Les Forces démocratiques syriennes (FDS), la coalition arabo-kurde alliée des États-Unis en Syrie, détiennent désormais « des centaines » de ces jihadistes étrangers, a indiqué le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, à l’issue de cette réunion. Les États-Unis ne veulent pas que les prisonniers restent en Syrie, où la situation n’est pas assez stable pour garantir que ces jihadistes ne puissent reprendre les armes et où les centres de détention des FDS risquent d’être débordés. Ils souhaitent que chaque combattant étranger soit pris en charge par son pays d’origine. « Le fond du problème, c’est que nous ne voulons pas qu’ils se retrouvent dans les rues d’Ankara ou Tunis, nous ne voulons pas qu’ils reviennent dans celles de Paris ou Bruxelles, de Kuala Lumpur ou New Delhi, de Kaboul ou Riyad », a ajouté M. Mattis dans l’avion le conduisant de Rome à Bruxelles, deuxième étape d’une tournée européenne largement consacrée à la lutte antijihadiste. « C’est un problème international, et il doit être réglé par tous ceux qui sont concernés », a-t-il ajouté.
Mais plusieurs pays ont refusé de récupérer certains de ces jihadistes, notamment ceux qui sont détenteurs de plusieurs nationalités, comme Alexanda Amon Kotey et El-Shafee el-Sheikh, qui faisaient partie d’un quatuor surnommé par leurs otages « les Beatles », en raison de leur accent anglais. Or Londres ne souhaite pas que ces deux prisonniers, accusés d’être responsables de la détention et de la décapitation d’environ une vingtaine d’otages, notamment des Occidentaux parmi lesquels le journaliste américain James Foley, décapité en 2012, reviennent sur le sol britannique. Alexanda Kotey, âgé de 34 ans, possède les nationalités britannique, ghanéenne et chypriote.
Emprisonnés à Guantanamo ?
« Ne rien faire n’est pas une option », a noté M. Mattis. Interrogé sur la possibilité que ces détenus étrangers soient emprisonnés sur la base de Guantanamo, il s’est abstenu de répondre. Le chef du Pentagone a également évoqué la nécessité de relancer les services publics des zones de l’est de la Syrie dont l’EI a été chassé pour que l’activité puisse reprendre. Les États-Unis craignent que l’EI reprenne pied dans ces zones si la population ne retrouve pas rapidement une vie quotidienne proche de la normale. Ils ne veulent pas attendre les programmes massifs de reconstruction de la Syrie que pourrait permettre une solution diplomatique sous l’égide de l’ONU.
Les FDS se retrouvent submergées par les jihadistes faits prisonniers au gré des victoires militaires de la coalition, parmi lesquels plusieurs centaines d’étrangers qui ont été capturés ou se sont rendus depuis la prise de Raqqa.
Outre cette question sensible, les débats ont porté sur la poursuite des combats dans la vallée de l’Euphrate où les derniers jihadistes se sont réfugiés, et sur l’opération militaire turque dans l’enclave frontalière de Afrine contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), composante kurde des FDS. La Turquie considère les YPG comme une organisation terroriste alors que les États-Unis, qui comptent sur ces combattants kurdes pour éliminer les derniers jihadistes de l’EI, considèrent l’opération turque comme une « distraction » qui éloigne la coalition de son objectif premier : l’élimination totale de l’EI.
Source : AFP
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