De nouveaux heurts, qui ont coûté la vie à un Palestinien, ont éclaté hier à la frontière entre Israël et la bande de Gaza pour le troisième vendredi consécutif. AFP/Mahmoud Hams
De nouveaux heurts, qui ont coûté la vie à un Palestinien, ont éclaté hier à la frontière entre Israël et la bande de Gaza pour le troisième vendredi consécutif, après des violences meurtrières ces deux dernières semaines.
Islam Herzallah, 28 ans, a été atteint par des tirs israéliens à l’est de la ville de Gaza et transporté dans un hôpital où il est décédé, selon le ministère de la Santé local qui a fait état de plus de 120 Palestiniens blessés par balles et de 400 autres soignés à la suite notamment de suffocations provoquées par des grenades lacrymogènes. Parmi les blessés par balles figurent deux journalistes, a indiqué le syndicat des journalistes palestiniens, une semaine après la mort de l’un de leurs confrères.
Depuis le début des protestations, 34 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes, selon le ministère de la Santé à Gaza. Lors des manifestations des deux derniers vendredis, des dizaines de milliers de Gazaouis se sont rassemblés à la frontière. Cette fois-ci, les manifestants sont moins nombreux. L’armée israélienne a évalué à 10 000 le nombre de participants contre le double la semaine dernière.
Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a estimé sur son compte Twitter que « de semaine en semaine il y a moins d’émeutiers. Notre détermination a été très bien comprise de l’autre côté ». Dans les cinq zones d’affrontements, l’air est saturé de gaz lacrymogène et de nuages de fumée noire s’élevant des pneus enflammés. L’armée a affirmé dans un communiqué que des manifestants avaient tenté « d’endommager ou de faire une brèche » dans la clôture le long de la frontière et avaient lancé des cocktails Molotov et un « engin explosif ». Les manifestants ont aussi tenté de retirer du fil barbelé placé par les forces israéliennes pour les éloigner de la clôture.
Des dizaines de drapeaux israéliens ont été brûlés à Jabalia dans le nord de la bande de Gaza. Dans le sud de l’enclave palestinienne, près de Khan Younès, les manifestants ont brûlé des photos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, du président américain Donald Trump et du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, qu’ils considèrent comme proche d’Israël.
« Il n’y a pas de vie à Gaza »
Les protestations posent un défi aux forces israéliennes, qui ont rejeté les critiques sur leur recours à des balles réelles, en expliquant que les consignes de tirs ne changeraient pas. Baptisé « la marche du retour », le mouvement de protestation palestinien a été lancé le 30 mars. Il prévoit des rassemblements et campements durant six semaines près de la frontière pour réclamer « le droit au retour » de quelque 700 000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d’Israël le 14 mai 1948. Ce mouvement est censé être pacifique, mais des groupes de jeunes Palestiniens s’approchent de la frontière où sont postés les soldats israéliens. Dans le nord de la bande de Gaza, Soumaya Abou Awad, 36 ans, participe à la manifestation avec ses enfants. « Je viens de Hiribya et c’est mon droit d’y retourner », dit-elle, en allusion à un village au nord de la bande de Gaza, détruit au moment de la guerre de 1948 à l’issue de laquelle fut créé Israël. « Je n’ai pas peur de mourir parce que de toute façon il n’y a pas de vie à Gaza », conclut-elle.
Source : AFP