Le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk a présenté des excuses « au nom de tous les Libanais » au comédien Ziad Itani, arrêté le 23 novembre 2017 et accusé de collaboration avec Israël, des sources proches du ministère affirmant à L’OLJ que toute l’affaire était « un dossier monté de toutes pièces ».
« Tous les Libanais s’excusent auprès de Ziad Itani. L’innocence ne suffit pas. Notre fierté envers lui et son patriotisme constitue la seule vérité. Malheur aux haineux, aux idiots, aux communautaristes qui n’ont trouvé que cette cible digne, ce Beyrouthin authentique et arabe, qui ne s’est jamais départi de son arabité et de son beyrouthisme », a déclaré M. Machnouk sur son compte Twitter, exprimant sa « gratitude au Premier ministre Saad Hariri qui a suivi le dossier depuis le début ».
M. Itani, dont l’arrestation avait causé une onde de choc, avait fait des aveux relatifs à la surveillance de personnalités politiques pour le compte d’Israël, selon un communiqué du service de la Sécurité de l’État, puis s’était par la suite rétracté, niant les accusations portées contre lui.
Des sources proches du ministère de l’Intérieur contactées par L’Orient-Le Jour ont qualifié l’affaire Itani de « dossier monté de toutes pièces », assurant que « d’autres personnes impliquées dans la fabrication de ce dossier seront bientôt désignées ». Ces sources ajoutent que M. Machnouk était convaincu de l’innocence de M. Itani depuis quelque temps, notamment depuis que l’affaire a été transférée de la Sécurité de l’État aux renseignements des FSI.
Le président de l’association LIFE pour les droits de l’homme, l’avocat Nabil Halabi, qui avait affirmé posséder des informations selon lesquelles l’acteur aurait été victime de torture, a réagi sur Twitter en affirmant que le Premier ministre Saad Hariri avait « œuvré en silence pour transférer le dossier aux renseignements des FSI », à même d’agir avec « professionnalisme pour dévoiler les crimes d’intelligence avec Israël sans avoir recours à la violence pendant les interrogatoires ». L’avocat a ajouté qu’il était « convaincu dès le premier instant de l’innocence de Ziad Itani.
L’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi avait déjà affirmé que M. Itani était innocent et qu’il avait été injustement arrêté. M. Rifi a par la suite révélé que la personne visée était en fait un journaliste proche de lui, du même nom, responsable du site Ayoub News.
Suzanne Hage interrogée
Par ailleurs, l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), Suzanne Hage, est interrogée dans le cadre de cette affaire, selon plusieurs médias locaux. Mme Hage, démise de ses fonctions en octobre et transférée au bureau du directeur général des FSI, Imad Osman, était interrogée en soirée par les services de renseignements des FSI.
Selon un analyste qui suit de près le dossier, Suzanne Hage avait perdu son poste à la suite d’un retweet « malheureux » d’un tweet ironique contre l’Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et elle aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie.
Auparavant dans la journée, la Sécurité de l’État avait publié un surprenant communiqué dans lequel elle démentait avoir usé de la « torture physique ou psychologique » pour extorquer les aveux de l’acteur, ajoutant que « le fait de remettre en question le dossier Itani intervient alors que les élections législatives approchent et rend service à Israël ». La direction générale de la Sécurité de l’État était allée même jusqu’à accuser « des plumes vendues » d’être à l’origine des informations véhiculées par certains supports médiatiques, selon lesquelles Ziad Itani serait innocent, et affirmé se réserver le droit d’assigner en justice quiconque aurait propagé de « fausses informations ».
Pour mémoire
Les interrogations autour de l’arrestation de Ziad Itani se multiplient
commentaires (7)
Toute la République topinambourienne s'excuse...
Un Libanais
12 h 16, le 03 mars 2018