Le mois dernier, les combats ont forcé Bahr Diab à fuir sa maison dans le sud du gouvernorat d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, la dernière grande région aux mains des insurgés. C'était la quatrième fois depuis le début de la guerre, il y a près de sept ans, qu'il devait fuir les affrontements avec sa femme et ses quatre enfants. Lorsque le conflit a éclaté en 2011, il habitait près de la frontière libanaise. Il a d'abord dû fuir vers l'est, puis vers le nord, à la recherche d'une relative sécurité. Aujourd'hui, il se retrouve non loin de la frontière turque.
"A chaque fois que je devais fuir et m'installer ailleurs, je construisais une maison. Mais ensuite il fallait encore partir...", raconte-t-il dans le camp de Kelbit, à quelques kilomètres de la frontière turque, où des centaines de réfugiés vivent dans la boue et le froid. "Aujourd'hui, ma maison c'est cette tente", ajoute-t-il en montrant son abri.
Bahr Diab et les siens ont dû fuir l'offensive menée par l'armée syrienne et ses alliés pour reprendre le contrôle de la région d'Idleb. Les réfugiés disent qu'ils n'ont jamais connu de tels bombardements depuis le début de la guerre.
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Terribles bombardements
Les autorités locales, contrôlées par les islamistes, sont débordées et peinent à accueillir cet exode de civils - 36.000 familles déplacées, dont près de la moitié installée près de la frontière turque. La Turquie, qui a déjà accueilli trois millions de réfugiés, a fermé la frontière.
Bahr Diab, arrivé à Kelbit il y a trois semaines, se plaint du froid et de l'humidité. Mais ici, au moins, il se sent à l'abri des bombardements aériens. "La zone frontalière est plus sûre. Là d'où nous venons, des avions passaient au-dessus de nous vingt fois par jour, les femmes et les enfants étaient terrifiés", se rappelle-t-il.
Un autre réfugié venu de la région de Sinjar, Abdulhamid, affirme n'avoir jamais connu de tels bombardements depuis 2011. "Il y a déjà eu beaucoup de civils tués mais à ce point-là, jamais", dit cet homme de 43 ans, père de six enfants. "C'est de la folie pure. C'est la première fois que je vois des civils volontairement pris pour cibles dans des écoles, des mosquées, des quartiers entiers." Abdulhamid précise que sa maison dans la ville de Sinjar a été détruite et qu'il a mis trois jours pour gagner la zone frontalière. Il n'a plus de nouvelles de ses sœurs, de ses frères et de leurs femmes.
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Six familles par tente
Près du camp improvisé, le Croissant-Rouge turc dresse 500 nouvelles tentes qui pourront bientôt accueillir des familles mais Hassan Darwiche, un responsable local, se plaint de manquer de vivres et d'abris pour les nouveaux venus.
Il y a actuellement 1.300 familles déplacées dans le secteur de Kelbit, dont 300 n'ont pu trouver de place dans le camp. Dans toute la région frontalière, ce sont 71.000 familles dont il faut s'occuper, dit-il. Le Programme alimentaire mondial (PAM) apporte son aide mais cela ne couvre même pas la moitié des besoins, ajoute Hassan Darwiche. "La région ne peut plus absorber de nouveaux réfugiés (...) Dans certains camps, il y a cinq ou six familles par tente."
Rakkan Khalil, avec sa femme et ses six enfants, aimerait passer en Turquie mais cela n'est plus possible. En s'approchant du poste-frontière de Bab al Haoua, une inscription barre la route: "On peut fermer tous les passages et toutes les routes mais pas le chemin vers Dieu."
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commentaires (2)
LES TARES... E.I., NOSRA ET AUTRES... TOUS ORGANISES, PUIS GRANDI SI VITE... SONT ISSUS DES PRESQUE 5000 TERRORISTES LACHES DES PRISONS SYRIENNES. ILS ONT SERVI... AVEC L,HEBETUDE DES OCCIDENTAUX... A ETOUFFER LA REBELLION SYRIENNE !
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 56, le 19 janvier 2018