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À La Une - Syrie

Première évacuation de rebelles de la Ghouta

Raids aériens et tirs d'artillerie ont continué sur d'autres localités rebelles et ont tué 20 civils, dont 16 ont péri dans des frappes aériennes sur la ville de Zamalka.

Les soldats syriens encadrant le convoi des combattants d'Ahrar el-Cham et des civils partis jeudi de Harasta en direction de la province d'Idleb. AFP / STR

Un premier convoi de combattants rebelles a évacué jeudi son fief de la Ghouta orientale, une première depuis le lancement d'une offensive du régime syrien, déterminé à reconquérir les derniers territoires des insurgés aux portes de Damas.

Après une journée d'attente, des autobus transportant des combattants et des civils de Harasta sont partis en début de soirée en direction de la province d'Idleb (nord-ouest), conformément à un accord parrainé par la Russie, selon des images de la télévision d'Etat syrienne et le témoignage d'un correspondant de l'AFP.

Tout au long de la journée, quelque 1.500 personnes, dont plus de 400 combattants, s'étaient rassemblées autour de trente bus garés sur une ligne de démarcation entre la poche rebelle de Harasta et ceux du régime. En attendant le départ, des insurgés ont prié en rang serré, tandis que femmes et enfants effectuaient quelques pas ou se reposaient sur le bas-côté. Les soldats syriens encadrant le convoi et les insurgés se sont côtoyés sans animosité apparente, en dépit des vifs combats qui les ont opposés.

Le pouvoir syrien et son allié russe ont passé un accord avec le groupe rebelle islamiste Ahrar el-Cham pour l'évacuation de Harasta, la plus petite et la moins peuplée des trois poches rebelles qui subsistent dans la Ghouta orientale, cible d'une offensive meurtrière du régime depuis le 18 février.

Raids aériens et tirs d'artillerie ont continué jeudi sur d'autres localités et ont tué 20 civils, dont 16 ont péri dans des frappes aériennes sur la ville de Zamalka, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Un correspondant de l'AFP sur place a vu d'importants panaches de fumée se dégager des bâtiments touchés. 

De leur côté, les rebelles tirent obus et roquette sur Damas, et quatre personnes sont mortes dans la capitale jeudi, selon la télévision d'Etat. 


(Lire aussi : L’EI accentue sa présence au sud de Damas)


"Rien à manger"
A Harasta, l'évacuation pourrait durer plusieurs jours, selon le porte-parole d'Ahrar el-Cham, Munzer Fares. 

Au total, quelque 1.500 combattants et 6.000 membres de leur famille doivent quitter la poche en plusieurs vagues, selon l'agence officielle syrienne Sana.
Ces sorties interviennent au cours d'une offensive implacable et dévastatrice : en plus d'un mois de bombardements aériens et de combats au sol, l'enclave rebelle s'est réduite comme peau de chagrin et les forces du régime en ont déjà reconquis plus de 80%.  Le déluge de feu quotidien a tué plus de 1.500 civils, selon l'OSDH. 

"Harasta a été entièrement détruite, la situation des habitants était dramatique", a confirmé à l'AFP le chef du conseil local du secteur rebelle de Harasta, Hossam al-Beyrouthi. "Cette dernière semaine, la moitié des familles n'avaient rien à manger, les maladies font des ravages dans les sous-sols", où les gens se terrent pour échapper aux bombardements, a-t-il déploré. 

L'évolution dans la Ghouta rappelle ce qui s'est passé dans d'autres fiefs rebelles reconquis ces dernières années par le régime, dont celui dans la ville d'Alep (nord) fin 2016. A l'issue de bombardements intenses et de sièges drastiques, les insurgés de ces localités et les civils les soutenant avaient été mis dans des bus, direction Idleb. Amnesty International avait dénoncé des déplacements forcés de populations. 

Même dans cette province d'Idleb, la dernière à échapper encore entièrement au régime, les avions sèment la mort: des raids aériens "probablement russes" ont tué jeudi au moins 28 civils, dont 11 enfants, sur un marché à Harem, localité frontalière de la Turquie et tenue par un groupe jihadiste, selon l'OSDH. 


(Lire aussi : Le "Groupe Wagner", une armée de l'ombre au service de Poutine en Syrie


Plus de 80.000 déplacés 
Appuyé par ses alliés russe et iranien, le pouvoir d'Assad a multiplié les victoires face aux rebelles, mais aussi face aux jihadistes, et a reconquis plus de la moitié de la Syrie. 

Dans la Ghouta, l'offensive meurtrière du régime a fait plus de 80.000 déplacés au total, selon l'OSDH. Pour la seule journée de jeudi, plus de 4.000 civils ont quitté la grande ville rebelle de Douma, selon l'OSDH. 
Ces civils n'ont jusqu'à présent pas eu d'autre choix que de rejoindre des secteurs gouvernementaux, malgré la crainte de représailles pour certains. 

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression dans le sang par le régime de manifestations prodémocratie, a fait plus de 350.000 morts et forcé des millions de Syriens à l'exil. Au fil des ans, le conflit s'est transformé en une guerre complexe, impliquant de multiples belligérants qui s'affrontent sur plusieurs fronts, avec parfois l'intervention directe de puissances étrangères. 

Dans le nord-ouest du pays, l'armée turque a lancé le 20 janvier une offensive pour chasser de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l'enclave d'Afrine. Plus de 250.000 civils ont fui l'avancée des forces turques, selon l'OSDH.


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