Rechercher
Rechercher

Liban - Législatives 2018 - Alliances

Législatives libanaises : le tableau électoral se précise progressivement

Opposants et loyalistes s’affrontent principalement à Baabda, au Metn et à Kesrouan-Jbeil.

Michel Pharaon déposant la liste dont il fait partie, à Beyrouth I, au ministère de l’Intérieur. Photo ANI

Le paysage électoral se précise progressivement. C’est cette impression qui se dégage des négociations en cours en vue de former les listes électorales, en vue des législatives prévues le 6 mai prochain, conformément à la nouvelle loi électorale. 

Ces élections revêtent une importance dans la mesure où elles se tiennent conformément à un mode de scrutin proportionnel. Mais il reste que les candidats d’une même liste se disputeront les votes préférentiels, d’où la lenteur à trancher définitivement la question des listes et des alliances. Mais en dépit de ce constat, le ministre d’État à la Planification, Michel Pharaon, a déposé hier, au ministère de l’Intérieur, une liste électorale complète pour la circonscription de Beyrouth I (Achrafieh-Rmeil-Saïfi-Médawar). Cette liste est née de l’alliance entre M. Pharaon, les Forces libanaises (FL), les Kataëb et le parti arménien Ramgavar. Elle comprend, outre M. Pharaon (grec-catholique), le député Kataëb sortant Nadim Gemayel (maronite), Imad Wakim, membre du directoire des FL (grec-orthodoxe), Riad Akel (minorités, FL), Avédis Dakessian (arménien-orthodoxe, Ramgavar), Alina Klonsian (arménienne-orthodoxe, Ramgavar), Carole Babikian (arménienne-orthodoxe) et Jean Talouzian (arménien-catholique). 

Cette liste devrait faire face à une autre, qui serait le résultat d’une alliance entre le courant du Futur et le CPL, dans le prolongement du compromis politique élargi conclu entre les deux formations en 2016. 

Les partis dirigés par Saad Hariri et Gebran Bassil ont également réussi à confirmer leur rapprochement électoral à Zahlé, mais aussi dans la circonscription à dominante chrétienne du Liban- Nord Zghorta-Bécharré-Koura-Batroun. À la faveur de cette logique, des sources bien informées croient savoir que le chef du CPL, candidat à l’un des deux sièges maronites de Batroun, sera le premier à profiter de cette alliance. 

Ce choix a sans doute réduit les chances de voir s’établir un rapprochement électoral entre le Futur et les FL, à Batroun mais aussi dans l’écrasante majorité des 15 circonscriptions prévues par le nouveau code électoral. S’il est vrai que les rapports entre les deux alliés traditionnels ont été perturbés depuis la démission surprise de Saad Hariri, annoncée le 4 novembre dernier, un cadre FL explique l’échec de son parti à nouer une alliance avec celui de Saad Hariri par le fait que « la priorité des haririens est le CPL ». « Mais chacun a le droit de lutter pour la préservation de ses intérêts », déclare le proche de Samir Geagea à L’Orient-Le Jour. 


(Lire aussi : Rupture de l’alliance FL-Futur, dans l’intérêt du Hezbollah)


Loyalistes contre opposants 

Les deux partis ont toutefois réussi à se présenter côte à côte avec le Parti socialiste progressiste à Baabda, au Akkar et dans la circonscription de Chouf-Aley. Les listes qui devraient en découler sont encore en gestation. Entre-temps, le CPL a défini ses candidats à Baabda. Il s’agit des trois députés maronites sortants Nagi Gharios, Alain Aoun et Hikmat Dib, à l’heure où les négociations se poursuivent avec le tandem Amal-Hezbollah pour choisir les deux candidats chiites. Des rumeurs faisaient état d’une possible adjonction sur la liste du fils d’Élie Hobeika, Joe Hobeika, à la place d’un des trois députés maronites sortants, mais L’Orient-Le Jour n’a pu en avoir hier confirmation. 

En face, les forces gravitant dans l’orbite de l’opposition ont défini leur liste à Baabda. Elle regroupe : Ramzi Bou Khaled (maronite, Kataëb), Élie Gharios (maronite, Parti national libéral) et le président du mouvement TERRE-Liban Paul Abi Rached (maronite). La liste comprendra aussi Olfat Sabeh et Saïd Alama (chiites), ainsi que Ajouad Ayyache (druze). 

Cela fait dire à un observateur politique que Baabda, longtemps perçu comme l’un des fiefs du CPL, sera le théâtre d’une bataille entre l’opposition et le camp loyaliste. Mais il s’empresse de noter que cela s’applique surtout au Metn-Nord. Et pour cause : le parti Kataëb, fer de lance de l’opposition, sera amené à affronter les deux formations chrétiennes majoritaires dans son propre fief. Un constat que confirme à L’OLJ Élias Hankache, candidat Kataëb à l’un des quatre sièges maronites du Metn, qui se félicite du fait que son parti est le seul à être cohérent avec lui-même, en dépit de toutes les tractations politiques actuelles. Selon M. Hankache, la liste Kataëb, conduite par le chef du parti, Samy Gemayel, est quasi prête. Parmi ses membres, la présidente du parti des Verts Nada Zaarour, notre consœur Violette Ghazal et plusieurs personnalités indépendantes, dont Mazen Skaff et Mikhaël Rammouz, ainsi que Joseph Karam (appuyé par le PNL). 

S’il est normal de voir les Kataëb mener la bataille du Metn loin du CPL et des FL, nombreuses sont les interrogations autour de l’échec de la formation à se joindre au député Michel Murr. Tentant de mettre les points sur les i, Élias Hankache explique que cela est dû aux calculs dictés par la loi électorale. 

Tout comme les Kataëb, les FL, qui bénéficient d’un poids populaire non négligeable au Metn, ont formé leur propre liste conduite par Eddie Abillamaa, membre du directoire de la formation. Cette liste a été déposée hier au ministère de l’Intérieur. 

Quant au CPL, c’est tout naturellement qu’il s’est allié au Tachnag et au Parti syrien national social (PSNS), grand adversaire des Kataëb et des FL, même si ce dernier choix a fortement secoué les milieux aounistes du Metn. Au terme d’une laborieuse gestation, les aounistes ont choisi les candidats suivants : les députés sortants Ibrahim Kanaan (maronite) et Ghassan Moukheiber (grec-orthodoxe), Ghassan Achkar et Korine Achkar (maronites, PSNS), Eddy Maalouf (CPL, grec-catholique), Élias Bou Saab (grec-orthodoxe) et Hagop Pakradounian (arménien-orthodoxe, Tachnag). Le CPL a surtout créé la surprise en proposant à l’homme d’affaires Sarkis Sarkis de prendre part à sa liste, après avoir convaincu le député CPL sortant Nabil Nicolas de se retirer. Le parti fondé par Michel Aoun aurait ainsi empêché le député Michel Murr de former sa propre liste, dans la mesure où M. Sarkis devait en faire partie intégrante. À l’heure où d’aucuns s’attendent à ce que l’ancien ministre de l’Intérieur jette l’éponge – élu pour la première fois en 1968, il est à la Chambre sans interruption depuis 1991 –, certains de ses proches continuent d’envisager une éventuelle alliance entre lui et les Kataëb. Une option que les milieux de Samy Gemayel semblent toutefois écarter. 

Quant à la circonscription de Kesrouan-Jbeil (8 sièges à pourvoir : cinq maronites pour le Kesrouan et deux maronites et un chiite pour le caza de Jbeil), elle sera, elle aussi, un champ de bataille entre opposants et loyalistes. Cinq listes au moins se disputeront les sièges concernés. L’une parrainée par le CPL, une autre par les FL, une troisième regroupant les Kataëb et les anciens députés Farid Haykal el-Khazen et Farès Souhaid. Une quatrième liste sera celle que formera le Hezbollah pour mener son candidat Hussein Zeaïter à l’hémicycle, alors que la cinquième devrait regrouper des membres de la société civile. Si les aounistes sont parvenus à résoudre la querelle qui a opposé le président de la Fondation maronite dans le monde, Neemat Frem, à son colistier Mansour el-Bone, ancien député du Kesrouan, c’était au tour de la liste des opposants d’être menacée par de sérieuses secousses durant les deux derniers jours. Selon l’agence d’information al-Markaziya, certains proches des Kataëb refusaient de s’allier aux députés sortants (abandonnés par le CPL) Gilberte Zouein et Youssef Khalil, dans la mesure où ils seraient favorables au pouvoir en place. Sauf que Farès Souhaid aurait réussi à régler le problème. D’autant que Mme Zouein a publié hier un communiqué dans lequel elle a rendu hommage à Farid Haykal el-Khazen et aux Kataëb, en leur qualité de « forces politiques attachées à des principes qu’elles veulent concrétiser en un projet politique ».


Lire aussi

Futur-FL : Des résultats maigres qui se résument à quelques rares circonscriptions

Coups de théâtre et changements d’alliances...

Des batailles féroces et déterminantes chez les chrétiens et les sunnites

Allouche : Le 14 Mars « n’existe plus », mais le « rêve » persiste

L’alliance FL-Futur progresse en dépit de quelques obstacles

Le paysage électoral se précise progressivement. C’est cette impression qui se dégage des négociations en cours en vue de former les listes électorales, en vue des législatives prévues le 6 mai prochain, conformément à la nouvelle loi électorale. Ces élections revêtent une importance dans la mesure où elles se tiennent conformément à un mode de scrutin proportionnel. Mais il...

commentaires (5)

LES MEMES OU LEURS SOSIES ET CLONES AU TABLEAU !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 57, le 22 mars 2018

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • LES MEMES OU LEURS SOSIES ET CLONES AU TABLEAU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 57, le 22 mars 2018

  • Mais comment un parti syrien peut encore exister au Liban? Quelle honte au CPL de s'allier à ces gens là. Même la petite Syrie n'existe plus.

    Achkar Carlos

    18 h 32, le 22 mars 2018

  • On a bien l impression que l’on s’en fiche carrement de l’electeur en tant qu’individu ou citoyen. L’essentiel est la mainmise ou le controle de telle ou telle circonscription par tel ou tel autre parti politique. La StarWar des Partis Politiques en quelque sorte. Aucun Programme defini, aucune promesse de changement, aucun espoir de faire sortir les citoyens du marasme et de l’obscurite qui prevaut depuis 25 ans... Et les moutons vont suivre comme d’habitude... Normal, ils ont developpe le syndrome de Stockholm.

    Cadige William

    12 h 41, le 22 mars 2018

  • Avide du pouvoir, le CPL aux abois cherche à s'allier avec les ennemis des partis Kataeb et FL, le Parti syrien national social (PSNS) au Metn et au Koura. Le fondateur du CPL et son successeur savent pertinemment que le PSNS est l'ennemi N°1 du Liban puisqu'il nie l'existence de notre Patrie au profit de la Grande Syrie. C'est aux électeurs sincères du Metn et du Koura de voter contre cette alliance anti-libanaise.

    Un Libanais

    11 h 15, le 22 mars 2018

  • De nouveaux visages pour une nouvelle loi en espérant que pour les votes préférentiels,l'argent ne jouera pas son jeu aussi .

    Antoine Sabbagha

    08 h 30, le 22 mars 2018

Retour en haut