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Liban - Don d’organes

Pour Françoise, bénéficiaire d'une greffe de rein, «la vie vaut qu’on lutte pour elle »

Le sujet reste entouré au Liban de préjugés à tous les niveaux. Cette série d’articles bimensuels vise à faire la lumière sur les différents aspects de ce don de vie.

Françoise Raaïdy a reçu une greffe rénale il y a dix ans.

Rien dans son attitude ne laisse entrevoir la lutte qu’elle mène depuis son enfance contre le diabète et celle qu’elle a menée, des années plus tard, contre une insuffisance rénale, une des complications du diabète, avant de recevoir un rein.

Françoise Raaïdy est de ces personnes qui n’aiment pas broyer du noir. Détentrice d’un doctorat en sciences sociales et chargée de communication dans un collège, elle confie « n’avoir jamais arrêté d’étudier ni de travailler malgré ma maladie ».

Rencontrée en marge d’une conférence organisée à l’occasion de la Journée mondiale du rein, fixée au deuxième jeudi du mois de mars et consacrée cette année à la santé rénale chez la femme, Françoise Raaïdy dégage un optimisme et une force de caractère qui l’ont sûrement aidée à supporter sa maladie et les restrictions qu’elle exige.

Elle avait 8 ans lorsqu’elle a été diagnostiquée, fortuitement à la suite d’un accident, avec un diabète. « J’ai failli être mordue par un serpent, se souvient-elle. J’ai eu tellement peur, et lorsque je suis arrivée à la maison, je me suis mise à boire beaucoup et à passer aux toilettes. Ma mère a soupçonné un diabète. Le lendemain, le diagnostic a été confirmé par un spécialiste. »
Sa maladie ne l’a pas empêchée de poursuivre ses études. « J’allais normalement à l’école et les sœurs prenaient soin de moi, se souvient-elle. Je devais manger et relever mon taux d’insuline à des heures strictes. Elles me chauffaient les plats que j’apportais avec moi de la maison. À l’université aussi, tout le monde a été compréhensif. Je suis sûre que le bon Dieu veillait sur moi. » Et de reprendre : « Je conçois les choses à ma façon. Le regard des autres ne m’a jamais dérangée. J’étais réconciliée avec ma situation. Mis à part le besoin de prendre des médicaments et d’être suivie de près par les médecins, je n’ai jamais senti que j’étais différente des autres enfants. »

Vers la greffe
C’est vingt-quatre ans plus tard que les complications du diabète ont commencé à se faire sentir : une créatinine « qui a été mal traitée au début », suivie d’une insuffisance rénale. « On m’a demandé de suivre un régime très strict, sans viande, fruits, sucre et sel, raconte Françoise Raaïdy. Ce n’était pas vraiment dur, mais cela nécessitait un grand effort que j’étais prête à déployer d’autant que je voulais, à tout prix, éviter la dialyse. »
Mais l’inévitable se produit six ans plus tard. « J’ai eu une chute des fonctions rénales, note-t-elle. Il fallait que je commence les dialyses. Entre-temps, tous les bilans nécessaires ont été menés en préparation à la greffe. Mais je rejetais cette option catégoriquement. Je ne voulais pas que mes frères et sœurs me fassent don de leur rein. Et pourtant, je savais qu’ils n’encouraient aucun danger puisque la procédure était bien encadrée sur le plan médical. »

Françoise Raaïdy s’est inscrite sur la liste d’attente. « J’ai fait la dialyse péritonéale pendant six ans sans que cela ne m’empêche de pousser loin mes études, reprend-elle. J’ai décroché mon DEA et j’ai fait ma thèse de doctorat sur la laïcité. »
Mais son état s’est aggravé. Alors que son seul espoir ne résidait plus que dans une transplantation, Françoise Raaïdy campait sur sa position : elle ne voulait pas que ses proches lui fassent don de leur rein. « Un cousin m’a alors mise devant le fait accompli, raconte-t-elle. Il m’a dit que si je refusais qu’il me fasse don de son rein, il allait s’enquérir des procédures à suivre pour qu’il en fasse don à quelqu’un d’autre en ayant besoin. Finalement, j’ai obtempéré. » C’était il y a dix ans.

Depuis, Françoise Raaïdy continue de vivre normalement. « Pas un seul jour je ne me suis plainte de ma situation, confie-t-elle. Je fais des suivis médicaux régulièrement. Tout se passe bien. Quant à mon donneur, il se porte bien. C’est une personne exceptionnelle, qui était convaincue de ce qu’elle faisait. »
Et de conclure en affirmant que malgré tout, « la vie vaut qu’on lutte pour elle ».


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Rien dans son attitude ne laisse entrevoir la lutte qu’elle mène depuis son enfance contre le diabète et celle qu’elle a menée, des années plus tard, contre une insuffisance rénale, une des complications du diabète, avant de recevoir un rein.Françoise Raaïdy est de ces personnes qui n’aiment pas broyer du noir. Détentrice d’un doctorat en sciences sociales et chargée de...

commentaires (2)

BONNE SANTE INCHALLAH ! MAIS EN GENERAL, D,OU VIENNENT TOUS CES REINS DES GREFFES ? ON DIT QUE POUR CINQ A DIX MILLE DOLLARS ON LES ACHETE ET ILS VIENNENT D,INDE, D,EGYPTE ET D,AUTRES PAUVRES PAYS DU TIERS MONDE OU DES JEUNES VENDENT LEURS ORGANES POUR SUBVENIR AUX BESOINS DE LEURS FAMILLES... DU PITOYABLE ET DE L,INIQUE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 52, le 07 mars 2018

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Commentaires (2)

  • BONNE SANTE INCHALLAH ! MAIS EN GENERAL, D,OU VIENNENT TOUS CES REINS DES GREFFES ? ON DIT QUE POUR CINQ A DIX MILLE DOLLARS ON LES ACHETE ET ILS VIENNENT D,INDE, D,EGYPTE ET D,AUTRES PAUVRES PAYS DU TIERS MONDE OU DES JEUNES VENDENT LEURS ORGANES POUR SUBVENIR AUX BESOINS DE LEURS FAMILLES... DU PITOYABLE ET DE L,INIQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 07 mars 2018

  • C'est magnifique!

    NAUFAL SORAYA

    08 h 07, le 07 mars 2018

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