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Mon fils ce tueur vs mon père la victime

Le père de l’auteur du double meurtre, Nadim Yammine (dr.), demandant un face-à-face avec le fils de l’une des victimes, Ibrahim el-Kattan.

Dimanche, c'est la fameuse soirée du Nouvel An. Pour beaucoup de personnes, c'est une occasion de célébrer, festoyer et boire de l'alcool sans modération. Pour d'autres, elle est synonyme d'une nuit blanche meublée d'anxiété et de peur en attendant le retour des êtres chers sains et saufs au petit matin. Mis à part le haut risque d'accidents de voiture, un autre danger guette nos jeunes et moins jeunes : les armes à feu.

Les permis de port d'armes sont certes, comme chaque année d'ailleurs, officiellement suspendus durant les périodes des fêtes, mais la réalité est tout autre. Les fêtards iront passer le réveillon avec leur arme, légale ou non, bien accrochée à leur taille ou sagement rangée dans un boîtier en voiture ou cachée sous leur veste d'une façon discrète. Une arme parfois visiblement inexistante et hors de portée, mais dont la simple présence dans l'inconscient du détenteur facilite le passage à l'acte, selon les spécialistes examinant le comportement des tueurs, même ceux au profil en principe inoffensif. Ce risque-là est bien réel, à en croire la psychologue Rita Maalouf, spécialiste en criminologie, interviewée mercredi par l'équipe de Malek Maktabi dans son émission Ahmar bel khat el-aarid diffusée sur la LBCI.

Cette émission fut entièrement consacrée au double meurtre de Talal el-Aouad et Khalil el-Kattan en avril dernier à Qab Élias, dans la Békaa, par le jeune Marc Yammine rentrant à l'aube d'une soirée avec ses amis. Marc, dont le magasin de liqueurs avait été la cible de tirs quelques semaines avant le drame dans une région où la vente d'alcool fait polémique entre musulmans et chrétiens, est l'exemple vivant d'un jeune qui détient un pistolet 24h/24 et dont le destin a tourné à cause de cette acquisition. Son père Nadim, qui a tenu à ce que son fils assume son acte odieux, a avoué vivre un cauchemar, lui et sa famille, depuis le drame qui a « privé deux familles de leurs pères » et affligé une troisième dont l'enfant est emprisonné. Ce double meurtre, qui a été puni d'une condamnation à mort, a ravivé le spectre de l'insécurité qui sévit dans le pays, notamment au niveau des individus qui manient des armes en état d'ébriété ou sous l'effet d'excitants ou de drogue.

 

(Pour mémoire : La colère gronde contre le port d’armes et le manque de sanctions fermes)

 

Le père de Marc, Nadim Yammine, et le fils de l'une des victimes, Ibrahim el-Kattan, ont été, séparément, les invités de Malek Maktabi. Les téléspectateurs ont été invités mercredi à effectuer une prise de conscience sur plusieurs sujets, à savoir : le danger du port irresponsable d'armes, le respect de la vie humaine, la vendetta, le meurtre, la tolérance, la peine capitale, la présence parentale, l'éducation à la non-violence, la justice, l'impunité, le pardon et, enfin, pourquoi pas, la réconciliation. Un échange grave et intense a marqué cette émission, brillamment modérée par le journaliste : d'une part, un père au service de la justice demandant le pardon des familles des victimes et, d'autre part, un orphelin de père, demandant à assister à l'exécution de Marc, âgé de 23 ans, afin de « calmer sa frustration et la colère de sa famille », mais visiblement touché, malgré lui, par les paroles de l'animateur appelant au pardon.

Tout cela n'aurait pas eu lieu si, à la base, Marc avait eu l'occasion d'extérioriser sa peur sous-jacente de l'autre le menaçant dans son quotidien, et dans son gagne-pain, au lieu de se munir d'une arme à feu et de vider les balles dans les corps de deux personnes innocentes qui n'acceptaient pas, en raison de leur foi, de vendre de l'alcool avec la tasse de Nescafé. Marc aurait pu s'énerver, insulter, claquer la porte de sa voiture, en parler sur les réseaux sociaux, mais surtout ne pas utiliser son arme pour ôter la vie aux autres. Une arme censée servir à la légitime défense a finalement servi au meurtre de deux pères de famille dont l'un était, selon ses proches, une référence en matière de tolérance intercommunautaire.

Dans un pays ou le chef de l'État n'est pas près de faire une concession en matière de droits de l'homme, la peine capitale est jusqu'à nouvel ordre suspendue et remplacée par l'emprisonnement à perpétuité (la dernière exécution d'un condamné remontant à 2004). Il serait plus opportun et efficace donc d'interdire formellement le port d'armes, avec une forte amende à l'appui, pour faire changer d'avis aux machos les plus récalcitrants. Le laxisme de l'État est pour beaucoup dans la misère de ces familles amputées à vie d'un être cher. Un État incapable d'appliquer un simple code de la route et manquant sérieusement de rigueur et de consistance dans l'application de la loi face à des usagers pour la plupart profiteurs et insubordonnés, qui se retrouve débordé et impuissant face à cette anomalie sociale qui a pourtant besoin d'être définitivement réglée, pas seulement durant la saison des fêtes.

 

 

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