Des désastres du népotisme. Ivanka Trump, la fille du président américain, tentait en vain de travailler sur sa réputation mais elle et son époux, Jared Kushner, ont réalisé qu'il était chimérique de se faire aisément accepter à Washington DC. Même le président Donald Trump, en tant que père et beau-père, voudrait à présent les voir regagner New York où ils ont toujours vécu. Il a précisé qu'avoir autour de soi des membres de la famille « crée beaucoup de bruits ». Après les propos de son père, Ivanka a confié au Financial Times qu'elle allait continuer à travailler malgré ces « bruits ».
Elle et son époux, individuellement ou ensemble, ont donné au président des conseils qui se sont avéré erronés : ils l'ont poussé à prendre comme directeur de sa campagne électorale Paul Manafort (aujourd'hui en résidence forcée) et l'ont incité à congédier le directeur du FBI, James Comey, en charge des affaires russes. Généralement, Donald Trump souligne sur ce plan : « Je suis mon propre conseiller et mon propre stratège » et, en définitive, Ivanka est juste « my baby », pas plus. À table, raconte un proche, elle passe son temps à empêcher que les choses ne s'enveniment entre le président et son mari. Selon le journal électronique Politico, le président se plaint qu'Ivanka ait toujours mauvaise presse, lui disant « Baby, tu es en train d'être massacrée, c'est un mauvais deal ! » Le secrétaire d'État Rex Tillerson, qui a l'habitude de se référer au couple comme « famille royale », vient de refuser de faire accompagner Ivanka par n'importe quel officiel, de n'importe quel échelon du département d'État à la Conférence qui se tient actuellement en Inde, le Global Entrepreneurship Summit. Elle a aussi tenté, mais en vain, de jouer les cavaliers seuls : elle a déclaré au sujet de la candidature du républicain Roy Moore au Sénat (accusé de harcèlement sexuel sur une mineure) « qu'il y a une place en enfer pour Roy Moore ». Alors que son père défend Moore qui, au départ, était soutenu par Steve Bannon.
Même Abbas ignore ses appels téléphoniques
Jared Kushner se voit en train d'être dépouillé des nombreux dossiers (relevant du gouvernement fédéral) qui lui avait été confiés et il se retrouve, avec un seul, comme l'a confié au Washington Post un officiel de la Maison-Blanche qui souligne : « Le portfolio de Jared est le processus de paix israélo-palestinien et il doit respecter la ligne donnée. » Ces derniers jours, beaucoup de fuites, probablement orchestrées par la Maison-Blanche, ont dévoilé que le président le pressait de rentrer à New York. Dans ce contexte, on est en train de penser sauver la face du couple en nommant Ivanka ambassadrice des États-Unis aux Nations unies. Selon ce scénario, publié par le New York Times, « Mme Trump pourrait remplacer Nikki Haley, au cas où cette dernière remplacerait Rex Tillerson au poste de secrétaire d'État. »
Au début de l'administration Trump, personne n'osait contredire Jared, après qu'il a été chargé de responsabilités allant de la gouvernance à la technologie, avec un accent sur le processus de paix au Moyen-Orient. Maintenant, à cause de son rôle raté de conseiller, même le président palestinien Mahmoud Abbas refuse de répondre à ses appels téléphoniques. Et ceci malgré que Trump, de connivence avec Benjamin Netanyahu, est en train de concocter une initiative qui doit être annoncée en janvier prochain et qui est plus axée sur la confrontation avec l'Iran que l'établissement de la paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Sous le titre, « Ils vivent dans un monde de m. », la revue Vanity Fair a publié un article sur le bilan de l'échec de la première année à Washington des Kushner.
Plusieurs sources à Washington pensent que Jared est impliqué dans les démarches et les contacts illégaux avec la Russie. Comprendre ici que, par conséquent, Trump risque d'être lui aussi impliqué et donc, il ne désire plus le voir autour de lui dans la capitale fédérale. Le chef de cabinet de la Maison-Blanche, John Kelly, a coupé ce qui restait de ses ailes et lui a interdit n'importe quel contact direct avec le président, lui qui passait plus de six heures par jour au bureau Ovale. Kelly avait été furieux contre Jared qui s'était rendu en Arabie saoudite sans consulter le département d'Etat et qui s'était entretenu durant deux jours avec le prince héritier Mohammad ben Salmane. Et, dès son retour à Washington, avait débuté les arrestations des princes saoudiens. Ce qui a poussé Kelly et Tillerson à considérer que cette initiative avait embarrassé Washington qui apparaît comme ayant été informés à l'avance des plans de MBS et les ayant approuvés.
Si Jared et son épouse retournent à New York, ils doivent trouver immédiatement l'argent pour payer les dettes d'un mauvais deal, l'achat d'un gratte-ciel de luxe de 41 étages, sis au 666 de la Cinquième Avenue. Le couple l'avait acheté pour un milliard huit cents millions de dollars. En fait, il n'a payé que 500 millions de dollars. Le reste devant provenir d'investisseurs. Une faillite financière qui viendra s'ajouter à sa faillite politique dans la capitale des décisions.
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