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Moyen Orient et Monde - Syrie

Lueur d’espoir dans la Ghouta après les premières évacuations médicales

Quatre personnes, dont trois enfants, dans un état médical critique, ont été transportées vers des hôpitaux damascènes, sous la supervision du Croissant-Rouge syrien et du CICR.

L’un des enfants évacués de la Ghouta orientale vers Damas, assis dans une ambulance, hier. Amer Almobihany/AFP

Sur les centaines de personnes en besoin urgent d'être évacuées dans la Ghouta orientale, seule une trentaine devraient l'être au cours des prochaines heures. Depuis mardi soir, quatre personnes, dont trois enfants, dans un état médical critique ont été transportées vers des hôpitaux damascènes, sous la supervision du Croissant-Rouge syrien et de la Croix-Rouge internationale. Les quatre personnes évacuées sont « une fillette hémophile, un enfant atteint du syndrome de Guillain-Barré (une maladie qui atteint le système nerveux), un enfant souffrant de leucémie et un homme qui a besoin d'une greffe de rein », a précisé à l'AFP un responsable local du Croissant Rouge à Douma (Ghouta), Ahmed el-Saour.

Cette évacuation médicale a été décidée dans le cadre d'un accord d'échange de prisonniers entre le régime de Bachar el-Assad et Jaïch al-Islam, un puissant groupe salafiste. L'une des dernières régions aux mains des insurgés, limitrophe de la capitale, la Ghouta orientale est tristement célèbre pour l'attaque au gaz sarin du 21 août 2013, qui a fait près de 1 500 morts. Cette région, où vivent près de 400 000 personnes, dont 130 000 enfants, est assiégée depuis 2013 par le régime, mais le blocus est total depuis quelque huit mois. Les graves pénuries alimentaires et médicales résultant de ce blocus ont eu des conséquences désastreuses sur le plan humanitaire. Le mois dernier, l'Unicef a dénoncé ce qui est aujourd'hui la pire crise de malnutrition dans le pays depuis le début du conflit en 2011, avec près de 12 % des enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition, contre 2,1 % en janvier 2017.

Des dizaines de personnes sont mortes dans l'attente d'une aide au compte-gouttes, et des centaines d'autres attendent leur tour. L'ONU demande l'évacuation de 500 personnes depuis des mois, et les retards occasionnés, entre autres, par les demandes des différents belligérants ont déjà causé la mort d'une vingtaine de personnes depuis novembre seulement, dont un bébé de neuf mois. Il y a une semaine, le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, n'a pas hésité à affirmer que le chiffre de 500 personnes à évacuer réclamé par l'organisation internationale était « en train de diminuer, non pas parce que nous évacuons les gens, mais parce qu'ils sont en train de mourir ».

 

(Lire aussi : Dans la Ghouta Orientale aux portes de Damas, le mirage d'une trêve)

 

 

« Un pas très positif »
« C'est très difficile d'organiser de telles évacuations médicales. Nous nous devons de travailler de concert avec toutes les parties concernées, sans exception. Il s'agit avant tout d'assurer la sécurité de la route et des patients, qui se trouvent dans des conditions médicales très difficiles. Il faut que ces personnes soient particulièrement bien entourées », explique à L'Orient-Le Jour Ingy Sedky, une porte-parole du CICR (Comité international de la Croix- Rouge). D'autant que de telles opérations nécessitent des ambulances spéciales affrétées et fournies par les Croissant-Rouge syrien. « Les personnes évacuées sont accompagnées de leurs proches et les ambulances doivent en outre être équipées de manière appropriée pour accueillir et transporter ces malades », ajoute la porte-parole, qui espère une accélération du processus. « Cette initiative est un pas très positif et on espère qu'elle apportera un peu de répit aux habitants de la Ghouta. On est parfaitement conscients des besoins de ces habitants et du fait que de nombreuses personnes ont besoin d'aide », déplore la porte-parole, alors que les organisations humanitaires appellent Damas à faire preuve de clémence depuis des mois. Au point que le président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment offert d'accueillir les 500 cas les plus urgents afin de leur fournir un traitement approprié.

La Ghouta orientale a beau avoir été désignée « zone de désescalade » au mois de mai par la Russie, l'Iran et la Turquie dans le cadre d'un accord conclu à Astana, les violences n'ont jamais réellement cessé, au contraire, et font régulièrement des victimes. « Je me suis rendue plusieurs fois dans la Ghouta depuis l'année dernière et les conditions y sont désastreuses », raconte Ingy Sedky, qui se félicite malgré tout des 44 opérations réalisées avec succès dans des zones difficiles d'accès cette année. « Mais quel que soit le contenu du convoi, ce ne sera jamais assez. Dans la Ghouta, surtout, la situation est intenable : les prix sont exorbitants, la nourriture saine difficile à trouver et nous sommes en plein hiver : le froid fait des ravages », souligne-t-elle.

 

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