La présence des chrétiens en Orient est une mission

De Nantes à Beyrouth... La vie se remplit de hasards, de destins mêlés de bonheurs et d'épreuves. Je remercie mon destin de m'avoir transportée de Nantes à Beyrouth, de l'Occident à l'Orient. J'ai tant appris, je suis devenue si « riche », si cultivée grâce aux multiples et différentes rencontres. Je suis devenue libanaise dans mon corps de Française. De l'Orient, j'aime tout ou presque. Mais je ne renie pas la France. Jamais. Je reste une Française à l'étranger. Le fait de ne pas réussir à parler couramment et m'accaparer cette langue locale est peut-être un clin d'œil de mon « corps » à cet affront permanent que je lui impose par mon amour débordant de l'Orient. Mon travail d'élue m'emmène en Syrie depuis 3 ans. Pays en guerre, j'ai pourtant découvert un pays avec une âme véritable, des lieux saints magnifiques qui ont bouleversé ma foi comme jamais. Loin des médias, j'ai visité des églises saccagées, j'ai vu des visages, j'ai senti la mort, j'ai compris la détresse. Alep. Homs. Et beaucoup d'autres endroits... Tous ces lieux sont à l'origine de la religion chrétienne.
Aussi, j'ai connu le Kurdistan irakien. J'ai beaucoup circulé. Ses camps. Ses réfugiés. Ses églises. Ses prêtres, avec une pensée particulière pour le père Nagib, exceptionnel. Un des derniers à être partis de Mossoul avec des centaines d'ouvrages uniques, sauvés des mains des terroristes. Les religieux en Irak et en Syrie sont unanimes et adressent un message commun à la communauté internationale : non aux visas pour notre communauté chrétienne ! Laissez-les-nous sur nos terres. En effet, tous ces hommes et femmes, une fois partis, ne reviendront plus, et, une fois arrivés en Occident, pratiquent de moins en moins et leurs enfants ne pratiqueront plus.
Nous autres Occidentaux, nous portons une grosse responsabilité. Nous alimentons une guerre qui détruit, pousse à l'exode et extermine entre autres des chrétiens, entraînant leur disparition. C'est-à-dire l'extinction des sources de notre religion. Or, nos valeurs reposent essentiellement sur nos racines. En nous coupant d'elles, c'est notre système de valeurs qui est menacé. Une disparition des chrétiens en Orient peut entraîner la disparition des chrétiens tout court. Ce sera, alors, l'aboutissement de la politique menée et souhaitée par les Occidentaux.
Mes vœux pour 2018 sont simples. Un travail en profondeur pour assurer le maintien des chrétiens en Orient, et ceci en écoutant les hommes et les femmes de terrain qui restent les meilleurs conseillers... Messieurs les dirigeants, écoutez les nombreux ecclésiastiques qui vivent au Levant et particulièrement dans les pays en guerre. Mais, surtout, moins de communications et d'exploitations hasardeuses de ce sujet si crucial. Le thème des chrétiens d'Orient est en effet exploité par beaucoup d'associations en France. Il y en a de bonnes et de moins bonnes.
Je continuerai mon engagement sur le terrain auprès d'eux. À les écouter et à les aider à mon niveau certes modeste, grâce entre autres à l'association Les Enfants du Levant et mes amis qui m'accompagnent dans cette belle aventure. Comme disait Mère Teresa : « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n'est qu'une goutte dans l'océan. Mais si cette goutte n'existait pas dans l'océan, elle manquerait. »
Bonne année 2018.