Fendi, visions de vison

L’identité romaine de Fendi est peut-être l’aspect de la marque de luxe auquel la directrice artistique Sylvia Fendi, sous l’égide de Karl Lagerfeld, tient le plus. À Rome se tient le siège et le navire amiral de cette enseigne née, comme beaucoup de grands classiques de la mode actuelle, de la fourrure et de la maroquinerie, des attelages et du raffinement de l’industrie du voyage à ses balbutiements au début du siècle dernier. Et Rome, contrairement à Milan la laborieuse, a une réputation de légèreté, de fantaisie et d’humour que Fendi a toujours soulignée dans ses créations.
Pour la collection automne-hiver 2018-19, Karl Lagerfeld, qui porte désormais la barbe, a littéralement inventé de nouvelles épaules, droites, structurées, en capelines amovibles si on le souhaite, dictant leur attitude à des silhouettes faussement rigides et dont la fluidité se cache dans des plissés latéraux qui assurent souplesse et confort. Le tissage prince-de-galles est à l’honneur dans cette collection très graphique où les classiques britanniques comme l’argyle le disputent à des motifs op art, blancs sur noir, cinétiques à souhait. Le traitement des fourrures, notamment du vison, utilisé avec subtilité, a de tous temps été une base du savoir-faire de Fendi aujourd’hui soumise à la charte de protection des espèces et du respect des animaux. On le retrouve ici tricoté en jacquard ou en bandes sur des robes longues. Le luxe théâtral des capes, la sobriété des silhouettes avec leurs ourlets sous le genou sont compensés par des effets visuels d’une grande richesse. Une collection somptueuse qui salue le départ de Pietro Beccari, le PDG de la marque qui passe dans le giron de Christian Dior Couture après avoir laissé à la maison romaine un chiffre d’affaires à 9 zéros, remplacé par un Serge Brunschwig ébloui par cette nouvelle performance.