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Liban - Social

Nouvelle grève des enseignants ; les comités des parents furieux

Plusieurs centaines de milliers d’élèves seront en congé forcé à partir d’aujourd’hui et pour trois jours.

Plusieurs centaines de milliers d’écoliers seront aujourd’hui, et pour les deux prochains jours, en congé forcé, après le maintien par le syndicat des enseignants des écoles privées présidé par Rodolphe Abboud d’une deuxième grève d’avertissement, cette fois de trois jours (5-7 février), pour obtenir que les établissements règlent l’intégralité des majorations prévues par la nouvelle grille des salaires, ainsi que six échelons auxquels ils assurent avoir droit. Une première journée de grève d’un jour l’avait précédée, en janvier. Les écoles privées, en particulier les écoles catholiques, contestent le bien-fondé des six échelons et affirment que c’est à l’État d’assumer le financement de cette majoration particulière, s’il la juge justifiée. Son coût a été estimé à 200 millions de dollars pour l’année scolaire 2017-2018.

Le maintien de leur ordre de grève par les enseignants, malgré des négociations multilatérales les incluant directement et indirectement, a suscité la fureur de plusieurs comités de parents. C’est ainsi que, selon une source informée, le regroupement des parents du Metn a menacé de ne plus payer les scolarités du troisième trimestre, si l’ordre de grève était maintenu. Les parents d’élèves de la Sainte-Famille française ont menacé de soustraire 50 000 LL des scolarités du troisième trimestre pour chaque jour de grève observé, précise-t-on de même source.

Ces menaces s’expliquent notamment par la crainte de voir le syndicat des enseignants durcir encore ses positions et mettre à exécution sa menace de grève ouverte, si les écoles privées ne réagissent toujours pas favorablement à ses exigences, après la grève actuelle.


(Pour mémoire : Les instituteurs maintiennent leur grève)


Réactions diversifiées

Du côté des écoles privées, les réactions au mouvement de grève des enseignants ne sont pas uniformes. Ainsi, si un certain nombre de grandes écoles privées ont satisfait les exigences de leurs enseignants, un bon nombre d’autres continuent de refuser le paiement des six échelons. Dans ce lot figurent de nombreuses écoles privées communautaires, dont les écoles catholiques, qui viennent de recevoir la caution du patriarche maronite en personne, à l’issue de la réunion intercommunautaire du Rassemblement éducatif de Bkerké (REB), le 1er février, à laquelle assistaient aussi les deux cosecrétaires du Comité national pour le dialogue. Fustigeant le gaspillage et la corruption, le patriarche, rejoint par l’assistance, y avait défendu le principe du financement par l’État des six échelons. 

De source proche des écoles catholiques, on souligne en outre que le premier jour de grève d’avertissement des enseignants n’a été suivi que très partiellement (63 %), principalement dans les régions à prédominance chrétienne du pays. Ces sources s’attendent à ce que la grève de trois jours ait encore moins de succès. Il reste, assurent-elles, que sur 659 000 élèves pris en charge par le secteur privé, elle affectera quand même entre deux et trois cents milliers d’inscrits.


(Pour mémoire : Le dossier des enseignants du privé devra attendre... que l’orage passe)


Dans les milieux des écoles catholiques, on fait valoir que le paiement des majorations dues en vertu de la grille des salaires et des six échelons va contraindre plus de 200 écoles (entre petits établissements et écoles gratuites), scolarisant 142 000 élèves, à fermer leurs portes dès la fin de l’année scolaire en cours. Et de relever que cette catastrophe entraînerait le licenciement de plusieurs milliers d’enseignants (jusqu’à 14 000, si l’on adopte le ratio moyen d’un enseignant pour 10 élèves). 

Des efforts sont donc entrepris pour convaincre le syndicat des enseignants d’accepter des solutions douces à leurs exigences, comme d’attendre que l’État réagisse favorablement à la demande de subventionnement présentée par le rassemblement de Bkerké (une demande qui aurait l’assentiment de principe du chef de l’État), ou encore l’échelonnement du paiement des six échelons, comme l’a proposé le ministre de l’Éducation nationale. Certes, on comprend dans ces milieux les réticences syndicales à croire sur parole un État gangréné par la corruption et le communautarisme, mais on fait valoir, en échange, les risques encourus par une politique d’intransigeance marquée uniquement par la défense d’intérêts sectoriels, sans prise en compte de l’intérêt national.





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Plusieurs centaines de milliers d’écoliers seront aujourd’hui, et pour les deux prochains jours, en congé forcé, après le maintien par le syndicat des enseignants des écoles privées présidé par Rodolphe Abboud d’une deuxième grève d’avertissement, cette fois de trois jours (5-7 février), pour obtenir que les établissements règlent l’intégralité des majorations prévues...

commentaires (1)

l'éducation est le premier pilier de la république. L'importance de l'école privée n'est plus à démontrer.... au Liban, elle est majeure. Il faut à tout prix maintenir cette force vive inestimable dans notre pays. Au risque de perdre tout le système éducatif libanais que beaucoup nous envient dans la région. L'école et le réseau universitaire privé sont pour beaucoup...

Sarkis Serge Tateossian

02 h 56, le 05 février 2018

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Commentaires (1)

  • l'éducation est le premier pilier de la république. L'importance de l'école privée n'est plus à démontrer.... au Liban, elle est majeure. Il faut à tout prix maintenir cette force vive inestimable dans notre pays. Au risque de perdre tout le système éducatif libanais que beaucoup nous envient dans la région. L'école et le réseau universitaire privé sont pour beaucoup...

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 56, le 05 février 2018

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