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Moyen Orient et Monde - Espagne

Victoire des indépendantistes en Catalogne : et maintenant ?

Après cette lourde défaite, Rajoy semble plus fragilisé que jamais.

Le drapeau séparatiste catalan l’« Estelada » (l’« Étoilée » en catalan) et le drapeau espagnol dans un magasin de Barcelone, le 22 décembre 2017. Éric Gaillard/Reuters

Carles Puigdemont, l'ancien président du gouvernement régional catalan, tient sa revanche. Après avoir gagné 70 sièges sur 135 au Parlement (soit deux de moins que lors des dernières élections), le bloc indépendantiste catalan, rassemblant 3 partis différents, est ressorti gagnant de ce scrutin qui a divisé la région.

Un résultat qui intervient 2 mois après la crise intervenue lors de la déclaration unilatérale d'indépendance formulée par Barcelone et qui avait attiré les foudres de Madrid. Avec 48 % des voix, les indépendantistes sont arrivés en tête, mais n'ont toutefois pas atteint la barre symbolique des 50 % qui représente la majorité absolue. Un pourcentage que le bloc indépendantiste n'avait pas non plus atteint lors des dernières élections de 2015.

Si la majorité de sièges à la Generalitat est revenue aux indépendantistes, ce sont les unionistes de Ciudadanos emmenés par Inès Arrimadas qui l'ont emporté en nombre de voix (avec 37 élus). Un véritable revers pour le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy qui se retrouve dos au mur et qui va sans doute devoir négocier avec la majorité catalane sur plusieurs sujets, dont la suspension de l'article 155 qui avait placé la région sous tutelle de Madrid.

« L'État espagnol a été vaincu », a proclamé Carles Puigdemont dès l'annonce des résultats, depuis Bruxelles où il s'est exilé. Mais la victoire aux urnes ne suffit pas pour le camp indépendantiste. Le vrai défi est maintenant de choisir un président. Une affaire loin d'être résolue en raison des rapports difficiles qu'entretiennent les responsables des 3 listes indépendantistes. Qu'ils soient en exil ou en prison, les leaders séparatistes qui avaient proclamé l'indépendance de la région sont maintenant rivaux pour la présidence du gouvernement catalan. Le parti de Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (JxCat), a réuni 34 élus, plus que le parti de son ancien vice-président Oriol Junqueras (Rec, avec 32 élus) et le parti anticapitaliste CUP (4 élus). Mais comment Carles Puigdemont ou les autres leaders indépendantistes pourraient-ils former un gouvernement sachant qu'ils sont en prison ou en exil ?

 

(Lire aussi : Pour le préfet de Catalogne, l'indépendantisme est à son "point final")

 

Quel gouvernement catalan ?
Les élections de 2015, qui ont porté Carles Puigdemont à la tête de la Generalitat, avaient déjà suscité l'interrogation sur l'avenir de la région. « Lors des élections de fin septembre 2015, le gouvernement catalan n'a pu être formé qu'en janvier parce que le parti arrivé en tête n'avait pas de majorité absolue et qu'il avait besoin du soutien parlementaire de la CUP (...). Le président Catalan de l'époque, Artur Mas, a été refusé par la CUP. Il n'y avait donc pas de majorité absolue et alors pas de nouveau président investi », explique à L'Orient-Le Jour Cyril Trépier, géographe spécialiste de l'indépendantisme en Catalogne. « On va probablement vers cette situation car le rapport de force est fondamentalement le même », a-t-il ajouté.

« L'investiture d'un nouveau chef de gouvernement risque d'être un processus long et chaotique et le risque de nouvelles élections reste élevé », précise à l'AFP Antonio Barroso, analyste chez Teneo Intelligence.
Du temps qui pourrait profiter à Mariano Rajoy pour tenter de trouver une stratégie face à ce futur gouvernement.

Le Premier ministre espagnol se retrouve dans une impasse après cette victoire des indépendantistes et la « débâcle » de son parti, le PP (Parti populaire). « Il est tombé de très haut à la suite d'une campagne très mauvaise en Catalogne », poursuit Cyril Trépier. Les élections anticipées voulues par Madrid avaient sans doute pour objectif d'affaiblir les indépendantistes avec les mesures prises contre les leaders catalans (destitution, exil, détention...). Mais les résultats d'hier lui ont prouvé le contraire. Le journal conservateur ABC parle même d'une « catastrophe électorale ». Le Premier ministre espagnol avait prévenu avant le scrutin que le nouveau gouvernement catalan, quel qu'il soit, « devra respecter la loi ». Une façon de dire qu'il n'hésiterait pas à avoir une nouvelle fois recours à l'article 155 si les choses devaient à nouveau mal tourner.

 

(Pour mémoire : En Catalogne, l’élection de tous les poisons...)

 

Il s'est également montré radical dans l'allocution qu'il a prononcée hier après-midi, dans laquelle il refuse de rencontrer Carles Puigdemont, alors que ce dernier avait exprimé son souhait d'un dialogue avec le chef du gouvernement espagnol. « Le moment du dialogue est venu, a déclaré hier Carles Puigdemont. Je suis ouvert à une rencontre avec Rajoy à Bruxelles ou au sein de l'UE, mais pas en Espagne, pour des raisons évidentes. » L'offre a été repoussée par M. Rajoy qui s'est réfugié derrière la victoire des unionistes, qui lui ont d'une certaine manière dérobé ses voix. « La seule personne avec qui je devrais m'asseoir, c'est celle qui a remporté les élections, madame (Inès) Arrimadas », assure-t-il. Le flou continue donc de peser sur la politique espagnole et l'avenir de la Catalogne. Certes la population catalane s'est mobilisée en masse pour ce scrutin, et a élu les indépendantistes à la majorité, mais ce dernier n'a pas pour autant tracé d'un coup de crayon l'avenir de la région.

Difficulté de formation d'un gouvernement en Catalogne, désamour continu entre Carles Puigdemont et Mariano Rajoy, refus de dialogue de Madrid avec les séparatistes... La transition politique catalane s'annonce compliquée.

 

 

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