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À La Une - Justice

"Jugez-le comme vous jugeriez Dupont": l'avocat d'Abdeslam réclame l'impartialité

A l'issue du procès, le jugement sera mis en délibéré. Il devrait être rendu dans plusieurs semaines.


Des dossiers reposent sur une table du palais de Justice de Bruxelles, le 8 février 2018, au second jour du procès de Salah Abdeslam et Sofien Ayari, jugés pour une fusillade en 2016 avec des policiers. REUTERS/Francois Lenoir

"Jugez-le comme vous jugeriez Dupont!" Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam, a demandé jeudi à la justice belge de rester impartiale avec son client et de se concentrer uniquement sur le dossier de la fusillade avec des policiers en mars 2016 pour lequel il est jugé à Bruxelles.

Présent le premier jour lundi, le seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015 a ensuite refusé de comparaître. Malgré son absence, son avocat Sven Mary a maintenu sa plaidoirie jeudi, deuxième et dernier jour de procès, par "respect" pour la justice, et pour tenter de démonter l'accusation qui a réclamé 20 ans de prison. "Ce dossier est pollué par tout ce que vous avez lu, vu, entendu (...) Je vous demande de juger Salah Abdeslam comme vous jugeriez Dupont", a-t-il lancé au tribunal.

Alors que le jihadiste français de 28 ans a défié ses juges lundi, disant placer sa confiance seulement en "Allah", Sven Mary l'a dépeint en "stoïcien qui accepte le sort qui est le sien". "Mais moi, ce sort, je peux l'impacter", a affirmé le pénaliste réputé pugnace. Pour lui, son client n'est ni auteur ni "coauteur" - la thèse de l'accusation - des tirs d'armes automatiques essuyés par des policiers lors d'une perquisition le 15 mars 2016 dans la commune bruxelloise de Forest

Une même peine de vingt ans de prison, avec 13 ans de sûreté, soit le maximum pour les faits jugés, a été requise lundi par le parquet fédéral contre Abdeslam et son coprévenu Sofiane Ayari, jihadiste tunisien de 24 ans. Tous deux doivent répondre de "tentative d'assassinat sur plusieurs policiers" et "port d'armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste", une qualification vivement contestée jeudi par les avocats de la défense.

S'ils s'étaient comportés comme des terroristes, a soutenu un conseil d'Ayari, Me Isa Gultaslar, ils seraient morts en martyrs "ce statut privilégié recherché par tous". "Eux, ce qu'ils voulaient ce n'est justement pas mourir, mais fuir", a-t-il affirmé.

Tandis que Sofiane Ayari se retrouvait seul face au tribunal, les yeux froncés, concentré à l'écoute de son interprète, Salah Abdeslam a été raillé pour son absence par les parties civiles jeudi matin.


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"Une histoire belgo-belge"
"Son comportement et son opportunisme me fatiguent", a affirmé à l'audience Me Tom Bauwens, l'avocat de deux policiers des unités spéciales belges. "Ils sont musulmans quand ça les arrange, jihadistes quand ça les arrange. Il va se moquer de notre Etat de droit (...) de tout le monde", a fustigé Me Bauwens.
Il a aussi évoqué les "lésions cérébrales" dont souffre un des policiers, touché à l'oreille lors de la fusillade et qui a dû arrêter de travailler. "Il ne peut plus se promener sans le risque de tomber, c'est ça la réalité", a dit cet avocat.

Le procès de Bruxelles, qui s'est déroulé sous haute sécurité, n'est qu'un préambule à celui qui aura lieu à Paris pour les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts). Mais il était très attendu car les deux coprévenus sont tous deux impliqués dans ces attaques parisiennes ou leurs préparatifs.


(Pour mémoire : Salah Abdeslam anéantit les minces espoirs qu'il parle enfin)


Trois policiers avaient été blessés, et un jihadiste algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, tué en faisant face aux policiers arme à la main pour couvrir la fuite d'Abdeslam et d'Ayari.     

Les deux fuyards avaient été interpellés trois jours plus tard, le 18 mars, à Molenbeek, une autre commune de Bruxelles, une arrestation considérée par les enquêteurs comme l'élément déclencheur des attentats dans la capitale belge (32 morts le 22 mars 2016).

A l'issue du procès, le jugement sera mis en délibéré. Il devrait être rendu dans plusieurs semaines.

Le tribunal devra aussi statuer sur une demande d'annulation de la procédure présentée jeudi par Me Sven Mary, en raison d'un problème d'emploi du français à la place du néerlandais pour rédiger certains documents. "Une histoire belgo-belge", a reconnu l'avocat.

A la mi-journée, l'Administration pénitentiaire française a fait savoir que son client avait été reconduit à la prison de Fleury-Mérogis en région parisienne, après avoir passé trois nuits dans celle de Vendin-le-Viel (nord de la France) où il était censé séjourner toute la durée du procès.


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