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Moyen Orient et Monde - Conflit

Les séparatistes sud-yéménites sont dans l’impasse

Des combattants sudistes faisant le signe de la victoire après avoir libéré l’aéroport d’Aden en juillet 2015. Stringer/Reuters

La guerre yéménite a réveillé les tentations sécessionnistes dans le sud du pays. Depuis mars 2015, date du début de l'intervention saoudienne au Yémen, le risque de partition est venu se superposer aux autres enjeux d'un conflit à la double dimension locale et régionale.

Alors que le dernier soldat britannique quittait le territoire il y a 50 ans jour pour jour, et que s'ensuivait la création de la République populaire du Yémen du Sud – qui prit trois ans plus tard et jusqu'en 1990 le nom de République démocratique populaire du Yémen –, les indépendantistes semblent aujourd'hui dans l'impasse. Si les rêves de renouer avec l'État indépendant du Yémen du Sud ont ressuscité après l'annonce de la création du Conseil de transition du Sud en mai dernier, ceux-ci se sont rapidement envolés, du fait des divisions internes et des pressions extérieures.
'La déstabilisation du pays en proie aux violences depuis plus de deux ans a pourtant servi dans une large mesure les intérêts séparatistes. La guerre qui oppose les houthis, originaires du nord du pays, alliés à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, aux troupes gouvernementales fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par une coalition de pays sunnites menée par l'Arabie saoudite, a eu notamment pour effet de polariser le Nord et le Sud du pays.

L'offensive des houthis en mars 2015 vers Aden, capitale du Sud, a précipité le mouvement sécessionniste sudiste dans la guerre. La « libération d'Aden » en juillet 2015 a même été célébrée avec des drapeaux à étoile rouge de l'ancien Yémen du Sud souverain, et des promesses d'indépendance. La fuite au mois de février du président yéménite, originaire du Sud, avait déjà contribué à renforcer le ressentiment des sudistes.

Mais la situation s'est compliquée au cours de ces derniers mois, en raison de la guerre politique menée par le président Hadi, peu populaire dans le Sud du fait de sa position unioniste contre les mouvements indépendantistes. Ce dernier a écarté le 27 avril dernier le gouverneur Aidarous al-Zoubeidi, chef du mouvement séparatiste, avec qui il avait pourtant fait alliance. Cela a d'abord fait le jeu des séparatistes qui ont créé en mai dernier le Conseil de transition du Sud, pour permettre de faire un pas vers la partition. Mais six mois plus tard, cet organisme ne parvient pas à se substituer à l'État dans sa vocation d'administrer et de représenter les provinces du Sud. « Il s'agit d'une force politique importante, mais elle n'est pas non plus dominante », explique à L'Orient-Le Jour Charles Schmitz du Middle East Institute. Le Conseil de transition constitue plus un mouvement de contestation contre l'inefficacité du président yéménite à fournir des services d'État et la corruption, qu'une réelle force capable de mener le sud du Yémen vers l'indépendance. Et sa composition illustre parfaitement les profondes divisions du Sud, avec d'une part des salafistes et de l'autre des socialistes séculiers, qui se rattachent idéologiquement à l'ancien parti unique de la République populaire du Yémen du Sud, dissoute en 1990.

L'enlisement du conflit a favorisé la formation de différentes factions idéologiquement opposées au sein du même mouvement. « La guerre a transformé le Sud », décrypte Charles Schmitz. « Il y a des factions qui rejettent le gouvernement de Hadi et sont soutenues par les Émirats arabes unis (EAU), il y en a d'autres qui rejettent les Émirats et soutiennent Hadi. Et il existe entre elles une véritable compétition », ajoute-t-il. Si les sécessionnistes du Sud ont pu s'afficher unis dans le combat commun contre les houthis au début du conflit, l'unité apparaît désormais effritée, même si les combats continuent.

Certains groupes désirent proclamer aujourd'hui la souveraineté du territoire, d'autres préfèrent attendre la fin de la guerre, sans oublier les partisans d'un éventuel référendum.
Les alliés des indépendantistes se servent, quant à eux, du mouvement pour appliquer leur propre agenda. Les EAU, fer de lance de la coalition contre les houthis, semblent utiliser les mouvements sudistes pour se dégager une marge de manœuvre par rapport à Riyad dans le conflit. Les EAU, extrêmement rétifs à tous les mouvements islamistes, ont en effet mal accueilli le soutien des islamistes d'al-Islah, émanation des Frères musulmans, au président Abd Rabbo Mansour Hadi, encouragé par Riyad. Abou Dhabi n'a cependant pas reconnu officiellement la légitimité politique du Conseil de transition du Sud.

 

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