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Nécessaire « désiranisation »

L'éventualité d'une implosion de la République islamique iranienne était souvent évoquée dans les couloirs de certaines chancelleries ou bien aussi parmi des journalistes suffisamment versés dans les affaires perses. Mais il ne s'agissait alors que d'analyses et de spéculations, le plus souvent accueillies avec scepticisme. Aujourd'hui, un tel scénario est devenu une réalité bien tangible : la fronde populaire dont l'Iran a été le théâtre à la fin du mois de décembre et au début du mois de janvier a illustré de manière probante à quel point l'Iran peut basculer en quelques jours dans l'instabilité chronique.

Les facteurs qui peuvent servir de catalyseurs à un bouleversement profond, source de changement, sont légion. Les observateurs avertis mettaient en évidence à cet égard les effets du pluralisme ethnique de la société iranienne avec ses composantes perse, arabophone, kurde, azérie... La récente fronde a dévoilé en outre d'autres paramètres quelque peu occultés jusqu'à présent : une sourde lutte pour le pouvoir, plus précisément pour la succession du guide suprême, entre le camp dit « modéré » et celui des pasdaran et de l'aile radicale ; une crise économique aiguë (exportation de la révolution oblige...) ; un fort taux de chômage (près de 30 % parmi les jeunes) ; le ressentiment provoqué par la corruption d'une partie de la classe politique ; l'émergence d'une jeunesse assoiffée d'ouverture, etc.

L'ensemble de ces données constituent autant de brèches qui pourraient représenter potentiellement des causes de bouleversements internes. D'ailleurs, en moins d'une petite semaine, la fronde a fait tache d'huile et s'est étendue à près de 80 localités de la périphérie. De quoi faire réfléchir sans doute un parti comme le Hezbollah qui puise toute sa force et ses moyens d'action de la source iranienne. Lors des derniers troubles, les réseaux sociaux ont relayé largement une séquence vidéo dans laquelle le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, soulignait avec satisfaction que tout le financement ainsi que l'aide militaire ou sociale qu'il reçoit provient de Téhéran.

Dans le contexte régional et international actuel que nul n'ignore, l'ensemble de ces faits objectifs nous amènent à une conclusion qui peut paraître une lapalissade, mais qui est trop souvent camouflée. En se plaçant entièrement au service d'un projet régional hégémonique, le Hezbollah rend son sort – et par ricochet celui de sa communauté – totalement tributaire de la situation intérieure en Iran ou d'un quelconque marché que le pouvoir des mollahs pourrait être contraint de conclure et dont son allié libanais risquerait de faire les frais. La conjoncture au Moyen-Orient est trop changeante et explosive pour qu'un tel cas de figure ne soit pas envisagé. Le temps de la confortable hibernation politique instaurée par la guerre froide avec l'empire soviétique est révolu. C'est toute la région qui est aujourd'hui en ébullition.

Cela a une conséquence directe qui pourrait être qualifiée de primaire mais que certains (en l'occurrence les dirigeants du parti chiite) ont peut-être de la peine à admettre : la véritable garantie qui peut assurer le rôle et la place de la communauté chiite au Liban réside dans l'établissement de rapports de confiance, équilibrés, sereins et rationnels, avec les partenaires locaux, et non pas dans l'ancrage aveugle et inconditionnel à un parrain régional dont le sort est lui-même incertain.

En clair, c'est en misant sur la voie de la « libanisation » plutôt que de « l'iranisation » que le Hezbollah pourra garantir son avenir et celui de sa communauté. Des relations fondées sur la seule logique de la force et de la coercition sont par essence éphémères, parce que tributaires de facteurs externes que l'on ne peut maîtriser. À l'époque de la tutelle syrienne, nous avions souligné à maintes reprises dans ces mêmes colonnes que le régime syrien commettait l'erreur stratégique de vouloir imposer aux Libanais des relations dites « privilégiées » basées exclusivement sur l'intimidation, la corruption et le diktat d'un appareil sécuritaire fonctionnant à coups de menaces et de noyautage des différents cercles du pouvoir. On a vu le résultat...

Parier sur la puissance du pouvoir des mollahs iraniens est, certes, payant à court et moyen terme. Mais dans une optique stratégique à long terme, l'option libaniste offre, à n'en point douter, des garanties plus solides. Élémentaire, mon cher Watson...

L'éventualité d'une implosion de la République islamique iranienne était souvent évoquée dans les couloirs de certaines chancelleries ou bien aussi parmi des journalistes suffisamment versés dans les affaires perses. Mais il ne s'agissait alors que d'analyses et de spéculations, le plus souvent accueillies avec scepticisme. Aujourd'hui, un tel scénario est devenu une réalité bien...

commentaires (10)

La messe st dite pour le Hezbollah et tout autre Hezbollah quelque soit son idéologie. Il est temps a toute les composante Libanaise de bien relire l'histoire du pays et surtout comprendre qu'il n'a été en paix que lorsqu'ils étaient tous unis contre l’étranger et qu'il n'a été détruit que lorsqu'une de ses parties ou communautés a choisi de servir des intérêts étrangers. Au final cette entité a été détruite et le pays est revenu a ses citoyens loyaux. C'est ce qui arrivera aux chiites ou autres personnes si pour ces dernières élections ils ne réagissent pas pour donner un message fort au Hezbollah, Amal et autres PSNS ou partis djihadiste en leur limitant leur représentation parlementaire pour les 5 années qui vont suivre.

Pierre Hadjigeorgiou

12 h 03, le 18 janvier 2018

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Commentaires (10)

  • La messe st dite pour le Hezbollah et tout autre Hezbollah quelque soit son idéologie. Il est temps a toute les composante Libanaise de bien relire l'histoire du pays et surtout comprendre qu'il n'a été en paix que lorsqu'ils étaient tous unis contre l’étranger et qu'il n'a été détruit que lorsqu'une de ses parties ou communautés a choisi de servir des intérêts étrangers. Au final cette entité a été détruite et le pays est revenu a ses citoyens loyaux. C'est ce qui arrivera aux chiites ou autres personnes si pour ces dernières élections ils ne réagissent pas pour donner un message fort au Hezbollah, Amal et autres PSNS ou partis djihadiste en leur limitant leur représentation parlementaire pour les 5 années qui vont suivre.

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 03, le 18 janvier 2018

  • QUEL MOT MICHEL TOUMA... EN LISANT RAPIDEMENT LE TITRE ON LIT DERATISATION... PUIS ON VOIT L,ERREUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 08, le 17 janvier 2018

  • QUEL MOT MICHEL TOUMA... EN LISANT RAPIDEMENT LE TITRE ON LIT DERATISATION... PUIS ON VOIT L,ERREUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 17 janvier 2018

  • Devant l'impossible la volonté se transforme en rêve . Ou alors en prière .

    FRIK-A-FRAK

    19 h 13, le 16 janvier 2018

  • Cher m. Touma vous n'écrivez que ce que vous souhaitez .. Vous n'avez d'yeux que sur un seul axe ,le même ,le récurrent .. Avant de desiraniser , ne faudrait-il pas parler de ce qui peut dératiser d'autres terrains infectés par le terrorisme ,le radicalisme et l'islamisme calamiteux qui ont bouleversé le monde et continuent à le faire sans vergogne . Faites-le au moins ,pour vos fidèles lecteurs qui vous lisent quoique beaucoup d'entre eux soient de l'autre côté du versant . Je vous souhaite ,malgré, une heureuse 2018 .

    Hitti arlette

    16 h 05, le 16 janvier 2018

  • Hassan Nasrallah avait déclaré récemment qu'il ne perçoit que 1200 dollars par mois et ce, de tout le financement qui lui provient d'Iran qui d'élèverait à plusieurs centaines de millions de dollars selon plusieurs sources.

    Un Libanais

    14 h 53, le 16 janvier 2018

  • OBLIGATOIRE POUR LA RENAISSANCE DE LA NATION LIBANAISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 29, le 16 janvier 2018

  • desiranisation ?( ca sonne comme un autre mot ...) IMPOSSIBLE reve ! tout au moins avant TRES TRES LONGTEMPS pas avant que l'Iran ne soit definitivement plus celui du wali fakih . C dire combien est TRES peu presse nasrallah

    Gaby SIOUFI

    10 h 22, le 16 janvier 2018

  • ARTICLE TRES OBJECTIF !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 16 janvier 2018

  • L'analyse du problème est parfaitement correcte, mais la solution se heurte à une impossibilité. Le fondement du Hezbollah est le wwilayat el faqih ("Nous sommes fidèles aux ordres de la sage, juste et unique autorité du wilayat-el faqih". Manifeste du Hezbollah 1985). Dès lors, libaniser ce parti, c-à-d le "désiraniser" est aussi illusoire que demander au Guide de la Révolution iranienne d'abjurer l'islam!

    Yves Prevost

    07 h 48, le 16 janvier 2018

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