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Économie - Focus

Sale temps pour EDL en ce début d’année

Le fournisseur d'électricité fait face à une mobilisation de ses employés, tandis que plusieurs dossiers cruciaux sont toujours sans solution.

Les ennuis continuent pour Électricité du Liban en ce début d’année. L’établissement public doit composer depuis plusieurs semaines avec les mouvements de grève et opérations de blocage lancés par une partie de ses fonctionnaires et contractuels, tandis que plusieurs dossiers cruciaux sont toujours sans solution. Photo P.H.B.

Les ennuis continuent pour Électricité du Liban en ce début d'année. L'établissement public détenteur du monopole de la production d'électricité dans le pays doit composer depuis plusieurs semaines avec les mouvements de grève et opérations de blocage lancés par une partie de ses fonctionnaires et contractuels.
Au sein d'EDL, la confusion règne. « On n'arrive plus à savoir qui fait grève et pourquoi », se plaint auprès de L'Orient-Le Jour un fonctionnaire, sous le couvert de l'anonymat. Il affirme ne pas avoir pu se rendre hier au siège de l'établissement public à Beyrouth à cause des opérations de blocage lancées par les personnes mobilisées, provoquant notamment des bouchons sur les axes routiers dans la région de Beyrouth, dans la matinée. La direction d'EDL note, de son côté, que ces mouvements sociaux pénalisent aussi bien les opérations de maintenance que « les capacités du fournisseur à ajuster la production d'électricité dans la mesure de ses moyens ».

Pendant ce temps, les Libanais subissent les coupures de courant liées au rationnement en électricité – EDL affirme n'être en mesure de produire qu'un maximum de 2 200 mégawatts (pour une demande qui gravite autour de 3 000 MW) – ou aux pannes, qui se multiplient avec le mauvais temps, en raison de la vétusté d'une grande partie du réseau.

 

(Pour mémoire : Les employés d'EDL maintiennent leur grève)

 

Deux visages
Sur le terrain, la mobilisation a deux visages. « Il y a d'abord le syndicat des employés d'EDL, qui font grève pour protester contre les modalités d'application de la nouvelle grille des salaires de la fonction publique promulguée en août dernier », explique le président de la Confédération générale des travailleurs au Liban, Béchara Asmar. « Pour pouvoir appliquer la nouvelle grille, EDL doit préparer un projet de décret devant être entériné par le Conseil des ministres, après validation par le ministère des Finances. Or ce dernier a rejeté le texte soumis par le fournisseur d'électricité », expose-t-il encore. Les différentes discussions entre le syndicat des employés d'EDL et les responsables politiques n'ont pas, pour le moment, permis de débloquer le dossier. Le Premier ministre, Saad Hariri, avait même présidé une réunion entre les parties le 23 décembre dernier pour tenter de désamorcer le dossier, sans succès.

Mais EDL doit aussi composer avec les opérations de blocage lancées par les salariés de la société National Electricity Utility Company (NEUC, groupe Debbas), l'un de ses trois prestataires chargés depuis 2012 de la maintenance du réseau et de la collecte des factures sur la quasi-totalité du territoire. « Il n'y a pas encore eu d'accord sur la reconduction du partenariat avec ce prestataire, dont la dernière extension de contrat a expiré le 31 décembre dernier à minuit », rappelle M. Asmar, ajoutant que « NEUC n'a pas payé de salaire à environ un millier de ses employés depuis trois mois ».

En 2012, EDL avait chargé NEUC, dans le cadre d'un partenariat de quatre ans, de gérer le réseau dans la banlieue sud de Beyrouth, le sud du Mont-Liban et le Liban-Sud. Bus (groupe Butec) s'était vu confier le nord du Mont-Liban et le Liban-Nord, tandis que KVA (Arabian Construction Company et Khatib & Alami) héritait du reste de Beyrouth et de l'essentiel de la Békaa. En octobre, le gouvernement a approuvé la reconduction des contrats de Bus et KVA jusqu'au 31 janvier 2021, mais n'a toujours pas tranché le cas de NEUC.

 

(Pour mémoire : Toujours pas d'accord sur le renouvellement du partenariat entre EDL et NEUC)

 

Navires-centrales
EDL s'était enfin servie de ce partenariat pour reclasser environ 2 000 travailleurs journaliers dans le privé, dont près de la moitié chez NEUC. Ces agents de terrain, qui avaient été employés pendant des années par EDL, ont longtemps manifesté pour pouvoir être reclassés en tant que fonctionnaires au sein de l'institution publique, avant que leur mouvement ne s'essouffle. La situation est d'autant plus instable maintenant que l'avenir de NEUC est compromis et qu'EDL ne semble pas disposée à intégrer plus de journaliers via le concours institué par une loi de 2012, dans la foulée de la conclusion du partenariat avec les trois prestataires. Mais pour M. Castro Abdallah, président de l'Union nationale des syndicats des travailleurs (Fenasol), comme pour plusieurs sources proches du dossier, le fond du dossier est bien politique et cristallise les dissensions entre le CPL du président de la République, Michel Aoun, et le mouvement Amal mené par le président du Parlement, Nabih Berry. « Les deux camps sont opposés sur la question de l'énergie et des hydrocarbures, les deux dossiers qui ont connu le plus de contretemps depuis 2012 », résume encore le président du Fenasol.

Pour l'instant, les négociations entamées en octobre pour prendre une décision concernant NEUC, ou celles réclamées depuis décembre par les employés d'EDL pour régler la question de l'application de la grille des salaires, ne semblent pas progresser. Une situation d'autant plus problématique que plusieurs échéances attendent le fournisseur d'électricité cette année. Le contrat de location de deux navires-centrales – le Fatmagül Sultan et le Orhan Bey – déployant 270 MW à la société Karadeniz arrive à échéance en septembre prochain, tandis que le gouvernement n'a toujours pas réussi à s'entendre sur la formule à adopter pour augmenter temporairement la production d'électricité dans le pays. Autre dossier sensible : l'expiration, à la fin de l'année, de la concession d'électricité de Zahlé (EDZ), que le ministère de l'Énergie et de l'Eau ne souhaite pas renouveler. Or EDZ fournit depuis 2015, et de façon illégale, du courant aux 50 000 foyers qui dépendent d'elle pendant les heures de rationnement. Une situation de fait à laquelle ni le gouvernement ni EDL n'a prévu de solution de substitution...

 

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commentaires (1)

Comment un pays comme le Liban peut encore dépendre des petits groupes électrogènes nocifs, et être à la merci des coupures régulières d'électricité, et ceci depuis de longues années ! Pire, il n'y a toujours aucune perspective à l'horizon Cela dépasse l'entendement

Sarkis Serge Tateossian

02 h 50, le 05 janvier 2018

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Commentaires (1)

  • Comment un pays comme le Liban peut encore dépendre des petits groupes électrogènes nocifs, et être à la merci des coupures régulières d'électricité, et ceci depuis de longues années ! Pire, il n'y a toujours aucune perspective à l'horizon Cela dépasse l'entendement

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 50, le 05 janvier 2018

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