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Don Donald

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les slogans dénonçant l'impérialisme des États-Unis, leur volonté, érigée en doctrine, de domination politique, militaire, économique, technologique et intellectuelle, sont un must incontournable pour toute manifestation à caractère international, où qu'elle ait lieu. Ce rituel semble même tenir du folklore, même les rares fois où l'Oncle Sam, brûlé en effigie puis piétiné par la foule, n'y est pour rien ; mais que veut-on, on ne prête qu'aux riches, et le milliardaire Donald Trump possède aussi une pile d'antécédents haute comme ça. Jamais, au grand jamais, l'image du Vilain Américain, immortalisée en littérature et à l'écran, n'aura donc mieux collé au colosse yankee que sous le règne de cet outrecuidant imperator.

L'assassin, dit-on, revient toujours sur les lieux du crime. Dans l'affaire de Jérusalem, le crime de Trump n'a pas été commis contre les seuls Palestiniens, dont il a iniquement prétendu rayer, d'un trait de plume, les droits légitimes sur le secteur oriental de la Ville sainte. Ce crime n'a pas fait que mettre en émoi l'islam et la chrétienté, pareillement attachés à l'impérieuse nécessité d'un statut spécial pour la cité qui abrite une telle profusion de sites sacrés pour les trois grandes religions monothéistes. Si le président américain revient effectivement sur les lieux de son forfait – cette agora universelle que sont les Nations unies – c'est parce qu'il a bravé, par-dessus tout, l'avis, clairement exprimé à travers une multitude de résolutions, du reste de la planète ; c'est parce qu'il a parachevé son œuvre en usant ouvertement (et non plus dans les sombres coulisses de la diplomatie) du chantage aux dollars, de l'intimidation, de la menace, de l'extorsion pour soumettre ses contradicteurs : méthode de gangster, de racketteur, dont il faudra longtemps aux administrations futures pour effacer le simple souvenir.

Méthode inopérante, au demeurant. Déjà isolée en début de semaine au Conseil de sécurité, où elle avait dû user de son droit de veto pour neutraliser un vote massif en sa défaveur, c'est une Amérique plus enragée que jamais qui essuyait jeudi une sévère condamnation de l'Assemblée générale. Non moins de 128 pays, sur les 193 que compte l'ONU, y ont souscrit ; et parmi eux nombre de ceux qui auraient bien besoin de l'assistance US, mais qui n'ont pas cédé à d'aussi immorales pressions.

Big Brother en a bien pris note, et il se promet cyniquement de faire de substantielles économies en cadenassant son chéquier. Encore faut-il cependant que le Congrès le suive sur cette voie ; car, s'agissant par exemple de ses alliés arabes, et plus précisément égyptiens et jordaniens, ne risque-t-il pas, en fermant le robinet, de compromettre gravement ses propres intérêts stratégiques, notamment en matière de lutte contre le terrorisme ?
Fait significatif, ce sont les plus démunis, les plus en quête de bienveillance américaine qui, par la bouche du président palestinien Mahmoud Abbas, prononcent la disqualification de Washington et rejettent d'avance tout plan de paix qu'avancerait celui-ci. Mais n'est-ce pas présumer que le phénomène qui loge à la Maison-Blanche est capable d'élaborer tout plan digne de ce nom ?

N-B : Parlant du Moyen-Orient, on ne peut qu'être stupéfait par les conclusions du recensement de réfugiés palestiniens vivant sur notre sol : un peu plus de 174 000, soit le tiers seulement des estimations les plus couramment admises que le Premier ministre, se voulant rassurant, a qualifié de surévaluées. Il a par par ailleurs évoqué des projets visant à améliorer la qualité de vie de ces malheureux, loin de tout risque d'implantation définitive. En attendant de se prononcer sur la fiabilité de ces chiffres, si l'on pensait un peu plus sérieusement à la nôtre, de qualité de vie ?

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les slogans dénonçant l'impérialisme des États-Unis, leur volonté, érigée en doctrine, de domination politique, militaire, économique, technologique et intellectuelle, sont un must incontournable pour toute manifestation à caractère international, où qu'elle ait lieu. Ce rituel semble même tenir du folklore, même les rares fois où l'Oncle...