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À La Une - Témoignage

De la France à la Syrie, le jihad contrarié d'Adil Barki

Le Franco-Marocain invoque "une expérience traumatisante, la désolation, la pauvreté, les ruines".

Croquis d'audience montrant Adil Bakri (au centre) lors de son procès à Paris. AFP / Benoit PEYRUCQ

En 2013, Adil Barki était parti faire le jihad en Syrie, mais de violentes crises d'angoisse l'avaient cantonné aux travaux manuels et il était rentré en France. Ce Franco-Marocain a raconté son jihad contrarié lors de son procès vendredi.

"Rendez-vous au paradis", avait-il dit à son père avant de partir en Syrie en novembre 2013. "Pour aider les civils" et "pacifier une zone de combat", assure-t-il aujourd'hui, sans ciller, devant le tribunal correctionnel de Paris où il est jugé avec quatre autres prévenus.

M. Barki, 39 ans, vivait à l'époque dans une petite ville proche de Lunel (sud), dont il fréquentait la mosquée et la jeunesse radicalisée. Il avait rejoint en Turquie Abdelkarim B., "une connaissance de la mosquée". A une semaine d'intervalle, "pour pas éveiller les soupçons".

Ils furent les premiers à partir, avant d'être rejoints par une vingtaine d'autres jeunes de Lunel, l'une des vagues de départs les plus importantes de France à l'échelle de cette ville de 26.000 habitants. Quinze font toujours l'objet de mandats d'arrêt et, parmi eux, au moins huit sont morts en Syrie, dont Abdelkarim en décembre 2014.

Fébrile, parfois insolent, M. Barki assure que son départ n'était pas particulièrement "organisé". Ne sachant comment franchir la frontière turco-syrienne, M. Barki et Abdelkarim avaient fini par y parvenir avec l'aide logistique d'un proche du recruteur français Mourad Fares. Comme c'était l'usage, l'émir du groupe jihadiste qu'ils avaient rejoint dans la ville d'Aazaz, "l'armée de Mahomet", leur avait confisqué leurs passeports.

- "ça ne vous semble pas un peu bizarre ? Vous arrivez pour +aider+ et on vous prend vos papiers ?", interroge la présidente.

- "Je me dis que ça fait partie de la politique de la maison", répond benoîtement le prévenu.

L'entraînement, obligatoire à l'arrivée, se passe mal : M. Barki, qui se croit possédé par le diable depuis ses 20 ans, souffre de violentes crises de panique. Il subit "plusieurs séances avec un exorciseur" mais elles n'ont pas "l'effet escompté" : l'émir du groupe estime qu'il est plus sage de ne pas lui laisser une arme, et voilà Adil Barki affecté à l'intendance.

"Je déblayais des routes, je faisais aussi la cueillette des olives, j'ai fait ça pendant trois semaines", dit-il.

Au cours de l'enquête, il avait déclaré qu'il était rentré en France car il était lassé des tâches ménagères.

Vendredi, il a plutôt invoqué "une expérience traumatisante, la désolation, la pauvreté, les ruines", devant un tribunal sceptique.

Il fut le premier à rentrer en France, en janvier 2014, et n'avait été interpellé que l'année suivante, après les attentats parisiens de janvier 2015.


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