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Liban - Législatives

À Tripoli, autant de listes que de ténors...

Les principaux protagonistes de la ville semblent vouloir mener leurs batailles en solo.

Mohammad Safadi. Photo d’archives

Si l’on est en droit de s’attendre à une bataille électorale décisive dans la circonscription à dominante chrétienne du Liban-Nord (Zghorta-Bécharré-Koura et Batroun), dans la mesure où c’est là que se décidera l’avenir du leadership chrétien, voire peut-être le profil du prochain chef de l’État, celle de Tripoli-Minieh-Denniyé promet d’être tout aussi « chaude ». D’autant que certains observateurs estiment que c’est de l’issue du scrutin dans cette circonscription que sera déterminé le poids respectif des protagonistes sunnites du pays, et du même coup l’identité du futur Premier ministre.

La compétition pour les onze sièges de cette circonscription (8 sunnites, un maronite, un grec-orthodoxe et un alaouite) est importante dans la mesure où elle opposera des ténors de la ville de Tripoli. Certains vont même jusqu’à dire qu’il y aura presque autant de listes que de ténors. À ce propos, l’ancien ministre des Finances Mohammad Safadi (toujours indécis au sujet des législatives) a lui-même parlé de cinq listes possibles. Il s’exprimait à l’issue d’un entretien avec la chef de la Délégation de l’Union européenne à Beyrouth, Christina Lassen.
Les regards sont d’abord braqués sur le courant du Futur, qui devra faire face aux principaux adversaires ou simplement concurrents du Premier ministre, Saad Hariri, dans la rue sunnite. Il s’agit bien entendu, outre M. Safadi, de l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, farouche opposant au compromis conclu entre le chef de l’État, Michel Aoun, et M. Hariri, de l’ancien chef de gouvernement Nagib Mikati, de l’ex-ministre Fayçal Karamé et de l’ancien député Misbah Ahdab.

L’âpreté de la bataille ne semble réduire en rien la détermination des haririens à prendre part à la compétition, même s’ils sont conscients de leur incapacité à rafler les onze sièges de la circonscription.

Moustapha Allouche, coordinateur du courant du Futur à Tripoli, explique dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que son parti entend mener la bataille seul à travers des listes complètes. Selon lui, « quatre listes se disputeront les sièges de la circonscription : une parrainée par Nagib Mikati, une autre appuyée par Achraf Rifi, une troisième que formeront les alliés du Hezbollah dans la ville (à l’instar du Parti arabe démocratique de Rifaat Eid), aux côtés de celle du courant du Futur ».
Répondant à une question concernant les alliances électorales du parti de Saad Hariri, M. Allouche rappelle que le nouveau système électoral réduit l’importance des alliances élargies.

Mais, en dépit de ce constat, nombreuses sont les interrogations autour de la position du Futur quant aux sièges maronite et grec-orthodoxe de la circonscription. Et pour cause : le siège grec-orthodoxe était occupé par Robert Fadel, indépendant proche du courant du Futur. Il a présenté sa démission le 30 mai 2016, soit au lendemain des municipales remportées par Achraf Rifi. Quant au siège maronite, il est détenu par le député Kataëb Samer Saadé. Mais aujourd’hui, les positionnements politiques opposés de Saïfi et de la Maison du Centre réduisent les chances d’un rapprochement électoral entre les deux partis. Convaincu de cela, Moustapha Allouche fait valoir qu’un soutien haririen à des candidats du Courant patriotique libre ou des Forces libanaises « est à l’étude ». Il laisse ainsi entendre que cette question sera au centre de négociations électorales entre les trois partis. Certains n’écartent pas un possible marché incluant d’autres régions.


Le phénomène Achraf Rifi
Tout comme le courant du Futur, Achraf Rifi semble vouloir mener seul la bataille au Liban-Nord. Fort des résultats des municipales de 2016 (où il a réussi à remporter l’écrasante majorité des sièges du conseil municipal de la capitale du Nord), M. Rifi est confiant qu’il « n’a besoin de parler à personne à Tripoli », pour reprendre les termes d’un proche de l’ancien ministre, interrogé par L’OLJ. « Les municipales ont créé un phénomène populaire qui s’est accentué depuis le début du mandat de Michel Aoun », indique-t-il, assurant que les candidats soutenus par M. Rifi seront représentatifs de l’électorat qui l’a soutenu en 2016.

Achraf Rifi converge avec le leader des Kataëb Samy Gemayel sur ce qu’ils appellent tous deux « des principes souverainistes ». Les deux hommes poursuivent leurs contacts politiques pour renforcer l’opposition. Mais, en dépit de cela, les milieux proches de l’ancien ministre de la Justice préfèrent ne pas évoquer la question du siège de Samer Saadé, encore moins celle du siège grec-orthodoxe.

Une alliance Mikati-Karamé ?
De même, Nagib Mikati continue à accorder ses violons avant le scrutin de mai. Il confie à L’OLJ qu’il ne mène actuellement pas de contacts avec qui que ce soit dans la perspective des législatives. Sauf que Fayçal Karamé, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et fils de l’ancien chef de gouvernement Omar Karamé, dit être le principal allié de M. Mikati. Ayant défini les grandes lignes de leur rapprochement électoral, MM. Mikati et Karamé œuvrent aujourd’hui pour défaire le nœud des listes, apprend-on de source proche de l’ancien ministre. Dans les mêmes milieux, on assure que des alliances avec Achraf Rifi et le courant du Futur sont « impossibles », et qu’il est fortement question d’inclure Jean Obeid (ancien ministre des Affaires étrangères) à la (ou les) liste(s) en gestation. On ajoute de même source que M. Mikati avait proposé le nom de Nicolas Nahas, ancien ministre de l’Économie, pour le siège grec-orthodoxe, et que des contacts sont en cours avec Jihad Samad pour le siège sunnite de Denniyé.

La société civile, le pari d’Ahdab
Se démarquant de tous ses adversaires, Misbah Ahdab semble miser sur les factions de la société civile de Tripoli. Joint par L’OLJ, M. Ahdab insiste sur l’importance de se tenir « aux côtés de ceux qui ont vécu des moments difficiles ». « Je ne vais pas m’allier à ceux qui ont donné une image erronée de la ville », dit-il. Une allusion aux principaux leaders politiques de Tripoli qu’il accuse d’avoir « vendu des armes lors des batailles de Bab el-Tabbané et Jabal Mohsen ». « Je suis actuellement en contact avec plusieurs personnalités, dont Nehmé Mahfoud (ancien président du syndicat des enseignants) », conclut Misbah Ahdab.


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Si l’on est en droit de s’attendre à une bataille électorale décisive dans la circonscription à dominante chrétienne du Liban-Nord (Zghorta-Bécharré-Koura et Batroun), dans la mesure où c’est là que se décidera l’avenir du leadership chrétien, voire peut-être le profil du prochain chef de l’État, celle de Tripoli-Minieh-Denniyé promet d’être tout aussi...

commentaires (2)

LES SEULS QUI MERITENT DE GAGNER SONT CEUX QUI N'ONT PAS PARTICIPE DEPUIS 9 ANS AU GOUVERNEMENT OU AU PARLEMENT SI VRAIMENT NOUS VOULONS QUE LES CHOSES CHANGENT. SINON REELISONS LES MEMES ET CRIONS APRES QUE RIEN NE VA DANS CE PAYS . CETTE FOIS CI C'EST NOUS QUI SERONT FAUTIFS , PAS EUX

LA VERITE

12 h 58, le 31 janvier 2018

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Commentaires (2)

  • LES SEULS QUI MERITENT DE GAGNER SONT CEUX QUI N'ONT PAS PARTICIPE DEPUIS 9 ANS AU GOUVERNEMENT OU AU PARLEMENT SI VRAIMENT NOUS VOULONS QUE LES CHOSES CHANGENT. SINON REELISONS LES MEMES ET CRIONS APRES QUE RIEN NE VA DANS CE PAYS . CETTE FOIS CI C'EST NOUS QUI SERONT FAUTIFS , PAS EUX

    LA VERITE

    12 h 58, le 31 janvier 2018

  • LE FUTUR GRAND PERDANT A TRIPOLI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 56, le 31 janvier 2018

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