Si les professionnels de l'immobilier se montrent rassurants quant aux performances du secteur durant l'année 2017, ils confient avoir baissé leurs prix pour s'adapter à une demande plus exigeante avant de pointer du doigt l'instabilité politique qui freinerait la confiance des investisseurs. Tel est le constat dressé par les participants à la conférence organisée, ces deux derniers jours, par le syndicat des agents et consultants immobiliers au Liban (REAL) au Phoenicia, à Beyrouth.
L'ensemble des intervenants a ainsi relevé un changement de la demande qui s'est davantage concentrée cette année sur les logements résidentiels de petites surfaces, principalement dans les périphéries de Beyrouth. « L'année 2017 a été relativement meilleure que 2016, grâce aux ventes de studios et de petites unités à une chambre à coucher. Avant, l'engouement pour les petites surfaces était surtout observé dans Beyrouth, mais il gagne désormais les périphéries de la capitale, car les prix y sont plus abordables », a indiqué à L'Orient-Le Jour le président du REAL, Walid Moussa.
« Il y a cinq ans, les surfaces de moins de 150 m² ne représentaient que 25 % des transactions immobilières, aujourd'hui elles représentent plus de la moitié du total des transactions », a confirmé Marwan Barakat, le directeur du département de recherche de Bank Audi. Ce dernier relève aussi l'évolution à la baisse de la part des transactions immobilières réalisées à Beyrouth. « Alors qu'en 2007, plus de 40 % de la valeur totale des transactions immobilières avaient été réalisées à Beyrouth, aujourd'hui cette part ne représente plus que 27 % du total », a-t-il dit. Il en est de même pour la part des permis de construire délivrés à Beyrouth, qui est passée de 18 à 6 % entre 2007 et 2017, a poursuivi M. Barakat.
(Pour mémoire: Baisse du nombre de permis de construire à fin septembre)
Baisse des prix
Pour s'adapter à ce nouveau type de demande, les professionnels de l'immobilier ont indiqué avoir baissé leurs prix de 20 à 25 % en 2017. « Les Libanais ont clairement perdu de leur pouvoir d'achat, malgré les politiques encourageantes de la Banque centrale (de prêts subventionnés, NDLR). On espère que le relèvement de la grille des salaires va favoriser l'achat de biens immobiliers par les fonctionnaires », a confié à L'Orient-Le Jour Maroun Hélou, président du syndicat des entrepreneurs de travaux publics. Par ailleurs, « certains promoteurs ont besoin de liquidité pour pouvoir continuer leurs projets et accordent donc des escomptes », a expliqué pour sa part M. Moussa. Mais cette baisse reste à relativiser, selon M. Barakat. « Si les prix ont bien baissé de 20 à 25 % par rapport à 2010, il faut rappeler qu'ils avaient augmenté de plus de 35 % entre 2006 et 2010 », a-t-il souligné.
Quant aux grands appartements de haut standing, « les opérations sont très limitées, car la confiance n'est pas au rendez-vous du fait de l'instabilité politique régnante », s'est désolé M. Hélou. « Les étrangers n'investissent plus au Liban, et même la diaspora libanaise n'est pas très intéressée », a également regretté M. Moussa. « Le secteur immobilier a déjà réussi à surmonter plusieurs crises politiques et économiques, mais la situation doit impérativement se stabiliser. La crise provoquée par la démission de Saad Hariri aurait pu avoir des conséquences catastrophiques, mais elle n'a heureusement pas duré », a-t-il poursuivi. « Les promoteurs attendent des jours meilleurs et ne baissent pas pour autant leurs prix, préférant miser sur la rareté des terrains dans Beyrouth », a commenté Élie Sawma, président de la Fédération des promoteurs immobiliers du Liban.
En vue d'inverser la tendance, les professionnels réunis à la conférence du REAL ont formulé une quinzaine de recommandations destinées aux pouvoirs publics. Certaines d'entre elles préconisent l'introduction de mesures incitatives pour stimuler le secteur de l'immobilier, notamment en exemptant les expatriés des droits d'enregistrement de leurs biens ou encore en permettant aux étrangers souhaitant acheter des biens d'une valeur supérieure à un million de dollars d'obtenir une résidence permanente au Liban. Les participants appellent également les autorités à moderniser le cadre législatif et fiscal encadrant le secteur, et demandent la tenue d'une séance de dialogue avec le ministère des Finances en vue de réexaminer les mesures fiscales spécifiques au secteur. Enfin, les professionnels insistent sur la nécessité des partenariats public-privé (PPP) dans le développement des infrastructures et le soutien à la croissance économique.
Pour mémoire
Légère contraction de la demande immobilière au troisième trimestre
La BDL encourage les expatriés à investir dans l'immobilier au Liban
commentaires (3)
Les gens ont peur d'acheter quand on entend Israel menaçait le Lban , ce n'est pas très rassurant
Eleni Caridopoulou
14 h 16, le 29 novembre 2017