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À La Une - Tchétchénie

Le leader tchétchène Kadyrov dit être prêt à se retirer et... "à mourir pour Poutine"

Dans la perspective de la présidentielle russe de l'an prochain, Poutine n'a pas caché son intention de renouveler les classes dirigeantes de la fédération, ce qui peut inquiéter certains hommes politiques comme Kadyrov.

Ramzan Kadyrov, leader de la Tchétchénie, a annoncé qu'il serait prêt à se retirer. Archives AFP

Alors que Vladimir Poutine laissait entendre récemment, son intention de renouveler les classes dirigeantes de la fédération russe, le leader tchétchène Ramzan Kadyrov, 41 ans, a déclaré ce week-end être prêt à se retirer si on le lui demandait, a rapporté, dimanche, Bloomberg, citant l'agence Ria Novosti. Tout en assurant que le président russe est son idole...

"Il fut un temps où l'on avait besoin de personnes comme moi, pour combattre et ramener l'ordre", a déclaré, selon Ria Novosti, Ramzan Kadyrov qui avait été reconduit l'année dernière pour cinq ans à la tête de cette république du Caucase russe. Aujourd'hui, "l'ordre est rétabli", a-t-il encore déclaré dans une interview diffusée dimanche soir sur la télévision publique russe Rossiya 1.

Selon l'agence américaine Associated Press, M. Kadyrov aurait déclaré qu'il "rêve" de pouvoir se retirer, mais que la décision finale revient au Kremlin. Ce n'est pas la première fois que le leader tchétchène fait ce genre de déclarations, sans qu'elles soient suivies d'effet. "Ces déclarations publiques sont souvent considérées comme un jeu de pouvoir avec le Kremlin, afin d'obtenir plus de fonds et de privilèges pour la Tchétchénie", note AP.

"Je suis prêt à mourir pour lui, à obéir à tous ses ordres", a encore dit M. Kadyrov à la télévision publique russe.

 

Renouveler les classes dirigeantes

Les déclarations de Ramzan Kadyrov interviennent dans un contexte particulier. Dans la perspective de l'élection présidentielle russe de l'an prochain, Vladimir Poutine n'a, en effet, pas caché son intention de renouveler les classes dirigeantes de la fédération, ce qui peut inquiéter certains hommes politiques comme Kadyrov, au pouvoir depuis plus de dix ans.
L'émission de dimanche soir a d'ailleurs été pour le président tchétchène, qui se présente comme "le fantassin de Poutine", l'occasion de vanter son action et de renouveler son allégeance au Kremlin.
Lundi matin, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pris acte de ces bonnes intentions. "Ramzan continue d'être le président de la République (de Tchétchénie)", a-t-il dit.

 

Atteintes aux droits de l'homme
Ramzan Kadyrov avait été nommé en 2007 par Vladimir Poutine pour diriger la Tchétchénie. Celui qui a tenu d'une main de fer cette république du Caucase russe a été régulièrement accusé d'atteintes graves aux droits de l'homme.
L'une des plus récentes accusations portées contre lui concerne la vague de persécutions contre les homosexuels dans cette république. En avril 2017, M. Kadyrov avait démenti toute arrestation d'homosexuels. Son porte-parole avait de son côté estimé qu'il ne pouvait y avoir d'exactions contre les gays puisque ceux-ci "n'existent pas" en Tchétchénie.

Certains opposants l'ont, par ailleurs, accusé d'être impliqué dans l'assassinat de l'opposant Boris Nemtsov, abattu en 2015 au pied du Kremlin : les cinq suspects de ce meurtre sont originaires de Tchétchénie et d'Ingouchie, une république voisine, et le principal accusé est un ancien des forces spéciales tchétchènes.

En mars 2016, Igor Kaliapine, président de l'ONG Comité contre la torture, dont les membres venaient d'être passés à tabac en entrant en Tchétchénie, avait été agressé à Grozny. Le gouvernement russe était resté silencieux sur cette agression, qui avait suscité "l'indignation" du Conseil consultatif pour les droits de l'homme auprès du Kremlin. Mi-janvier, Ramzan Kadyrov avait proposé d'interner en hôpital psychiatrique des responsables de l'opposition et de médias indépendants. Et en février, il avait diffusé une vidéo dans laquelle il mettait virtuellement en joue le dirigeant du parti d'opposition russe Parnas, Mikhaïl Kassianov..

 

Culte de la personnalité

Placé en 2007 à la tête de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov a bénéficié de subventions quasi illimitées en échange d'une loyauté sans faille pour Vladimir Poutine, prêt à tout pour assurer la stabilité de cette république du Caucase russe qui a longtemps été la plus touchée de la région par une rébellion islamiste armée. Selon l'opposition russe, Ramzan Kadyrov a aussi mis en place, avec la bénédiction du Kremlin, un culte de sa personnalité et une armée de 30 000 hommes qui lui sont entièrement dévoués.

Entre 2010 et 2015, le nombre de personnes tuées dans des actes de terrorisme ou des combats entre islamistes et forces de l'ordre a chuté de 88 %, selon le site spécialisé Kavkazski Ouzel, qui attribue cette baisse à la politique sécuritaire de M. Kadyrov.

 

Ramzan Kadyrov et Vladimir Poutine au Kremlin, le 9 mai 2004 à Moscou, quelques heures après la mort de son père dans un attentat. VLADIMIR RODIONOV / AFP

 


En avril 2016, soit cinq mois avant l'élection d'un nouveau président tchétchène, Vladimir Poutine avait apporté son soutien à Kadyrov. Lors d'un entretien avec le leader tchétchène, M. Poutine avait néanmoins rappelé à ce dernier qu'il fallait qu'il "respecte la loi russe dans toutes les sphères", appelant à une plus "étroite coordination" entre les forces de l'ordre russes et tchétchènes.

Car Ramzan Kadyrov a parfois semblé vouloir prendre ses aises avec Moscou. En avril 2015, il avait ainsi appelé ses services de sécurité à "tirer à vue" sur des militaires russes menant des opérations en Tchétchénie sans son accord. Un épisode qui avait renforcé le mécontentement au sein des services de sécurité russes, certains craignant que la Tchétchénie n'échappe de facto au contrôle de Moscou, expliquait, en 2016 à l'AFP, l'analyste politique Alexeï Makarkine. "Les services de sécurité fédéraux tentent de faire en sorte que Kadyrov, qui est une exception parmi les dirigeants régionaux, dispose de moins de pouvoirs", confiait-il.

 

Pour mémoire

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"Il fut un temps où...

commentaires (2)

Merci Monsieur pour votre commentaire, l'erreur a été corrigée. Bien à vous

L'Orient-Le Jour

18 h 36, le 27 novembre 2017

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Commentaires (2)

  • Merci Monsieur pour votre commentaire, l'erreur a été corrigée. Bien à vous

    L'Orient-Le Jour

    18 h 36, le 27 novembre 2017

  • Merci de corriger la coquille au troisième paragraphe figurant sous le sous-titre "Renouveler les classes dirigeantes" en remplaçant le "PAROLE-parole du Kremlin" par le "PORTE-parole du Kremlin".

    Chorzow Factory

    18 h 13, le 27 novembre 2017

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