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Campus - CONFÉRENCE

À Panthéon-Assas, Kamal el-Hage et « l’humanéité de l’homme »

De gauche à droite, Ismaïl Zniber (Assas Monde arabe), Georges Zeino (Institut du Liban), Fouad Khayat (Association franco-libanaise d’Assas), Bahjat Rizk, Maya Khadra (Institut du Liban), Youssef el-Hage, Sélim el-Sayegh, Élias Wehbé (Institut du Liban).

Il est des penseurs qui marquent leur siècle et la postérité et dont le legs principal serait surtout une grille de réflexion solide à laquelle on recourt en moment de crise. Kamal Youssef el-Hage (1917-1976) en fait partie, sans conteste. Ce philosophe nommé tour à tour « le chantre de la philosophie libanaise », « le philosophe de la Chris-lamité », ou encore « le philosophe de la langue arabe », est un des piliers de la culture du siècle dernier. À l’occasion du centenaire de 

 Kamal Youssef el-Hage, une conférence a été organisée le 5 février à l’Université Panthéon-Assas, à l’initiative de l’Institut du Liban, d’Assas Monde arabe et de l’Association franco-libanaise d’Assas. À l’ordre du jour : l’identité, le vivre-ensemble islamo-chrétien et la langue arabe.

Un des professeurs fondateurs de l’Université libanaise en 1951, Kamal el-Hage fut aussi le premier traducteur de Bergson en arabe et un philosophe à la pensée toujours d’actualité. Son système philosophique est axé sur l’équipollence générale entre essence et existence ; laquelle équipollence aligne la raison et la foi et les fusionne dans une harmonie transcendantale. Telle est l’essence de la pensée de Kamal el-Hage qui, exprimée en langue arabe, traduit un souci humaniste ; celui de la sauvegarde de « l’humanéité de l’homme », « la langagéité du langage » et « la penséité de la pensée ».

Ces thèmes ont été discutés par Youssef Kamal el-Hage, professeur à l’Université Notre Dame de Louaizé et fils de Kamal el-Hage, Bahjat Rizk, écrivain et attaché culturel de la délégation du Liban auprès de l’Unesco, ainsi que Sélim el-Sayegh, ancien ministre libanais et professeur des universités en France et au Liban. Dans un amphithéâtre rempli d’étudiants et de personnalités du monde académique, culturel et politique parisien, la pensée de Kamal el-Hage s’est acheminée vers le cœur et la raison de chacun des assistants happés par l’alchimie philosophique envoûtante d’el-Hage alors qu’une neige fine commençait à blanchir la place du Panthéon, à l’extérieur.

Bahjat Rizk a disséqué avec méthode les trois temps du discours politique d’el-Hage, et surtout sa promotion d’un projet politique et identitaire qu’il a inscrit dans une universalité spirituelle. « Pour cela, il faut l’appréhender dès le départ comme un ancrage dans l’histoire et un militantisme qui se transcende lui-même, car outre la dimension de l’engagement politique, elle se hisse au niveau de la révélation de l’essence, de l’accomplissement ultime », a-t-il argué. Un avis partagé par Youssef el-Hage, qui a mis en relief le lien intrinsèque entre la philosophie de son père et le Liban, qui « n’est ni à inventer ni à réinventer. Le Liban est ». Ce constat, il l’a étayé au travers d’une frise chronologique à sept séquences commençant par le Liban-Révélation pour aboutir au Liban-Libanitaire au fort message civilisationnel. Quant à Sélim Sayegh, son intervention s’est inscrite dans une dimension plus pragmatique : celle de l’application de la pensée de Kamal el-Hage au Liban à l’heure actuelle.

Le couronnement de ce centenaire, dont la conférence ultime s’est tenue à Paris, est un ouvrage rassemblant toutes les interventions des différentes conférences tenues dans nombre d’universités libanaises et les multiples activités commémoratives (expositions et concerts). La Chaire Kamal Youssef el-Hage a également vu le jour en novembre 2017 à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, établissement académique unique en son genre pour la philosophie libanaise.

42 ans après sa mort, la pensée de Kamal el-Hage ouvre encore des horizons à cette réflexion épineuse : « Penser le Liban. »

Pour mémoire

Hommage à Kamal el-Hage, philosophe engagé


Il est des penseurs qui marquent leur siècle et la postérité et dont le legs principal serait surtout une grille de réflexion solide à laquelle on recourt en moment de crise. Kamal Youssef el-Hage (1917-1976) en fait partie, sans conteste. Ce philosophe nommé tour à tour « le chantre de la philosophie libanaise », « le philosophe de la Chris-lamité », ou encore...

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