Rechercher
Rechercher

À La Une - Justice

Attentat de la rue Copernic : Paris veut juger le suspect libano-canadien

Dans son réquisitoire signé le 29 novembre, le parquet relève qu'il existe des "doutes" sur la présence de Hassan Diab à Paris au moment des faits, selon une source.

Hassan Diab, suspect de l'attentat à la bombe devant la synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980, le 24 mai 2016 à Paris. Photo d'archives AFP

Trente-sept ans après l'attentat qui avait fait quatre morts devant une synagogue à Paris, le ministère public français demande que soit jugé l'unique suspect, le Libano-Canadien Hassan Diab.

Le parquet de Paris a requis le renvoi du suspect de 64 ans devant une cour d'assises spéciale, seule habilitée à juger les crimes terroristes, estimant "les charges suffisantes", a appris mercredi l'AFP de sources proches de l'enquête.

Dans son réquisitoire signé le 29 novembre, le parquet relève cependant qu'il existe des "doutes" sur la présence de Diab à Paris au moment des faits, selon une des sources.
Il appartient désormais aux juges d'instruction de décider d'un procès.

Le 3 octobre 1980, à 18H40 (17h40 GMT), une forte explosion retentit à la synagogue de la rue Copernic dans l'ouest de Paris. Dix kilos d'explosif, dissimulés dans la sacoche d'une moto garée devant l'édifice, tuent quatre personnes et font une quarantaine de blessés.
Il s'agit alors du premier attentat mortel contre la communauté juive commis en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L'enquête, l'une des plus anciennes encore en cours à Paris, attribue l'attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe né d'une scission du FPLP, et les renseignements français identifient en 1999 Hassan Diab comme celui qui a confectionné l'engin explosif.
Extradé en novembre 2014 du Canada, où il était devenu professeur universitaire en sociologie, il est inculpé et écroué. Il clame son innocence.

Pour justifier sa demande d'un jugement, le parquet relève aujourd'hui plusieurs éléments à charge: "des notes de renseignement convergentes et réitérées", la ressemblance de Diab avec des portraits-robots, la découverte d'un passeport à son nom "avec des tampons attestant que son utilisateur a pénétré en Espagne à des dates "parfaitement compatibles avec la commission de l'attentat".
L'accusation met aussi en avant les comparaisons réalisées entre l'écriture de Diab et celle sur une fiche d'hôtel remplie par l'homme qui a acheté la moto, ou encore le témoignage d'un couple mettant en cause le suspect comme appartenant aux groupes palestiniens.

 

(Lire aussi : Attentat de la rue Copernic: appel à l'intervention de Justin Trudeau)

 

'Sérieux doutes'
Hassan Diab assure toutefois qu'il se trouvait à Beyrouth au moment de l'attentat pour passer ses examens à l'université. En janvier 2016, il a donné au juge d'instruction les noms de deux femmes ayant révisé les épreuves avec lui, qui ont corroboré sa version.
Son ex-épouse, Nawal Copty, a également affirmé qu'il était au Liban le 28 septembre 1980, cinq jours avant l'attentat. Or, à cette date, le détenteur du passeport au nom de Diab se trouvait déjà en Europe d'après les tampons.
Ces éléments avaient conduit le juge d'instruction à "sérieusement douter" qu'il "soit le poseur de la bombe". Il avait demandé à plusieurs reprises sa remise en liberté, avec assignation à résidence et port d'un bracelet électronique. Mais à chaque fois, le parquet de Paris avait fait immédiatement appel et la cour d'appel avait décidé de prolonger la détention.

Les doutes quant à la présence de Diab à Paris, tout comme les contre-expertises qui remettent en cause les premières analyses graphologiques, doivent faire l'objet "d'un examen par une juridiction de jugement", estime le ministère public.
"On a le sentiment que le parquet se sent un devoir envers et contre tout de ne pas soustraire aux parties civiles celui qui leur a été présenté à tort comme un suspect possible et ainsi de les priver d'un procès", ont réagi auprès de l'AFP les avocats d'Hassan Diab, William Bourdon, Apolline Cagnat et Amélie Lefebvre. "Nous attendons la seule décision qui s'impose, une décision de non-lieu", ont-ils ajouté.

David Père, avocat de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), partie civile dans l'affaire, souhaite qu'"un procès puisse se tenir dans les meilleurs délais".
Il appartient désormais aux juges d'instruction de décider d'un renvoi ou non devant la cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels.
"Si jamais les juges n'ordonnaient pas un tel procès, nous serions victimes d'une justice rendue au nom peuple du français et pourtant connivente avec les thèses fantaisistes d'un homme soupçonné d'acte de terrorisme", a déclaré de son côté David-Olivier Kaminski, avocat de la Licra (Ligue internationale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme).

 

Lire aussi

Attentat de la rue Copernic: refuser de libérer Diab est "absurde" (comité de soutien)

Attentat de la rue Copernic: la remise en liberté de Hassan Diab à nouveau annulée

Trente-sept ans après l'attentat qui avait fait quatre morts devant une synagogue à Paris, le ministère public français demande que soit jugé l'unique suspect, le Libano-Canadien Hassan Diab.
Le parquet de Paris a requis le renvoi du suspect de 64 ans devant une cour d'assises spéciale, seule habilitée à juger les crimes terroristes, estimant "les charges suffisantes", a appris mercredi...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut