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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Le processus de paix israélo-palestinien peut-il se faire sans les Américains ?

Dans une position délicate, Mahmoud Abbas tente le tout pour le tout en lançant un appel pour trouver d’autres soutiens.

Le président Mahmoud Abbas prononçant son allocution au Conseil de sécurité de l’ONU, le 20 février, à New York. Drew Angerer/Getty Images/AFP

Dans son allocution devant le Conseil de sécurité des Nations unies mardi 20 février, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a tenté de convaincre l’ONU d’organiser une grande conférence internationale, en mai 2018, qui marquerait le point de départ d’un « mécanisme international multilatéral » pour la création d’un État palestinien. Cette conférence réunirait les Palestiniens, les Israéliens, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, le quartette pour le Moyen-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne, ONU) et certains pays de la région. Autrement dit, Mahmoud Abbas souhaite que les États-Unis n’aient plus le monopole de la décision ni de la médiation dans le processus de paix israélo-palestinien. Il confirme ainsi officiellement la position prise par les dirigeants palestiniens depuis le séisme politique du 6 décembre 2017 et la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par l’administration Trump. Aux yeux de l’OLP, les États-Unis sont ainsi discrédités de leur statut de médiateur dans le processus de paix. 

(Repère: Ces murs que construit Israël à toutes ses frontières)

En visite à Paris le 22 décembre 2017, le président palestinien a déclaré qu’il n’accepterait « aucun plan de la part des États-Unis à cause de l’esprit partisan (américain) et de la violation du droit international ». « Les États-Unis se sont marginalisés », a-t-il ajouté. En réponse à ces propos, Washington a menacé de couper les fonds américains destinés à l’Unrwa (Office de secours des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) s’ils ne revenaient pas à la table des négociations. Le 14 janvier 2018, Mahmoud Abbas a également qualifié de « claque du siècle » les agissements de Donald Trump. La menace de la Maison-Blanche est mise à exécution peu de temps après, les fonds destinés à l’Unrwa ayant été diminués de moitié (soixante millions de dollars). Les États-Unis représentant la première source financière d’aide aux réfugiés, la réduction du budget a porté un coup très dur à l’institution et au développement de l’éducation, des soins et de la vie des Palestiniens dépendant d’elle.
Washington aura donc poussé Mahmoud Abbas dans ses derniers retranchements pour le forcer à accepter son plan de paix qui se fait attendre. « Les États-Unis essaient de dicter un accord qui ne peut être accepté par aucun dirigeant palestinien », précise à L’Orient-Le Jour Marwan Moacher, directeur adjoint des études du Carnegie et ex-ministre jordanien des Affaires étrangères de 2002 à 2004. « Abbas ne veut pas apparaître comme si les Palestiniens étaient ceux qui se retiraient des négociations. Il ne peut pas non plus accepter les conditions américaines », ajoute-t-il.
Mais de là à imaginer un processus de paix où les Américains auraient un rôle moindre, il y a un pas. 


« Improbable » sans les USA
Pendant des décennies, les États-Unis ont pris le leadership du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. La politique de l’administration Trump s’inscrit en rupture avec cette tradition qui souhaitait ne prendre aucune décision susceptible de contraindre le processus de paix. 

(Lire aussi : Trump pas sûr qu'Israël cherche la paix avec les Palestiniens)

Fidèle à sa parole et en dépit de toute la détermination dont Mahmoud Abbas semble vouloir faire preuve pour ne plus mêler les Américains au processus de paix, Washington conserve un poids décisionnel important et reste le seul capable d’exercer une pression sur Israël. Il demeure également l’un des membres permanents du Conseil de sécurité, capable d’imposer son veto en cas de vote qu’il juge injuste envers l’État hébreu et ainsi de rendre celui-ci non valide. C’est pourquoi, malgré son appel pour la reconnaissance d’un État palestinien, « la communauté internationale a très peu de marge de manœuvre sans les États-Unis », constate Marwan Moacher. « Je ne pense pas qu’il soit réaliste pour un pays autre que les États-Unis de jouer un rôle de premier plan dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. Le rôle historique des États-Unis dans cet effort et l’insistance d’Israël à le préserver rendent improbable tout autre médiateur », confie à L’OLJ Daniel Shapiro, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël de 2011 à 2017. 

La stratégie de l’OLP de chercher d’autres intermédiaires est un pari risqué pour le dirigeant palestinien. « Je pense que c’était une erreur. À un certain moment, lui ou son successeur devront revenir à la coopération avec les États-Unis s’ils ont l’espoir de réaliser les aspirations légitimes des Palestiniens », précise Daniel Shapiro. L’ancien ministre jordanien des Affaires étrangères voit mal un acteur autre que les États-Unis prendre la direction du processus de paix entre les deux parties. « La triste réalité est que la communauté internationale n’a pas prouvé qu’elle a le désir ou la volonté de prendre la direction du processus », regrette-t-il. « La seule partie qui veut vraiment un État palestinien est maintenant les Palestiniens (et, bien sûr, le monde arabe). Les Israéliens ne sont pas intéressés par une solution à deux États, et les Américains mettent tous les obstacles qui empêchent la création d’un tel État », conclut Marwan Moacher.


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commentaires (2)

JAMAIS !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 19, le 26 février 2018

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Commentaires (2)

  • JAMAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 19, le 26 février 2018

  • Va te trouver des freres pour t'aider en te fournissant des armes et arrete de pleurer comme une madeleine , ya abou mazen.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 27, le 26 février 2018

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