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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le procès de l’opposant Ali Salmane cristallise les tensions à Bahreïn

Des manifestants tiennent des pancartes avec le visage de cheikh Ali Salmane, le leader du mouvement d'opposition chiite al-Wefaq, le 16 juin 2015. Reuters/Archives

Le cheikh Ali Salmane, principal chef du groupe d'opposition chiite à Bahreïn, qui vient de purger trois des neuf années de prison qui lui sont imposées, a refusé hier de se présenter devant la justice bahreïnie pour répondre des actes qui lui sont imputés. La prochaine audience a été fixée à mercredi.

Poussé à l'exil en 1995, condamné en juin 2015 à la peine qu'il effectue actuellement pour « incitation à la haine, acte troublant l'ordre public, incitation à enfreindre la loi et injure aux institutions publiques », l'ancien chef du mouvement politique d'opposition chiite al-Wefaq est accusé d'espionnage pour le compte du Qatar dans le but de porter atteinte aux intérêts nationaux. Une « intelligence avec le pays voisin » qui se serait traduite, selon le procureur général, par le fait d'avoir participé à des tentatives de renversement du régime et par la transmission d'informations confidentielles en échange d'importantes sommes d'argent. Âgé de 52 ans, le prévenu « a refusé d'assister à l'audience » marquant l'ouverture du procès devant la Haute Cour pénale, a indiqué, dans un communiqué, le procureur général de Bahreïn, sans autre explication.

 

(Lire aussi : Bahreïn: la FIDH demande la libération de son militant Nabil Rajab)

 

Ali Salmane avait été formellement inculpé le 1er novembre sur la base d'une conversation téléphonique, datant de 2011, entre l'opposant chiite bahreïni et l'ancien Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani. Un enregistrement de la conversation avait alors été diffusé par les autorités de Bahreïn qui avaient affirmé que le responsable du Qatar y montrait de la sympathie pour un mouvement de protestation contre le pouvoir qui était conduit par la formation al-Wefaq d'Ali Salmane. L'État gazier voisin, accusé de se rapprocher de l'Iran et de soutenir le terrorisme, subit depuis presque six mois le blocus de l'axe pro-Riayd avec qui toutes relations politiques et économiques ont été rompues.

Dans un pays où le pouvoir est entre les mains de la famille royale de Bahreïn, al-Khalifa, de confession sunnite, alors que le dernier recensement effectué en 2010 estime à près de 70 pour cent de la population le nombre de Bahreïnis de confession chiite, les tensions religieuses représentent un défi majeur pour l'équilibre du royaume. Depuis quelques années, les partis politiques chiites sont muselés et le semblant d'ouverture qu'avait concédé la dynastie sunnite au début des années 2000 a disparu. La fermeture et la saisie des biens du principal groupe d'opposition al-Wefaq en juillet 2016, dont Ali Salmane était le leader, a exacerbé le clivage et accentué les tensions religieuses. Première formation politique avec 18 sièges sur 40 disponibles à la Chambre des députés, le mouvement encourageait les réformes et soutenait celles entreprises.

 

(Lire aussi : Bahreïn : peine de prison de deux ans confirmée pour l'opposant Nabil Rajab)

 

Aujourd'hui, « l'opposition est affaiblie et se radicalise », explique à L'Orient-Le Jour Mehdi Lazar, docteur de l'université Panthéon-Sorbonne et spécialiste du monde arabe. « Elle est composée de groupes officiels mais aussi non officiels qui demandent le retrait du pouvoir de la famille régnante ». Des tensions existent entre ces deux tendances, concernant notamment les relations avec l'Iran, alors que le soutien de Téhéran semble aller vers les éléments les plus militants et les plus radicaux. Les événements récents, la multiplication des procès et des peines d'emprisonnement à l'encontre de hauts dignitaires chiites ces dernières années et l'exécution de trois jeunes de la communauté le 9 janvier dernier contribuent à tendre l'atmosphère politique bahreïnie. « Il y a un risque réel de mécontentement qui va se catalyser pendant ce procès », prévient Mehdi Lazar.

Ce type de procès n'est d'ailleurs pas rare à Manama où, en juin 2016, Issa Qassim, plus haut dignitaire chiite du pays, avait été déchu de sa nationalité pour avoir abusé de sa position au service d'intérêts étrangers. Sans réelles preuves tangibles, le jugement avait été contesté par la communauté chiite et donné lieu à un sit-in pacifique permanent dont la dispersion brutale par les autorités en mai dernier avait fait un mort et plusieurs blessés.

 

 

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