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Liban - Promotion Aoun

L’impasse persiste entre Baabda et Aïn el-Tiné

La médiation de Saad Hariri consisterait à sauver la face des deux protagonistes.

L'année 2018 a démarré sans la solution promise à la crise politique entre le chef de l'État, Michel Aoun, et le président du Parlement, Nabih Berry, autour du décret d'ancienneté de la promotion 1994 des officiers de l'armée. Cette mesure, qui avait suscité toute une polémique sur la constitutionnalité de la procédure initiée par le président, s'est avérée être en définitive un bras de fer éminemment politique entre deux pôles du pouvoir qui n'ont cessé de tester les limites de leurs prérogatives respectives depuis le début du sexennat.

La controverse a été déclenchée par l'adoption, il y a deux semaines, d'un décret en Conseil des ministres octroyant un avancement à la promotion 1994 des officiers entrés à l'école militaire à l'époque où le chef de l'État était à la tête du gouvernement militaire de transition. La question de l'avancement de la promotion de 1994 avait déjà fait l'objet d'une proposition de loi déférée aux commissions parlementaires il y a plusieurs années et y a été « enterrée » depuis, pour reprendre l'expression utilisée hier dans les milieux de Baabda en réponse aux accusations d'outrepasser le rôle de la Chambre adressées au président. C'est ce qui aurait poussé le chef de l'État à initier ce décret qui, au final, a été contresigné par lui, le Premier ministre et le ministre de la Défense, sans la signature du ministre des Finances, « incontournable » selon Aïn el-Tiné et plusieurs experts constitutionnels.

Depuis, la crise n'a cessé de s'aggraver préludant à un blocage du fonctionnement des institutions, qui venaient à peine d'être ravivées après la crise de la démission du chef du gouvernement, Saad Hariri. Pris en tenailles entre les deux, ce dernier, qui cherche à sauvegarder ses bonnes relations de part et d'autre et à redynamiser le travail de l'exécutif et du législatif en ce début d'année, effectue, depuis plusieurs jours, une médiation. Afin d'assurer sa réussite, le chef du gouvernement a tenu à garder confidentielle son intercession, assure-t-on dans les milieux proches du Premier ministre. Dans un entretien accordé hier soir à la LBCI, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a indiqué avoir été informé de la médiation parrainée par M. Hariri qui « n'a présenté aucune proposition pour l'instant », a-t-il dit.

À la faveur d'une tournée effectuée auprès de plusieurs institutions et services de sécurité dimanche soir, le chef du gouvernement a affirmé, depuis la caserne Fouad Chéhab, que cette affaire « est politique et sera réglée en politique ». Il a également insisté sur la nécessité de garder l'armée « loin des intrigues politiques », assurant que le problème sera bientôt réglé.

 

(Lire aussi : Hariri affirme avoir initié une médiation entre Aoun et Berry)

 

S'abstenant de donner de plus amples détails sur le règlement envisagé, une source proche des milieux haririens a précisé que ce dernier tente actuellement de mettre en œuvre une formule susceptible, d'une part, « de sauver la face au chef de l'État qui a déjà dit son mot en sauvegardant le prestige de la présidence » et, d'autre part, « à cautionner l'avis du chef du législatif qui tient au respect des règles en vigueur ». « Il va de soi que l'insistance du président à vouloir passer outre la signature du ministre des Finances est une irrégularité grave », poursuit la source. Et d'ajouter que la crise aurait certainement été étouffée dans l'œuf si M. Berry « n'avait pas fait allusion à la nécessité d'un contreseing ( celui du ministre des Finances ) sous l'angle confessionnel ». Le chef du législatif avait laissé entendre, par le biais du Conseil supérieur chiite, qui traditionnellement est proche de Aïn el-Tiné et du Hezbollah, que le fait d' « outrepasser la signature du ministre des Finances consacre une atteinte, inacceptable, à la communauté chiite ». Hier soir, Ali Hassan Khalil s'en est lavé les mains en affirmant que ce n'est pas son camp politique qui a évoqué le problème dans une perspective communautaire.

Dans les milieux proches de Baabda, on continue de justifier la décision prise par le chef de l'État. On affirme également que la réaction de Aïn el-Tiné est d'autant plus « infondée » que ce n'est pas la première fois qu'un décret de ce type ne porte pas le contreseing du ministre des Finances. Selon des sources proches du président citées par notre correspondante Hoda Chédid, « les accusations de violation de Taëf et du pacte national sont surprenantes, sachant que le décret concernant la promotion de 1994 n'entraîne aucune dépense ». Les sources tiennent à rappeler à ce sujet deux précédents, dont le décret de l'avancement des officiers qui ont pris part à la bataille « l'Aube du jurd », menée en août dernier pour bouter les jihadistes de l'État islamique hors des frontières libanaises.
« Une décision nulle et non avenue restera nulle et non avenue », s'est dépêché de répondre le ministre des Finances, soulignant toutefois qu'il est prêt à signer les décrets d'ancienneté et d'avancement des officiers si l'irrégularité du départ est rectifiée.

 

Réactions
Entre-temps, les commentaires autour de cette querelle se sont poursuivis au cours du week-end dernier relayés hier par de nouvelles réactions.

Hani Kobeissi, membre du bloc du Développement et de la Libération (bloc berryste), a déclaré samedi que « tout droit quel qu'il soit ne saurait être acquis que par le biais du respect des lois et des procédures ». S'attaquant presque explicitement au Courant patriotique libre sans toutefois le nommer, il a affirmé qu' « aucun parti politique ne peut prétendre diriger le pays en laissant les autres formations à la traîne ».

La guerre verbale s'est poursuivie par une réplique presque instantanée du ministre de la Justice, Salim Jreissati, qui, défendant bec et ongles la proposition du chef de l'État et sa légalité, a proclamé « la victoire de la loi », en affirmant qu'il n'y a « aucune prescription » en matière d'avancement et d'ancienneté. Le ministre a ajouté que le recours à la justice pour trancher le litige « est toujours envisageable si les conditions du recours sont réunies ». Il faisait allusion à la possibilité d'un recours présenté par les officiers lésés devant le Conseil d'État dans un délai ne dépassant pas les deux mois.
« Si la solution réside au Conseil d'État, je les en félicite d'avance », a rétorqué hier le ministre des Finances, dans une allusion au fait que le président de cette instance est réputé proche du CPL.

 

 

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commentaires (3)

Avec intérêt et malice ils partagent ce fromage et ils ne sont pas près d'abandonner ce qui apaise leur faim

FAKHOURI

10 h 28, le 03 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • Avec intérêt et malice ils partagent ce fromage et ils ne sont pas près d'abandonner ce qui apaise leur faim

    FAKHOURI

    10 h 28, le 03 janvier 2018

  • LE FROMAGE EST DUR ET DES CORBEAU ET RENARD AUCUN N,ARRIVE A L,ARRACHER A L,AUTRE CONTRAIREMENT A LA FABLE DE LAFONTAINE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 03 janvier 2018

  • M.Hariri, êtes vous capable de vous élever à ce niveau : "Je n'ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur.” de Winston Churchill Extrait de Chambre des Communes - Mai 1940" au lieu de traficoter avec deux hommes qui vivent pour le bien de la nation ? Vous allez vous noyer avec eux, car le jour de leur perte arrivera un jour. Et si vous êtes sur leur bateau vous collerez avec

    FAKHOURI

    08 h 23, le 03 janvier 2018

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