMPTE D,ERDO L,APPREMNTI MINI SULTAN GENOCIDAIRE DES KURDES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 54, le 14 avril 2018

  • On vous avez dit que ni les russes ni personnes allaient rentrer en confrontation direct ... et on vous avez prévenu que la Russie ne disait que du bla bla quand ils ont affirmé vouloir répondre aux tirs ... bah enfin

    Bery tus

    06 h 33, le 14 avril 2018

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