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Liban - société

Demande officielle de reconnaissance du martyre du philosophe Kamal Youssef el-Hage

« Toutes les injustices sont des formes de martyre », souligne Raï

Le philosophe et professeur d’université Kamal Youssef el-Hage (1921-1976). Photo Fondation Kamal Youssef el-Hage

Fidèle aux orientations de la lettre apostolique Tertio Millenio Adveniente, donnée par saint Jean-Paul II le 10 novembre 1994, exhortant les Églises locales à faire « tout leur possible pour ne pas laisser perdre la mémoire de ceux qui ont subi le martyre », l’Église maronite a clôturé par une messe solennelle célébrée par le patriarche Raï à Bkerké un jubilé extraordinaire dédié au souvenir de ses martyrs « connus et inconnus ». Le jubilé s’est étendu de la Saint-Maron (9 février 2017) à la fête du premier patriarche, saint Jean-Maron (2 mars 2018).

Présidant la messe du jubilé, le patriarche a affirmé que l’Église maronite « a fait souvenir de tous ceux qui sont tombés en martyrs sur le sol de la patrie depuis le début de la guerre en 1975 (…) ainsi que de celui de tous les innocents qui tombent dans les pays du Machrek ». 

Revenant dimanche dans son homélie dominicale sur le sens profond du martyre, le patriarche a courageusement dénoncé quelques graves injustices qui marquent la vie nationale, dont il a fait des équivalents de « martyrs » des conditions économiques, judiciaires, politiques ou morales qui prévalent.

C’est ainsi qu’il a cité, pour les dénoncer, « l’assassinat et la torture physique, les atteintes à la dignité et la répression des libertés, le lynchage médiatique, les expulsions et l’exode, les arrestations sans jugement, la politisation de la justice ou son déni par la prolongation des procès, la violation du secret de l’instruction pour des raisons politiques ou médiatiques, la révocation arbitraire des fonctionnaires pour des raisons politiques, les accusations infondées, sans possibilité de se défendre, les nominations ou révocations de fonctionnaires clientélistes entachées de confessionnalisme ou d’allégeance politique, les situations de pauvreté qui privent les personnes de leurs droits au logement, à la nourriture, à la scolarisation ou aux soins de santé ».



Reconnaissance officielle

Par ailleurs, à l’occasion de l’année jubilaire, les héritiers du philosophe libanais, auteur et professeur d’université Kamal Youssef el-Hage, et la fondation qui porte son nom ont soumis aux autorités ecclésiastiques maronites une demande de reconnaissance de son martyre, le 2 avril 1976, dans son village de Chébanieh (Haut-Metn).

La demande est endossée par le supérieur général de l’ordre libanais maronite, le P. Malek Bou Tanios, ainsi que par le P. Maroun Chamoun, curé du village de Chébanieh. Elle a été transmise à l’évêque de Kornet Chehwan, Camille Zeidane, dont cette localité relève.

 « Nous avons pensé qu’il était de notre devoir que Kamal Youssef el-Hage (1921-1976) ne soit pas seulement reconnu à sa juste valeur en tant que philosophe, mais encore et surtout en tant que vrai martyr de la foi dans le Christ », affirme la lettre adressée à l’évêque. 

Contemporain de philosophes comme Charles Malek et René Habachi, Kamal el-Hage, qui a fait ses études chez les jésuites et à l’AUB, a enseigné à l’USEK et l’Université libanaise, où il a fondé une section de philosophie libanaise. Son fils, le Pr Youssef el-Hage, lui-même professeur d’université, a veillé à la publication de ses œuvres complètes, et une chaire Kamal el-Hage a été créée à l’USEK, pour en assurer la pérennité.




Parfaite charité

« Si le concile Vatican II précise que le martyre » est considéré par l’Église comme la preuve suprême de la charité « (Lumen Gentium 42), alors Kamal el-Hage a fait preuve d’une parfaite charité, poursuit la demande, souligne la lettre précitée. Il aurait pu facilement quitter son village et sa région, plongés en pleine détresse; mais il a décidé de continuer à servir, et donc à aimer, bien qu’il fût pleinement conscient qu’il y avait à craindre pour sa sécurité. Mais il voulait être, jusqu’à la fin de sa vie, un témoin d’amour. Juste avant d’être enlevé puis abattu sur-le-champ (NDLR : par des miliciens palestiniens se battant aux côtés des milices druzes, croit-on savoir), il revenait d’une réunion qu’il avait présidée en vue de réconcilier les deux factions druzes, oui druzes, de son village. Il y a encore des témoins vivants pour confirmer ce fait. Pour être déclaré martyr, il faut que la mort n’ait pas été recherchée. C’est encore le cas ici. Bien qu’averti des périls qui pouvaient s’abattre sur lui, Kamal el-Hage avait confiance en la providence divine et en la protection de la Sainte Vierge. Nous sommes intimement convaincus que Kamal el-Hage pourrait à terme être béatifié et même canonisé. Nous sommes aussi conscients que cela exige une procédure officielle, ainsi que beaucoup de temps et de recherches. Tout ce que nous pouvons dire, en toute confiance et humilité, c’est que nous croyons que la vie et les écrits philosophiques de Kamal Youssef el-Hage répondent au critère du martyre. » 

La demande transmise à l’évêque rappelle que le patriarche Nasrallah Sfeir, dans son eulogie patriarcale du 21 mars 2006, avait été le premier à saluer « la mémoire du martyr Kamal Youssef el-Hage ». Elle se prévaut aussi de la proclamation patriarcale réclamant que soit « dressée une liste des fils et filles de notre Église qui ont versé leur sang pour leur foi dans le Christ… et dont le martyre remonte à différentes périodes de l’histoire, comme la dernière guerre libanaise » (ouverture du jubilé extraordinaire).



Fidèle aux orientations de la lettre apostolique Tertio Millenio Adveniente, donnée par saint Jean-Paul II le 10 novembre 1994, exhortant les Églises locales à faire « tout leur possible pour ne pas laisser perdre la mémoire de ceux qui ont subi le martyre », l’Église maronite a clôturé par une messe solennelle célébrée par le patriarche Raï à Bkerké un jubilé extraordinaire...

commentaires (2)

ENTRE MARTYR DES CIRCONSTANCES ET BEATIFICATION ET CANONISATION IL Y A UN UNIVERS ! SINON ON FINIRAIT AVEC DES MILLIERS DE SAINTS...

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

09 h 08, le 06 mars 2018

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Commentaires (2)

  • ENTRE MARTYR DES CIRCONSTANCES ET BEATIFICATION ET CANONISATION IL Y A UN UNIVERS ! SINON ON FINIRAIT AVEC DES MILLIERS DE SAINTS...

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    09 h 08, le 06 mars 2018

  • Allah yirhamou w'yirham chouhada lebnen!

    Wlek Sanferlou

    02 h 43, le 06 mars 2018

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