Alors que les premières évacuations ont démarré hier dans la Ghouta orientale conformément à l’accord conclu la veille entre les rebelles et le régime syrien, dans la ville de Douma, nombreux sont ceux qui refusent de partir. Siraj Mahmoud, porte-parole de la Défense civile dans cette localité, se confie auprès de L’Orient-Le Jour.
« Les négociations en cours pour l’évacuation de civils à Douma ne sont que de petits arrangements sous la table entre forces armées. Les accords qui se font entre les groupes armés et le régime ou les Russes, personne ne peut savoir exactement de quoi il s’agit. Les civils sont laissés dans le flou le plus total. Afin de clarifier les choses, il y a un point important à mentionner. Il y a certes beaucoup de gens qui souhaitent quitter la Ghouta, mais encore davantage qui ne veulent pas partir, car ils considèrent qu’il s’agit d’un déplacement forcé. Ce qui se passe dans la Ghouta en ce moment est effrayant. Pourquoi les médias ne se focalisent que sur des points précis, comme sur le fait de ne parler, en ce moment, que des accords d’évacuation ? Nous sommes entrés aujourd’hui dans le 33e jour de l’offensive. Depuis le début, personne à travers le monde ne se soucie de la situation des femmes et des enfants, personne ne fait en sorte que ce bain de sang cesse ! À quoi bon faire respecter le cessez-le-feu ou laisser les aides entrer dans la Ghouta orientale?
Aucun d’entre nous n’a les moyens de dire non au régime et aux Russes. Alors que vous voyez tous ce que l’on subit, quelles sont les armes qui nous tuent, qu’on nous bombarde avec toutes sortes d’armes possibles... Les gens autour de moi disent : “Tiens, ils (le régime et ses alliés) ne nous ont pas encore bombardés avec des armes nucléaires. Mais qu’ils le fassent, qu’on en finisse !” « Les chiffres défilent et personne ne fait rien. 1 500 morts ? C’est normal, c’est quoi le problème ? 4 000 blessés ? Ce n’est pas notre affaire, c’est ça la Syrie. Un gouvernement tue son peuple ? Et alors ? L’ONU est censée défendre les hommes, mais elle n’arrive même pas à faire rentrer des aides à la population et elle n’arrivera jamais à faire arrêter les tueries. « Je veux parler au nom de tous ces enfants qui, depuis plus de 30 jours, n’ont pas vu le soleil parce qu’ils sont terrés dans les abris. Vraiment, le monde entier n’a pas vu, n’a pas entendu, n’a pas ressenti ce qui se passe dans la Ghouta ? Nous sommes à 7 kilomètres de Damas, et il y a des ambassades, des organisations internationales, des acteurs qui sont censés peser. Je ne parle même pas des Arabes, ils ne comptent pas. Ils nous ont vendus dès le premier jour. Les Arabes, on a fait une croix dessus. Mais les autres, ils ne peuvent rien faire pour arrêter ce massacre ? Aujourd’hui, nous ne parvenons même plus à aider les blessés et à sortir les cadavres sous les décombres de leurs maisons.
En tant que membre de la Défense civile, je ne peux même pas faire mon travail, car les bombardements sont hystériques. Toutes les personnes instruites savent que le déplacement forcé des civils est un crime contre l’humanité. Chaque personne qui vit dans la Ghouta et qui vient en aide à la population, médecin, infirmier, secouriste ou autre, est condamnée d’emblée par le régime qui n’hésitera pas à le faire emprisonner. Il n’y a aucune sécurité pour des gens comme nous. Même si nous sommes évacués, où irons-nous? C’est un saut dans l’inconnu. Je vous parle comme un citoyen lambda qui ne sait pas ce qu’il va faire demain.
« Je suis désolé si je m’emporte. Mon discours habituellement calme de porte-parole fait un virage à 180 degrés. Mais je parle sous le coup de la douleur. J’ai une famille et des enfants, mais je ne sais pas ce que nous allons faire ni où nous irons. Je vous dis tout ça aujourd’hui, mais peut-être que demain ou le jour d’après, plus personne ne sera là pour vous répondre. Vous n’entendrez plus rien de la Ghouta... »
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commentaires (3)
LA GHOUTA VA S,ECLIPSER DE DEVANT... ET LA BALLOUTA VA ENTRER DE DERRIERE AVEC DE NOUVELLES ESCALADES ET DE NOUVELLES GUERRES OU BEAUCOUP Y PARTICIPERONT...
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 49, le 23 mars 2018