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Les aléas du show-biz

Capricieuse en diable est la roue de la fortune, en matière de politique comme de finance.


À Paris, un ancien président de la République expérimente la suprême humiliation d’une mise en garde à vue, pour avoir apparemment accepté de l’argent libyen destiné à financer une campagne électorale remontant à onze ans. Au même moment à Moscou, un tsar remonte sans gros effort sur un trône laissé tout chaud par 18 ans de pouvoir ininterrompu, exercé tantôt comme super-Premier ministre, et tantôt comme maxi-président en titre.
Sans grand effort en effet, puisque Vladimir Poutine améliore nettement ses précédents scores électoraux ; mais non sans coups tordus, les irrégularités du scrutin se comptant par milliers. Venant s’ajouter à la crise ukrainienne, à l’intervention militaire en Syrie et aux ingérences dans l’élection du président américain Donald Trump, l’affaire de l’empoisonnement d’un transfuge russe à Londres achève de faire du maître du Kremlin un personnage tout droit issu de l’ère de la guerre froide ; ce n’est là d’ailleurs que manière de parler, puisque le conflit syrien n’a rien de froid, sinon la cruauté des bombardements aériens et des attaques au gaz contre les populations civiles, de même que le cynisme des puissances face à la tragédie des réfugiés.


Pour autant, on n’ira pas accuser Poutine d’égoïsme. Car en même temps qu’il se hisse encore plus haut, presque aussi haut que le Chinois Xi Jingpin qui vient de s’assurer une présidence à vie, le Russe remet solidement en selle son protégé Bachar el-Assad. Revenant de loin, ayant largement repris le contrôle des abords de sa capitale, celui-ci a enfin pu aller faire la tournée des popotes dans les ruines fumantes de la Ghouta.


À son tour, cette (re)montée en puissance n’est pas la seule, puisque le Turc Erdogan, tout à sa ruée contre les rebelles kurdes et maître de la ville frontalière de Afrine, se taille une confortable portion de territoire syrien, se promettant même de recommencer ailleurs. Tout cela portait, lundi, l’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura à s’effarer, en termes plus explicites que jamais et carte colorée à l’appui, des risques d’une catastrophique division de la Syrie en zones d’influence diverses. Comme pour illustrer cette sombre perspective, c’est en l’absence du très théorique maître de céans syrien que les trois larrons russe, turc et iranien débattaient hier du sort de notre voisin de l’Est.


Non moins frénétique est la course à la puissance dans le camp d’en face. Plombé par toute une collection de scandales, Donald Trump croit trouver le salut dans ces deux coups d’éclat géopolitiques que seraient la dénonciation de l’accord sur le nucléaire iranien et l’ouverture de négociations avec la Corée du Nord. Et c’est à Washington que l’homme fort d’Arabie saoudite, reçu hier à la Maison-Blanche, est allé puiser un supplément de vitamines. Articulé sur une même aversion pour l’Iran, son pari est triple : bétonner son propre pouvoir en se prévalant du soutien sans faille de l’administration US ; promouvoir, tout au long d’un séjour de trois semaines durant lequel il quadrillera les États-Unis, l’image d’une monarchie wahhabite résolument tournée désormais vers la modernité ; et rallier les investisseurs à son ambitieux projet de diversification économique Vision 2030.


En attendant, c’est surtout l’inquiétant feuilleton régional qui s’offre à la vue…


Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Capricieuse en diable est la roue de la fortune, en matière de politique comme de finance.À Paris, un ancien président de la République expérimente la suprême humiliation d’une mise en garde à vue, pour avoir apparemment accepté de l’argent libyen destiné à financer une campagne électorale remontant à onze ans. Au même moment à Moscou, un tsar remonte sans gros effort sur un...