Riyad réclame au prince milliardaire saoudien al-Walid ben Talal la somme de six milliards de dollars contre sa libération, après avoir été arrêté le 4 novembre dernier dans le cadre d'une vaste opération anti-corruption ordonnée par le prince héritier d'Arabie, Mohammad Ben Salmane. C'est ce que rapporte le Wall Street Journal, (WSJ) dans un article publié le 23 décembre et signé par Margherita Stancati.
"Les autorités saoudiennes réclament au moins six milliards de dollars au prince saoudien al-Walid ben Talal contre sa libération, selon des personnes proches du dossier, ce qui pourrait mettre en danger l'empire mondial des affaires de l'un des hommes les plus riches", écrit le quotidien économique américain.
Al-Walid Ben Talal, qui a aussi des origines libanaises, avait été arrêté début novembre à l'instar de dizaines d'émirs, de ministres, d'anciens ministres et d'hommes d'affaires lors d'une opération anticorruption sans précédent dans ce royaume ultraconservateur. Au total, plus de 200 personnalités influentes avaient été appréhendées après la mise en place d'une commission anticorruption présidée par Mohammad ben Salmane, nouvel homme fort de l'Arabie saoudite.
Classé parmi les plus importantes fortunes du monde, al-Walid ben Talal, 62 ans est le petit-fils de deux figures historiques du monde arabe : le roi Abdelaziz al-Saoud, fondateur de l'Arabie saoudite, et Riad el-Solh, premier chef de gouvernement de l'histoire du Liban. Le magazine Forbes estime que le prince pèse 18,7 milliards de dollars (16,1 mds EUR), ce qui le met à la 45e place de son dernier classement des fortunes mondiales.
(Portrait : Al-Walid ben Talal : la chute d'un prince milliardaire saoudien haut en couleur)
23 personnalités libérées
Après des études de commerce et de sciences sociales aux États-Unis, l'émir avait fait sa première apparition dans le monde politico-économique à la fin des années 1980 lorsqu'il a commencé à construire ce qui est devenu un empire mondial comprenant des banques, des hôtels de luxe et des médias.
Il a cultivé ces dix dernières années l'image d'un investisseur rusé, partisan d'une modernisation de l'Arabie. Il est apparu plus récemment comme un pourfendeur du nouveau locataire de la Maison Blanche, Donald Trump.
"La somme de six milliards de dollars, réclamée pour la libération d'al-Walid ben Talal, est l'une des sommes les plus élevées parmi celles demandées pour la libération des détenus", note le WSJ.
Fin novembre, le prince Metab ben Abdallah, fils du défunt roi Abdallah, arrêté dans le cadre de cette purge, avait été libéré après avoir payé la somme d'un milliard de dollars, selon une source proche du gouvernement saoudien.
"L'émir al-Walid propose au gouvernement de céder une large partie de sa part dans la Kingdom Holding Company", la société internationale d'investissements que l'émir détient à 95%, explique le WSJ. Citant un haut responsable saoudien, le quotidien rapporte qu'al-Walid est accusé de "blanchiment d'argent, corruption et extorsion".
Les autorités saoudiennes ont par ailleurs libéré 23 des quelque 200 personnalités arrêtées dans le cadre de la purge anti-corruption, écrit mardi le quotidien Okaz. Le journal, qui ne précise pas leur identité, ajoute qu'ils ont conclu un accord avec le gouvernement, recouvrant leur liberté en échange d'une restitution d'actifs ou de sommes en liquide. Le journal Okaz ajoute que d'autres libérations devraient intervenir dans les prochains jours. Des procédures judiciaires sont également imminentes pour ceux qui continuent de nier les charges qui pèsent contre eux. Les autorités saoudiennes soulignent que ces règlements à l'amiable ne sont pas un chantage ou une extorsion, mais une obligation de rembourser l'argent détourné et amassé illégalement au fil des années.
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13 h 18, le 28 décembre 2017