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À La Une - Religion

Les Musulmans de France tiennent salon sans Tariq Ramadan mais pas sans risque de polémique

Quelque 160.000 personnes sont attendues jusqu'à lundi soir au Parc des expositions du Bourget, au nord de la capitale française, pour cet évènement présenté comme la plus importante manifestation musulmane d'Europe.

Le théologien suisse Tariq Ramadan. Photo d'archives AFP

L'événement sera marqué par le lourd contexte des attentats en France et avec un grand absent, le théologien suisse Tariq Ramadan: le mouvement Musulmans de France a ouvert vendredi après-midi son salon annuel près de Paris, vu par ses détracteurs comme la vitrine d'un islam politique.

Quelque 160.000 personnes sont attendues jusqu'à lundi soir au Parc des expositions du Bourget, au nord de la capitale française, pour cet évènement présenté comme la plus importante manifestation musulmane d'Europe, entre forum religieux et foire commerciale.
Exit l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), place depuis 2017 à "Musulmans de France" (MF). Cette appellation générique est-elle censée redorer l'image de l'organisation fondée en 1983, ternie par ses liens supposés avec la confrérie islamiste égyptienne des Frères musulmans?
Le président de MF et dirigeant historique de l'UOIF, Amar Lasfar, s'en défend, et assure être engagé depuis toujours "sur un créneau religieux et pas politique". "Quand on fait de la politique, c'est l'islam qui y perd", commente-t-il auprès de l'AFP. "Nous prônons un islam dans le cadre de la laïcité".
Cette 35e Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF) devrait encore illustrer la capacité de mobilisation d'une fédération revendiquant sous son ombrelle 285 associations et 54 mosquées.
Une actualité dramatique devrait une nouvelle fois s'inviter au menu de ce congrès informel, une semaine après l'attaque jihadiste ayant fait quatre morts dans le sud de la France et le meurtre d'une octogénaire juive à Paris, deux tragédies que MF a condamnées.
"Nous allons exprimer notre émotion par rapport à ces cinq victimes et redire le combat qui est le nôtre contre la radicalisation, l'extrémisme", indique Amar Lasfar. Le dirigeant a prévu de faire observer une "minute de silence", probablement le jour de la plus grande affluence, samedi, pour "dénoncer ce terrorisme qui veut créer un fossé entre les musulmans et la société".


(Lire aussi : Tariq Ramadan, poursuivi pour viols, de nouveau hospitalisé)



"Procès médiatique"
Autre actualité: inculpé et incarcéré depuis début février pour viols, le théologien suisse Tariq Ramadan, vedette récurrente du salon où ses conférences attiraient les foules, sera absent du Bourget cette année.
Amar Lasfar n'en démord pas, malgré la gravité des charges qui pèsent sur l'intéressé: "Tariq Ramadan, c'est une valeur ajoutée pour l'islam de France et un des rares intellectuels musulmans en Europe". Pour lui, le petits-fils du fondateur des Frères musulmans Hassan el-Banna "n'a malheureusement pas bénéficié de la présomption d'innocence" et a été "jugé et condamné" dans le cadre d'un "procès médiatique" qui "nous révolte, nous les musulmans".
"Nous pensons qu'il y a de fortes raisons qu'il soit blanchi", affirme encore Amar Lasfar. Le comité de soutien du théologien a loué un stand de la foire "pour y vendre des livres et en parler, et c'est normal", estime-t-il.
Il semble en tout cas loin le temps où un ministre de l'Intérieur - Nicolas Sarkozy en 2003 - adoubait l'UOIF au sein du CFCM naissant, avant de faire à ses dirigeants l'honneur d'une visite au Bourget.

Aujourd'hui, les dirigeants du parti d'extrême droite Front national ne sont plus les seuls à réclamer la dissolution du mouvement et l'interdiction de son salon.
De la gauche la plus offensive sur la laïcité à la droite, nombreux sont ceux qui ont fait de l'ex-UOIF une cible plus ou moins directe. "Nos adversaires, ce sont les salafistes, les Frères musulmans, l'islam politique", a récemment accusé l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls.
Amar Lasfar balaye les critiques avec sa décontraction habituelle. "On a l'habitude de travailler sans regarder à droite ou à gauche", dit-il, relevant que quand Manuel Valls a mis en place une "instance de dialogue avec l'islam" en 2015, "une trentaine de cadres" de l'UOIF y ont été conviés. "Si on était dangereux, pourquoi nous faire participer à la réflexion?" 


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L'événement sera marqué par le lourd contexte des attentats en France et avec un grand absent, le théologien suisse Tariq Ramadan: le mouvement Musulmans de France a ouvert vendredi après-midi son salon annuel près de Paris, vu par ses détracteurs comme la vitrine d'un islam politique.Quelque 160.000 personnes sont attendues jusqu'à lundi soir au Parc des expositions du Bourget, au nord...

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