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Moyen Orient et Monde - France

Paris durcit sa politique d’immigration

En accueillant un premier groupe d'une vingtaine de réfugiés africains, sélectionnés au Tchad, les autorités françaises veulent montrer leur nouveau cap en matière d'immigration : accueil sélectif des réfugiés et politique « intraitable » d'expulsion pour les autres migrants. Ce durcissement de ligne a suscité l'hostilité de certaines ONG et militants de gauche, le défenseur des droits mettant en garde contre un risque de « tri » dans les centres d'hébergement où le gouvernement veut opérer un recensement.

L'idée est « d'empêcher que des personnes ne se mettent en danger en prenant la mer, à partir de la Libye notamment », plaident les autorités françaises. Mais dans le même temps, elles ne cachent pas leur volonté de contrôler très strictement les flux migratoires. « La République française a été fondée sur une tradition d'accueil et d'asile. J'y suis profondément attaché », a réaffirmé récemment le président Emmanuel Macron. Mais « je souhaite que (...) nous reconduisions de manière intraitable celles et ceux qui n'ont pas de titre » de séjour, a-t-il martelé. La France a enregistré 85 000 demandes d'asile l'an dernier dont 36 000 ont été acceptées. Les éloignements d'étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 14 % sur les 11 premiers mois de l'année, a souligné hier le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Un texte de loi est actuellement en préparation, afin de répondre à l'« exigence de fermeté et d'efficacité », avait rappelé M. Collomb dans une circulaire fin novembre, où il affirmait que « la lutte contre l'immigration irrégulière était une priorité de l'action du gouvernement ». Dans un contexte de « crise migratoire sans précédent » depuis 2014, « si nous ne prenions pas un certain nombre de mesures, nous serions confrontés à une situation insupportable », a-t-il récemment déclaré. Dans un pays où le parti d'extrême droite Front national a multiplié les succès électoraux, propulsant sa candidate Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, le gouvernement centriste veut visiblement donner des gages à une opinion publique souvent défiante vis-à-vis de l'immigration.

 

(Lire aussi : Avec Wauquiez, la droite française s'éloigne du centre)

 

 

Refus de faire le « tri »
Le gouvernement français a notamment décidé de mener un recensement dans les centres d'hébergement d'urgence, pour réorienter les occupants en fonction de leur situation (réfugiés, déboutés...), s'attirant la colère des associations du secteur qui craignent un renvoi massif de sans-papiers.

Celles-ci ont dénoncé hier une volonté de « contrôle généralisé des personnes étrangères » dans le but « de les identifier et de procéder à un examen contraint de leur droit au séjour en France ». Et en ont appelé à l'intervention du défenseur des droits, Jacques Toubon.
« Nous avons une situation difficile », a reconnu ce dernier sur France Inter, en évoquant un risque de « tri » dans les centres d'hébergement.
« On refuse de faire le tri », a prévenu ces derniers jours Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité. « Si les centres deviennent des pièges à migrants, un certain nombre d'associations va se retirer des dispositifs, et les migrants eux-mêmes n'iront plus », a-t-il prédit.

 

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