Lettre à mon papa chéri, Georges Fernainé

(prononcée le 19 décembre 2017
en l'église Notre-Dame de l'Annonciation)

Mon papa, mon papounet, mon pa-pinou, mon homme, mon roc, mon amour, mon tout,
Les mots ne seront jamais assez forts pour exprimer notre peine, maman et moi, et le vide que tu laisses derrière toi. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, aujourd'hui je comprends entièrement le sens de cette phrase. Je ne pouvais rêver d'un père plus for-midable que toi, un père plein d'amour dont je suis si fière, un exemple de vie à suivre... un homme unique, un mo-nument, un rempart, une personnalité pleine de gentillesse, un grand sei-gneur au cœur d'or, un homme hon-nête distingué et raffiné... ce ne sont pas mes mots, je ne fais que citer des gens qui ont parlé de toi ces dernières heures.
Je suis honorée et fière d'être ta fille, Marielle, au nom de Marie que tu vé-nérais tellement.
Mon papa, tu m'as appris les étoiles et, pour moi, le ciel est une immense escale. Tu m'as appris que la vie est un grand jeu où il ne faut pas se brûler les yeux. Papa tu voulais que je gran-disse bien et j'ai cherché mon che-min. De matins de colère en matins de chimères, les années ont passé, les querelles se sont envolées. Et si parfois nos chemins se sont un peu séparés, peu importe, tu es, papa, l'homme qui m'a tellement donné, l'homme qui m'a tellement appris.
Je n'oublierai jamais ta voix chantant l'Ave Maria pour me faire dormir quand j'étais petite, elle résonne encore et toujours dans mes oreilles et dans mon cœur.
Je n'oublierai pas la prière que tu m'as apprise et que tu répétais souvent ces derniers jours :
أيها الملك الســاوي اﳌﻌﺰي روح اﻟﺤﻖ اﻟﺤﺎﴐ في لكمــكا نوالمالــئ الكل، كنز الصالحات ورازق الحياة، ملهّ واســكن فينا وطهِّ انرمن لكدسن وخلِّ صأيها الصالح وفنســنا
Je n'oublierai jamais tes caresses et tes bras qui savaient toujours me réconforter et apporter un baume à mon cœur.
Je n'oublierai jamais nos cafés en bord de mer où le soleil faisait briller tes jolis yeux bleu-vert.
Je n'oublierai jamais nos soirées à jouer au trictrac, nos petits déjeuners qu'on plani-fiait méticuleusement la veille, nos jour-nées à planifier les menus des repas de famille, les prières qu'on a faites ensemble dans cette église, tous ces moments qui seront à jamais gravés dans ma mémoire. Je n'oublierai jamais notre complicité quand il s'agissait de tricher pour de la gourmandise quand maman faisait les gros yeux.
Je n'oublierai jamais tes expressions drôles, tu en avais une pour chaque circonstance. D'ailleurs, aujourd'hui tu m'aurais fait une remarque pour ma tenue tout en noire parce que tu n'aimais pas cette teinte, tu préférais ta poupée en couleurs.
Je te remercie pour tout l'amour que tu m'as donné et pour la jolie famille que tu as construite avec nous.
Je te remercie de m'avoir transmis tes valeurs et tes exigences qui font de moi la femme que je suis aujourd'hui sans oublier mon caractère qui, clairement, est hérité de toi.
Je te remercie de m'avoir appris que, dans la vie, sans ambitions et sans rêves, on n'a rien ! Je te promets de toujours avoir des ambitions et des rêves qui seront à la hau-teur de tes attentes.
Dans cette église, je pense que plus d'un pleure à chaudes larmes le grand homme que tu es ! J'utilise le présent parce qu'un grand homme ne meurt pas !
Un grand homme toujours là pour sa fa-mille, pour ses amis et même pour ceux qu'il ne connaissait pas...
Un grand homme toujours prêt à servir les autres, quitte à les faire passer avant lui...
Un grand homme qui, durant la guerre, a risqué sa vie pour sauver celles des autres...
Un grand homme qui savait pardonner même à ceux qui le blessaient...
Un grand homme qui a joué son rôle de papa et de mari à la perfection....
Un grand homme, un exemple de vie !Mon papounet, ces derniers mois, tu étais très fatigué, avec les allers-retours entre la maison et l'hôpital. Pour un homme qui a toujours été actif et dynamique, ça devait être si frustrant. Aujourd'hui, tu es repo-sé, loin des souffrances physiques et tu as dû retrouver tous les êtres chers qui nous avaient quittés dont ton frère chéri,Tony, et ta maman qui te manquaient tant. C'est là notre seule consolation...
En tant que chrétiens, nous croyons en la vie après la mort et nous sommes sûrs de te retrouver un jour. En attendant, ma-man et moi avons un ange dans le ciel, tu resteras vivant dans nos cœurs pour partager chaque moment de notre vie. Je te sens près de nous, je te parlerai chaque jour comme j'avais l'habitude de le faire et tu ne me quitteras jamais.
Mon papa d'amour, je t'aime et, au-jourd'hui, en union avec toi, j'aimerais que toutes les personnes présentes à l'église chantent avec nous un cantique que tu aimais tellement, un cantique à la Vierge Marie que tu chantes depuis que tu es enfant et que j'adorais t'entendre fre-donner : « L'Ombre s'étend sur la terre »
Au revoir mon papa d'amour, je t'aime, à bientôt !