La coalition sous commandement américain a annoncé dimanche travailler avec ses alliés des Forces démocratiques syriennes (FDS) à la formation d'une nouvelle force frontalière forte de 30.000 hommes, ce qui a provoqué la colère de la Turquie.
Le porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan a jugé dimanche "inacceptable" la constitution de cette "Force de sécurité aux frontières", qui devrait être en bonne partie composée de miliciens kurdes syriens des Unités de protection populaire (YPG). "Les Etats-Unis prennent des initiatives inquiétantes pour légitimer cette organisation et l'installer dans la région. Il est impossible de l'accepter", a déclaré Ibrahim Kalin.
Les YPG sont considérées par Ankara comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le mouvement séparatiste kurde de Turquie classé sur la liste des organisations terroristes. "Nous continuerons à lutter contre les organisations terroristes quelles que soient leur nom ou leur forme, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières", a prévenu le porte-parole de la présidence turque.
Un responsable turc a déclaré à Reuters que l'initiative des Etats-Unis était la raison pour laquelle le chargé d'affaires américain avait été convoqué à Ankara mercredi. Il n'a pas fait d'autre commentaire.
Dans un courriel adressé dimanche à Reuters, le service de communication de la coalition confirme une information du site The Defense Post, qui évoque le recrutement de 15.000 anciens combattants des FDS, l'alliance arabo-kurde qui a notamment repris Raqqa au groupe jihadiste Etat islamique. La coalition indique que la nouvelle force chargée d'assurer la sécurité aux frontières du territoire contrôlé par ses alliés dans le nord de la Syrie sera placée sous l'autorité des FDS, dont les YPG sont la principale composante. Or, les combattants kurdes de la "Force de sécurité aux frontières" contrôleront principalement la frontière avec la Turquie, tandis que les soldats arabes seront plutôt déployés dans la vallée de l'Euphrate, territoire dont ils sont originaires, indique la coalition. "Ils assureront la sécurité des frontières en établissant des points de contrôle de manière professionnelle et en menant des opérations de déminage", précise-t-elle.
La Turquie n'est pas le seul pays hostile à la constitution de cette nouvelle force. Le gouvernement du président syrien Bachar al Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, a récemment dit considérer les FDS comme des "traîtres" et les 2.000 soldats américains qui les encadrent comme une force d'occupation étrangère.
Lire aussi
commentaires (4)
De gré ou de force la Turquie du sultan Erdogan doit s'accommoder à la présence des kurdes. Si les turcs ont le droit à la vie et à un pays malgré leur passé fasciste génocidaire, alors pourquoi le peuple kurde, digne et pacifique n'en aura pas le droit ? Il ne suffit pas de crier sur les toits pour s'annoncer le leader du monde musulman (en plus il risque de salir l'image de l'islam) pour se faire accepter en cette qualité et en même temps de massacrer et persécuter un peuple musulman, les kurdes. L'histoire nous rappelle certains faits irréfutables. La Turquie a su brillamment genocider les chrétiens sur leur propre sol et s'approprier de leurs terres, ...et ce n'est pas en rénovant quelques églises bulgares ou arméniennes en ce début du XXI ème siècle qu'elle va recouvrer sa moralité. Un peu de retenu de sa part par rapport au peuple kurde sera considéré comme une sagesse.
Sarkis Serge Tateossian
18 h 59, le 14 janvier 2018